Classement 2024 des banques camerounaises par transparence et bonne gouvernance

Contexte du secteur bancaire camerounais
Le Cameroun compte une vingtaine de banques en activité, incluant des banques commerciales privées (locales et filiales de groupes étrangers), des établissements publics de développement (ex. Crédit Foncier du Cameroun, Banque Camerounaise des PME) et d’importantes ex-microfinances récemment converties en banques (CCA-Bank, La Régionale, etc.). Toutes sont supervisées par la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) et la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). Depuis 2019, la réglementation exige la publication d’états financiers conformes aux normes IFRS pour les établissements faisant appel public à l’épargne, ce qui inclut les banques. La COBAC impose également le respect des normes prudentielles inspirées de Bâle II/III et des règles strictes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT). En 2021, le régulateur a d’ailleurs sanctionné 12 établissements de crédit en Afrique centrale (dont 9 au Cameroun) pour divers manquements graves, notamment en LCB-FT. Ces événements ont souligné l’importance de la bonne gouvernance et de la transparence dans le secteur bancaire camerounais.
Dans ce contexte, certaines banques se démarquent en 2024 par des pratiques exemplaires, tandis que d’autres accusent encore du retard. Nous avons évalué les banques camerounaises selon plusieurs critères de transparence et de bonne gouvernance :
- Publication financière transparente : mise à disposition régulière des états financiers annuels audités (par exemple sur le site web) et communication financière claire.
- Conformité réglementaire : respect des normes prudentielles COBAC et internationales (IFRS pour les comptes, ratios de solvabilité Bâle, règles de change BEAC, etc.) sans sanctions majeures récentes.
- Gouvernance d’entreprise : existence de structures de gouvernance saines (Conseil d’administration actif, comités d’audit et de risques, administrateurs indépendants, présence féminine au conseil, etc.) et stabilité managériale.
- Pratiques ESG et RSE : intégration de politiques Environnementales, Sociales et de Gouvernance (ESG) et transparence sur la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (rapports RSE, engagements publics envers la communauté et l’éthique).
- Réputation et éthique : absence de scandales financiers ou de controverses majeures (fraudes, blanchiment, sanctions réglementaires) et réputation positive en ligne ou dans les médias.
- Communication envers les parties prenantes : information du public sur les tarifs et conditions (transparence tarifaire), accessibilité de l’information (sites web à jour, rapports accessibles) et dialogue via les canaux officiels (communiqués, réseaux sociaux).
En nous basant sur ces critères et sur des sources fiables (rapports officiels, communiqués réglementaires et données publiques des banques), voici le classement 2024 des banques camerounaises les plus transparentes et les mieux gouvernées. Chaque banque listée est accompagnée d’une explication de sa performance en matière de bonne gouvernance.
Top 10 des banques camerounaises en 2024 (Transparence & Gouvernance)
1. Société Générale Cameroun (SGC)

Filiale du groupe Société Générale, SGC apparaît comme la banque la plus exemplaire du pays en 2024 sur nos critères. Elle publie régulièrement ses états financiers annuels conformes aux normes IFRS – son rapport annuel 2022 est disponible en ligne en toute transparence. Les exigences réglementaires de la COBAC sont strictement respectées, avec des ratios prudentiels solides et aucune sanction récente à son encontre. En matière de gouvernance, SGC bénéficie des standards élevés de sa maison-mère : un conseil d’administration actif (incluant des administrateurs indépendants et des représentants locaux) supervise la gestion, avec des comités spécialisés (audit, risques) alignés sur les meilleures pratiques. La présence de femmes aux postes de direction s’est accrue ces dernières années – la directrice générale nommée en 2022 est d’ailleurs une femme, signe d’une gouvernance inclusive.
SGC se distingue aussi par ses engagements RSE et ESG. La banque a adopté une politique de responsabilité sociale alignée sur celle du groupe Société Générale, articulée autour de piliers concrets (finance durable, inclusion financière, politiques RH favorisant la diversité, éco-responsabilité interne). Des initiatives locales (soutien à l’éducation, PME, etc.) et la conformité aux objectifs environnementaux du groupe lui ont valu une reconnaissance internationale – le groupe Société Générale a remporté en 2024 plusieurs prix de Global Finance pour la finance durable, reflétant l’implication de ses filiales africaines. Enfin, sa réputation est très positive : aucun scandale ou contentieux notable n’a entaché son image au Cameroun ces dernières années. La communication avec le public est soignée (site web riche en informations, présence active sur les réseaux sociaux, transparence tarifaire affichée). Tous ces éléments combinés placent Société Générale Cameroun en tête du classement en 2024 pour la transparence et la bonne gouvernance.
