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BIDC : Abidjan accueille le premier bureau régional de la Banque d’investissement de la CEDEAO

En choisissant Abidjan pour implanter son premier bureau régional, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) envoie un signal clair : l’heure est à la proximité avec les économies de la sous-région, au plus près des projets et des acteurs qui structurent la croissance ouest-africaine.

L’accord portant création de ce bureau a été signé le 12 mai 2025 entre le gouvernement ivoirien, représenté par le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, Léon Kacou Adom, et le président de la BIDC, Dr George Agyekum Donkor, en présence de la ministre de l’Économie, du Plan et du Développement, Nialé Kaba, gouverneure de la Banque pour la Côte d’Ivoire. L’inauguration officielle est programmée le 1er décembre 2025 à l’Hôtel Pullman, au Plateau, cœur du district financier d’Abidjan.

Pour l’institution basée à Lomé, il s’agit moins d’un geste symbolique que d’une étape structurante dans la mise en œuvre de son plan stratégique.

Un hub régional au service du plan stratégique de la BIDC

Ce premier bureau régional doit devenir un hub opérationnel pour la BIDC en Afrique de l’Ouest francophone. Il aura pour mission de rapprocher la Banque de ses partenaires publics et privés, de fluidifier le montage des projets et d’accélérer la mise en œuvre des financements, notamment dans les pays côtiers et de l’hinterland qui gravitent dans la sphère d’influence économique d’Abidjan.

L’objectif affiché est double. D’un côté, améliorer la lisibilité de l’offre de la BIDC auprès des États, des banques commerciales, des entreprises et des investisseurs institutionnels. De l’autre, renforcer la capacité de la Banque à identifier rapidement des projets « bancables » dans les secteurs qu’elle cible : infrastructures et services de base, développement rural et environnement, industrie, services sociaux et secteur privé.

Dans un environnement où les besoins de financement se chiffrent en dizaines de milliards de dollars, la BIDC parie sur la proximité pour gagner en réactivité, mieux comprendre les contraintes locales et co-construire des opérations avec les acteurs du terrain.

Abidjan, choix stratégique dans l’architecture financière ouest-africaine

Le choix de la Côte d’Ivoire n’a rien d’anodin. Première économie de l’UEMOA, place bancaire majeure, hub pour les sièges régionaux d’institutions financières internationales et de grands groupes, Abidjan est déjà l’un des centres névralgiques de la finance ouest-africaine.

En y installant son premier bureau régional, la BIDC se positionne au cœur d’un écosystème où convergent ministères, banques, assurances, gestionnaires d’actifs, fonds d’investissement et opérateurs privés. Ce positionnement doit lui permettre :

d’être plus accessible aux promoteurs de projets, qu’ils soient publics ou privés ;

de dialoguer plus étroitement avec les banques locales appelées à relayer ou cofinancer ses interventions

de renforcer son ancrage dans les chaînes de décision régionales, qu’il s’agisse de la CEDEAO, de l’UEMOA ou des plateformes sectorielles.

En filigrane, la BIDC cherche à affirmer sa place dans une architecture financière ouest-africaine en pleine recomposition, où se côtoient banques de développement sous-régionales (BOAD, BIDC), banques commerciales panafricaines, marchés de capitaux régionaux et nouveaux véhicules d’investissement.

Un outil de crédibilité pour la Banque… et pour les collectivités

L’ouverture de ce bureau régional vise aussi à renforcer la crédibilité et la visibilité de la BIDC. Longtemps perçue comme un bailleur discret, l’institution entend assumer davantage son rôle de bras financier de la CEDEAO en se montrant plus présente sur le terrain, plus lisible dans ses priorités et plus proactive dans le dialogue avec les États et les collectivités territoriales.

Pour ces dernières, la présence d’une équipe basée à Abidjan constitue une opportunité. Les projets d’infrastructures locales, de zones économiques, de transport urbain, d’énergie ou de développement rural peuvent être instruits avec un interlocuteur régional capable de combiner prêts, lignes de crédit, prises de participation ou ingénierie financière. Cette proximité est d’autant plus importante que les collectivités cherchent de plus en plus à diversifier leurs sources de financement, au-delà des seuls budgets nationaux.

Un pont entre banques commerciales et finance du développement

Sur le plan bancaire, le bureau d’Abidjan a vocation à devenir un interface privilégié entre la BIDC et les systèmes financiers nationaux. Les banques commerciales peuvent jouer un rôle clé comme cofinanceurs ou relais de la Banque, notamment via des lignes de crédit sectorielles, des accords de refinancement ou des montages syndiqués.

En renforçant sa présence en Côte d’Ivoire, la BIDC pourra mieux structurer des opérations qui combinent :

ses propres ressources de développement, mobilisées sur le long terme ;

des financements bancaires locaux à moyen terme ;

et, le cas échéant, des ressources complémentaires levées sur les marchés de capitaux régionaux.

Cette logique de blending (mélange de financements concessionnels et commerciaux) est au cœur des nouveaux montages nécessaires pour répondre à des projets de plus en plus complexes dans l’énergie, les transports, le numérique, l’agro-industrie ou la finance inclusive.

Une institution appelée à monter en puissance

Basée à Lomé, la BIDC est l’institution de financement du développement de la CEDEAO. Elle intervient via des prêts long, moyen et court terme, des lignes de crédit, des prises de participation, des accords de refinancement et des opérations d’ingénierie financière au service des secteurs public et privé.

L’ouverture d’un premier bureau régional marque une nouvelle phase de sa trajectoire : celle d’une Banque qui sort de son seul siège pour se doter d’ancrages physiques là où se fabrique une partie de la croissance de la sous-région.

Abidjan sera donc observée comme un laboratoire. Si ce bureau parvient à accélérer la mise en place de projets, à améliorer la qualité du dialogue avec les États, les banques et les opérateurs, et à accroître l’impact visible des interventions de la BIDC, il pourrait préfigurer une nouvelle carte régionale de la présence de la Banque, avec d’autres hubs à venir dans des zones stratégiques de la CEDEAO.

Patrick Tchounjo

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