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AFC et la RCA : cap vers une nouvelle ère d’infrastructures et de financement durable

La République centrafricaine vient de franchir un cap décisif dans sa stratégie de développement. En rejoignant officiellement l’Africa Finance Corporation (AFC), la RCA s’ouvre à une nouvelle ère d’investissements structurants, porteurs de croissance et de transformation. Cette adhésion, saluée par les milieux financiers africains, marque l’entrée du pays dans le cercle des nations africaines prêtes à bâtir leurs infrastructures sur des bases plus solides et plus intégrées au marché continental.

Une adhésion stratégique pour relancer les infrastructures centrafricaines

En devenant le 46ᵉ État membre de l’AFC, la République centrafricaine accède à une plateforme continentale de financement dotée d’une expertise unique dans la structuration et la réalisation de projets complexes. L’AFC, créée en 2007 et basée à Lagos, se positionne comme l’un des piliers de la finance africaine de développement, aux côtés de la Banque africaine de développement (BAD) et du Fonds africain de garantie.

Pour un pays comme la RCA, où les infrastructures sont encore sous-développées après des décennies de crises politiques, cette adhésion représente un levier majeur. Routes, énergie, mines, eau, télécommunications : autant de chantiers prioritaires où l’appui de l’AFC pourrait transformer le paysage économique.

Selon le ministère centrafricain de l’Économie, l’objectif est clair : attirer des partenariats public-privé (PPP) dans des secteurs clés et accélérer la mise en œuvre de projets nationaux d’interconnexion régionale, notamment avec le Cameroun et le Congo-Brazzaville.

L’AFC, une puissance financière africaine en pleine expansion

L’Africa Finance Corporation n’est plus une institution émergente ; c’est aujourd’hui un acteur central du financement africain. En 2024, elle a dépassé le seuil symbolique du milliard de dollars de revenus, avec un bénéfice net record de 400 millions de dollars, en hausse de 22 %. Ces performances confirment la solidité de son modèle hybride, combinant financements souverains, instruments de dette et investissements directs.

À ce jour, l’AFC a investi plus de 13 milliards de dollars dans plus de 40 pays africains, dans des projets emblématiques tels que la centrale hydroélectrique de Singrobo en Côte d’Ivoire, le corridor routier Kinshasa–Brazzaville, ou encore des parcs solaires au Nigeria et au Tchad.

En intégrant la RCA, l’AFC consolide sa présence en Afrique centrale, une région au potentiel considérable mais encore faiblement interconnectée. Pour son président et directeur général, Samaila Zubairu, l’enjeu est d’« étendre les financements à des pays à fort besoin d’infrastructures, tout en garantissant des retombées sociales et environnementales mesurables ».

Un tournant pour la finance publique centrafricaine

L’adhésion à l’AFC ouvre également une fenêtre de crédibilité financière pour la RCA. Dans un contexte de réformes budgétaires et de stabilisation macroéconomique sous l’égide de la CEMAC et du FMI, Bangui envoie un signal fort : celui d’un retour à la confiance et à la coopération financière régionale.

L’AFC pourrait appuyer le pays dans la structuration de projets bancables, un défi majeur pour les économies fragiles. L’objectif est de passer du stade de l’étude d’intention à celui du financement effectif, en mobilisant des investisseurs privés, des fonds souverains africains et des institutions multilatérales.

En outre, l’AFC dispose d’un savoir-faire reconnu dans la conception de montages financiers mixtes, intégrant dette, capitaux propres et garanties, afin de sécuriser les projets dans les environnements à risque. Ce modèle est particulièrement adapté à la RCA, où la stabilité institutionnelle reste en construction mais où les besoins d’infrastructures sont immenses.

Un potentiel économique à valoriser

La République centrafricaine dispose d’un potentiel économique souvent sous-estimé. Avec une superficie de 623 000 km², un sous-sol riche en or, diamants et uranium, et un fort potentiel hydroélectrique, le pays possède des ressources capables de soutenir une croissance soutenue si elles sont exploitées dans un cadre structuré et transparent.

L’AFC pourrait ainsi contribuer à développer les infrastructures énergétiques, à renforcer les corridors logistiques régionaux, à moderniser les zones minières et à appuyer les projets d’électrification rurale. Ces interventions permettraient de stimuler l’activité privée et de réduire la dépendance de la RCA aux financements d’aide extérieure non productifs.

Une intégration régionale en marche

L’arrivée de la RCA dans l’écosystème de l’AFC s’inscrit aussi dans une dynamique d’intégration régionale. L’Afrique centrale, longtemps à la traîne des autres blocs économiques du continent, cherche à se repositionner. Après le Cameroun, le Congo et le Tchad, la RCA devient un maillon stratégique pour la connectivité régionale et la circulation des biens et services.

Ce partenariat pourrait également renforcer la coopération entre les banques centrales, les institutions financières régionales et les marchés des capitaux. À moyen terme, la présence de l’AFC pourrait encourager la création de véhicules d’investissement conjoints et de fonds spécialisés dans les infrastructures vertes, alignés sur les standards ESG.

Une vision à long terme : financer l’avenir africain

Au-delà de la République centrafricaine, cette adhésion illustre la montée en puissance d’une finance africaine souveraine. L’AFC défend une vision où les capitaux africains — estimés à plus de 4 000 milliards de dollars disponibles sur le continent — peuvent et doivent être mobilisés pour financer le développement de l’Afrique, sans dépendre exclusivement des marchés extérieurs.

Pour la RCA, cette intégration marque un retour dans la sphère économique africaine active, un signal fort de stabilité et d’ouverture. Si elle parvient à transformer cette opportunité en projets concrets, le pays pourrait amorcer un véritable tournant vers la croissance durable et inclusive.

Une nouvelle ère s’ouvre

En rejoignant l’AFC, la République centrafricaine ne se contente pas d’adhérer à une institution financière : elle s’arrime à une vision. Une vision africaine de l’investissement, fondée sur la confiance, la responsabilité et la transformation structurelle.

Dans un continent où la bataille des infrastructures conditionne la souveraineté économique, l’alliance AFC–RCA pourrait bien marquer le début d’une nouvelle ère — celle d’une Afrique qui finance et construit son propre avenir.

Patrick Tchounjo

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