2. SCB Cameroun (Attijariwafa bank)

La Société Commerciale de Banque Cameroun (SCB), filiale du groupe marocain Attijariwafa Bank, occupe la deuxième place. SCB Cameroun affiche une gouvernance robuste marquée par un actionnariat mixte (Attijariwafa 51% et État camerounais 49% qui apporte à la fois l’expertise d’un grand groupe international et l’implication de l’État. Cette structure implique un conseil d’administration équilibré intégrant des administrateurs représentant l’État et des indépendants, avec des comités de contrôle interne conformément aux exigences COBAC. La banque respecte pleinement les normes prudentielles (capital social porté à 10 milliards FCFA conformément aux règles COBAC et les normes IFRS via son groupe. Elle publie ses résultats financiers annuellement aux actionnaires et a communiqué des chiffres 2022 très solides (bilan ~857 milliards FCFA, RN ~16,7 milliards), reflétant aussi sa bonne santé financière – élément de confiance pour les parties prenantes.
Sur le plan de la transparence, la SCB partage les informations clés sur son site web et via la presse économique locale. Aucune sanction disciplinaire récente ne l’a visée, signe d’un respect des obligations réglementaires. Côté RSE/ESG, la SCB bénéficie de la politique RSE du groupe Attijariwafa Bank, qui insiste sur l’éthique, la solidarité et le développement durable. La filiale camerounaise soutient par exemple des initiatives publiques et privées locales (comme des programmes pour l’entrepreneuriat des jeunes, la microfinance ou des actions sociales), conformément à sa mission de banque citoyenne. La réputation de SCB Cameroun est globalement positive, sans scandale connu. On peut noter qu’en 2021, elle ne faisait pas partie des banques sanctionnées par la COBAC, ce qui souligne son bon niveau de conformité. Sa communication est relativement proactive (site officiel, communiqués dans les médias lors d’initiatives majeures, etc.), bien que légèrement moins visible au grand public que celle de certaines banques occidentales. En résumé, SCB Cameroun allie la rigueur marocaine en gouvernance bancaire à la transparence attendue d’un acteur de premier plan au Cameroun, ce qui lui vaut la deuxième place.
3. BICEC (Banque Internationale du Cameroun pour l’Épargne et le Crédit)

La BICEC, anciennement filiale française passée sous le contrôle du groupe marocain BCP en 2019, se hisse en troisième position grâce à de nets progrès en gouvernance. Après une période troublée il y a quelques années (fraude interne détectée en 2016 sous l’ancien actionnaire), la gouvernance a été renforcée par le nouveau propriétaire Banque Centrale Populaire (BCP). Un nouveau Conseil d’administration a été mis en place, incluant des administrateurs nommés par BCP aux côtés de représentants camerounais (l’État camerounais et des investisseurs locaux conservent une part minoritaire). Des comités d’audit et de risques actifs, appuyés par les cabinets internationaux co-commissaires aux comptes (E&Y et Deloitte), assurent désormais un contrôle interne rigoureux. Sur le plan réglementaire, la BICEC est en conformité avec les normes IFRS et prudentielles – aucune sanction COBAC récente ne la concerne. Elle a même renoué avec une grande solidité financière : en 2022 son résultat net a triplé (+201%) pour atteindre 6,1 milliards FCFA, consolidant sa position dans le trio de tête des banques camerounaises en termes de performance. Son total de bilan (852,7 milliards FCFA fin 2022) et son portefeuille de crédits (720 milliards) la placent parmi les leaders du financement de l’économie.
En matière de transparence, la BICEC commence à publier davantage d’indicateurs clés. Si son rapport annuel complet n’est pas diffusé publiquement sur son site, la banque communique ses résultats dans la presse spécialisée et met en avant des chiffres clés sur son site officiel. L’arrivée de BCP s’est accompagnée d’une culture de reporting plus ouverte et d’une volonté de « redorer le blason » de la banque. Côté ESG, la BICEC a lancé des initiatives de soutien aux PME et au secteur agricole camerounais, contribuant au développement économique inclusif. Elle s’implique aussi dans des actions communautaires (parrainage d’événements éducatifs, etc.), bien que son rapport RSE ne soit pas encore publié de manière systématique. Sur le volet réputation, la BICEC jouit aujourd’hui d’une image assainie – le sérieux de son nouveau management et l’appui du groupe marocain sont souvent salués. Aucune controverse récente ne ternit son parcours depuis la reprise. La communication s’améliore également (site web rénové, présence dans les médias économiques). Grâce à ces améliorations nettes en transparence et en gouvernance, la BICEC retrouve sa place parmi les banques de référence au Cameroun.
4. Standard Chartered Bank Cameroon

Standard Chartered Bank (SCBC) est l’une des rares banques à capitaux britanniques en Afrique centrale, et bien qu’elle ait une envergure plus réduite sur le marché camerounais, elle brille par ses standards de gouvernance internationaux. En tant que filiale du groupe Standard Chartered, coté à Londres, SCBC est soumise à des exigences de conformité très élevées. La banque applique strictement les règles Bâle III, les contrôles anti-blanchiment et les normes IFRS dans ses reporting internes. Son conseil d’administration comprend des dirigeants expérimentés nommés par le groupe et des administrateurs locaux, assurant le respect des obligations légales camerounaises. Des comités d’audit et de risque opèrent selon les meilleures pratiques mondiales du groupe Standard Chartered. Sur le plan réglementaire local, SCBC n’a fait l’objet d’aucune sanction ou remarque de la COBAC ces dernières années, témoignant de sa conformité exemplaire.
En termes de transparence financière, Standard Chartered partage moins d’informations publiques que les banques de détail, en partie parce qu’elle opère surtout dans la banque d’investissement et le segment entreprises (peu de clientèle grand public). Néanmoins, ses indicateurs financiers clés sont intégrés dans les rapports globaux du groupe. La banque est notoirement solide et respecte tous les ratios prudentiels requis. Côté RSE, Standard Chartered Cameron participe à des actions locales de bienfaisance (santé, éducation) et suit la stratégie durable du groupe – par exemple en finançant de manière privilégiée des projets “verts” et en promouvant la diversité et l’inclusion dans son effectif. Sur le plan de la réputation, SCBC jouit d’une image très fiable dans le milieu des affaires : absence de litiges publics, une éthique de compliance reconnue et une stabilité dans son management. Sa communication publique demeure discrète (pas de campagne médiatique grand public), mais les partenaires et clients institutionnels sont tenus informés de ses offres et de l’évolution de la réglementation via des canaux dédiés. En 2024, malgré l’annonce d’un possible recentrage du groupe Standard Chartered dans le monde, la filiale camerounaise continue d’être un modèle de gouvernance pour le secteur, d’où sa place élevée dans ce classement.
5. Afriland First Bank

Afriland First Bank, première banque d’origine camerounaise et numéro 1 du pays par la taille de son bilan, figure logiquement dans ce classement grâce à son poids et à certains atouts en gouvernance, même si son niveau de transparence publique reste perfectible. Leader du marché avec environ 18,6% de parts de marché en 2024 (1 557 milliards FCFA de dépôts et 1 382 milliards de crédits injectés dans l’économie cette année-là), Afriland dispose d’une structure de gouvernance interne bien établie. Son Conseil d’administration est présidé par le fondateur du groupe, et comprend des administrateurs issus du secteur privé local, ce qui assure une bonne connaissance du contexte national. Des comités de crédit, d’audit interne et de conformité existent, conformément aux exigences COBAC pour les grandes banques. Sur le plan réglementaire, Afriland respecte les normes de fonds propres et de gestion des risques imposées par la COBAC – aucune mesure disciplinaire de la Commission bancaire n’a visé la banque elle-même (elle ne figurait pas parmi les établissements sanctionnés de 2021). Elle produit également des comptes consolidés selon le référentiel IFRS pour ses besoins internes et pour ses investisseurs institutionnels.
Cependant, du point de vue de la transparence vis-à-vis du public, Afriland est moins ouverte que ses concurrentes internationales. N’étant pas cotée, elle ne publie pas systématiquement de rapport annuel détaillé sur son site web. Elle communique essentiellement par des communiqués de presse ponctuels et des interviews de ses dirigeants, mettant en avant ses performances ou ses initiatives (par ex. accords avec la SFI pour financer les PME). Les données chiffrées d’Afriland sont souvent connues via les plateformes de la BEAC/COBAC (telles que CERBER, qui agrège les statistiques bancaires) ou via la presse économique quand la banque y consent. Cela lui a parfois valu des critiques sur son manque de transparence publique, malgré sa solidité. En gouvernance interne, si la banque est bien structurée, on peut noter qu’elle demeure très contrôlée par son principal actionnaire, ce qui peut limiter l’indépendance du conseil. Néanmoins, aucune affaire de mauvaise gestion locale n’a éclaté. Une polémique a touché une filiale du groupe en RD Congo en 2020 (accusations par des ONG de blanchiment lié à un client, démenties par Afriland), mais cela n’a pas directement affecté la filiale camerounaise.
Sur le plan ESG/RSE, Afriland mène plusieurs actions sociales au Cameroun, notamment via sa fondation et son implication dans la microfinance (réseau MC^2 de coopératives d’épargne). Elle promeut l’inclusion financière rurale et a été pionnière dans la finance islamique locale (produits alternatifs salués par une partie de la clientèle). Toutefois, la banque ne publie pas de rapport RSE formel. Côté réputation, Afriland jouit d’un fort capital confiance auprès de sa large clientèle et de l’establishment économique, en raison de sa taille et de son ancienneté. Quelques critiques subsistent sur son opacité relative, mais aucun scandale avéré n’entache son image au Cameroun. En somme, Afriland First Bank est un leader national dont la gouvernance interne solide et l’impact économique positif sont indéniables, mais qui gagnerait à plus de transparence publique pour atteindre le niveau d’excellence des meilleurs élèves du classement.
6. UBA Cameroun

United Bank for Africa (UBA) Cameroun, filiale du groupe bancaire nigérian UBA présent dans toute l’Afrique, se distingue par une amélioration continue de ses pratiques de gouvernance et de transparence, ce qui lui vaut la 6^e place. Ces dernières années, UBA Cameroun a renforcé sa publication d’informations financières : bien que non cotée localement, elle diffuse dans les médias ses résultats annuels clés et son bilan, et profite de la publication des comptes consolidés du groupe (coté à Lagos) pour rassurer sur sa solidité. La banque opère sous audit externe international et respecte les normes IFRS via son groupe. En 2021 et 2022, elle a affiché des croissances bénéficiaires notables, communiquées publiquement, sans faire l’objet de réserves des régulateurs. La COBAC ne lui a adressé aucun blâme ou sanction récente, témoignant de sa conformité réglementaire satisfaisante.
Côté gouvernance, UBA Cameroun applique un modèle standard du groupe UBA : un conseil d’administration local est en place, généralement présidé par une personnalité camerounaise, avec des administrateurs indépendants et des représentants du groupe nigérian. Des comités d’audit et de risques fonctionnent selon les politiques de groupe, assurant un contrôle interne efficace. UBA a également adopté des politiques strictes anti-corruption et LCB-FT pour l’ensemble de ses filiales, ce qui bénéficie à la filiale camerounaise. En ESG/RSE, UBA Cameroun s’aligne sur les initiatives de la Fondation UBA très active en Afrique : programmes d’entrepreneuriat des jeunes (concours de business plan), dons à des écoles et hôpitaux, et journées de volontariat (“UBA Day”). La banque communique sur ces actions, renforçant son image de banque citoyenne.
Au niveau de la réputation, UBA jouit d’une bonne image, dynamique et moderne, auprès de la clientèle urbaine. Pas de scandale local à déplorer : tout au plus, des rumeurs sectorielles en 2018-2019 sur des difficultés de trésorerie avaient circulé, vite dissipées par la démonstration de soutien du groupe et par la progression des dépôts. Son engagement dans le financement de projets structurants au Cameroun (énergie, infrastructures) a été remarqué positivement. En termes de communication, UBA Cameroun est assez proactive : présence notable sur les réseaux sociaux, campagnes marketing sur ses innovations (banque digitale, etc.) et mise en ligne de ses tarifs et conditions. En résumé, UBA Cameroun, soutenue par la puissance de son groupe panafricain, est en montée dans les standards de bonne gouvernance et de transparence, et s’affirme comme l’une des banques en vue du paysage camerounais en 2024.
7. Ecobank Cameroun

Ecobank Cameroun, filiale du géant panafricain Ecobank Transnational Incorporated (ETI) basé au Togo, occupe la 7^e place grâce à sa solidité régionale et ses efforts de conformité. Sur le plan de la transparence financière, Ecobank publie régulièrement les indicateurs majeurs de performance de sa filiale camerounaise via les rapports du groupe ETI (coté à la BRVM et à Lagos). Bien que la banque ne divulgue pas un rapport annuel dédié exclusivement au Cameroun, ses comptes sont intégrés dans le reporting global et la BEAC publie périodiquement des parts de marché qui confirment son poids (généralement dans le top 5 en dépôts/crédits). Ecobank Cameroun est auditée par un big-four et suit les normes IFRS. Elle a su maintenir des ratios prudentiels conformes et n’a pas subi de sanction de la COBAC, traduisant une conformité satisfaisante.
La gouvernance interne d’Ecobank Cameroun reflète le modèle panafricain : un conseil d’administration local existe, souvent présidé par une figure indépendante du pays, tandis que la direction générale est assurée par des professionnels souvent formés dans le groupe. La stabilité managériale a été observable ces dernières années, et la banque dispose de comités de crédit, risques et audit alignés sur les standards groupe (ETI ayant lui-même des actionnaires internationaux, la culture de contrôle interne est bien ancrée). En ESG/RSE, Ecobank mène chaque année une initiative appelée “Ecobank Day” dans tous les pays où elle opère, y compris au Cameroun, focalisée sur un thème social (santé, éducation, environnement) ; les employés participent à des actions locales (nettoyage de quartiers, dons de matériel médical, etc.), renforçant l’impact social de la banque. Ecobank finance également des PME locales et des projets verts, soutenant la transition énergétique quand cela est possible.
En termes de réputation, Ecobank Cameroun est perçue comme un acteur sérieux et innovant, misant beaucoup sur la digitalisation des services. La banque n’a pas connu de scandale public au Cameroun. On se souvient qu’au niveau groupe, des enjeux de gouvernance étaient apparus en 2014 (conflits au sommet d’ETI), mais ces problèmes ont été résolus et n’ont pas perturbé la filiale camerounaise. Localement, hormis quelques plaintes isolées de clients sur les réseaux sociaux (communes à toutes les grandes banques), rien de majeur n’a entaché son image. La communication vers le public est correcte : Ecobank Cameroun dispose d’un site web fonctionnel avec tarifs et brochures, et communique via la presse lors de lancements (par ex. introduction de son agence mobile Xpress Point). Elle pourrait toutefois rendre publics plus aisément ses résultats locaux pour gagner en transparence vis-à-vis du grand public. Néanmoins, Ecobank demeure un pilier du secteur bancaire camerounais avec des pratiques de gouvernance globalement alignées sur les attentes, justifiant sa place dans le top 10.
8. Commercial Bank – Cameroun (CBC)

La Commercial Bank of Cameroon (CBC) réalise en 2024 un retour remarquable au premier plan en termes de bonne gouvernance, ce qui lui vaut la 8e position. Il s’agit d’une banque à capitaux majoritairement camerounais qui a traversé une grave crise il y a une décennie (presque faillite en 2009, mise sous administration provisoire COBAC jusqu’en 2016). Depuis sa restructuration, CBC a profondément renouvelé sa gouvernance. Un nouveau Conseil d’administration indépendant a été nommé une fois la banque renflouée, avec M. Alfred Tiki comme PCA depuis 2016. La direction générale a également été stabilisée, sous la houlette de Léandre Djummo (DG), permettant de restaurer la confiance. Les organes de gestion (Conseil et Comité de direction) fonctionnent désormais normalement et en toute conformité. La banque a même reconduit l’audit par deux cabinets de renommée (EY et Deloitte) pour consolider la transparence de ses comptes.
En matière de publication financière, CBC est devenue l’une des banques camerounaises les plus transparentes : elle publie chaque année un rapport annuel détaillé. Son rapport 2022, par exemple, est disponible en ligne et présente non seulement les états financiers IFRS audités mais aussi un chapitre sur la gouvernance et les comités. La banque a affiché des performances en forte progression – en 2022, un résultat net d’environ 5,15 milliards FCFA, en croissance de +44%, et une hausse de 19% des fonds propres – signes d’une gestion saine et d’un respect des nouvelles normes de fonds propres. Fin 2022, CBC s’est hissée au 5^e rang du marché en volume de crédits (384 milliards FCFA) et 9e en dépôts (338 milliards), ce qui traduit son regain de compétitivité. La COBAC n’a émis aucune réserve depuis la fin de l’administration provisoire, ce qui confirme le redressement de sa conformité.
Sur le plan ESG/RSE, CBC commence à s’engager : la banque se positionne comme un partenaire des PME (elle a été primée par Ecomatin en 2023 comme meilleur soutien aux PME) et accompagne des initiatives locales de développement. Elle n’a pas encore de rapport RSE dédié, mais soutient par exemple des événements sportifs et culturels communautaires (la finale de la Coupe AFA 2024 a été sponsorisée par CBC, axée sur la fraternité inter-entreprises). La réputation de CBC est en net rétablissement : de banque en difficulté il y a 10 ans, elle est devenue un cas d’école de redressement réussi. Les clients et le public ont retrouvé confiance, aidés par la communication transparente de la banque. Effectivement, CBC fait preuve d’une communication proactive : son site web est régulièrement mis à jour, elle publie communiqués et résultats et n’hésite pas à se mesurer aux autres (participation aux classements sectoriels, interviews du top management dans la presse). Cet effort de transparence et la rigueur retrouvée de sa gouvernance valent à Commercial Bank – Cameroun d’être reconnue aujourd’hui parmi les banques les mieux gouvernées du pays.
9. BGFIBank Cameroun

BGFIBank Cameroun, filiale du groupe bancaire gabonais BGFI, figure en 9e position. Elle opère dans le pays depuis de longues années et a acquis une part de marché honorable, notamment sur le segment des entreprises. En termes de gouvernance, BGFIBank a entrepris récemment des améliorations, conscient que le groupe a été ébranlé par des scandales au Gabon il y a quelques années. La filiale camerounaise dispose d’un conseil d’administration localisé, avec la présence de cadres du groupe et de personnalités camerounaises. Un effort a été fait pour introduire davantage de contrôle interne : le comité d’audit local travaille en coordination avec l’audit groupe, et des procédures renforcées de conformité ont été mises en place. Sur le volet réglementaire, BGFIBank Cameroun s’est conformée à l’augmentation du capital minimum et affiche des ratios de solvabilité conformes. Aucune sanction directe de la COBAC n’a visé la banque lors des récentes vagues (elle n’était pas listée parmi les établissements sanctionnés en 2021), ce qui indique une situation satisfaisante quant aux obligations de base.
La transparence de BGFIBank Cameroun reste toutefois moyenne. La banque ne publie pas d’informations financières détaillées pour le grand public. Elle préfère communiquer de façon institutionnelle ou via la maison-mère. Néanmoins, ses indicateurs de performance sont connus : BGFIBank Cameroun se positionne parmi les top 3 pour le financement des PME en 2023, selon un classement Ecomatin basé sur les encours de crédits PME. Cela suggère une communication de ces données au média, et donc une certaine transparence vis-à-vis des analystes. Côté ESG, la filiale applique la politique RSE du groupe BGFI, centrée sur la qualité de service et le mécénat. Par exemple, BGFI organise régulièrement des campagnes de soutien social (dons pendant la pandémie, programmes d’éducation financière) dans ses pays d’implantation, Cameroun compris. Toutefois, compte tenu de l’ombre qu’ont jetée les révélations au Gabon (affaire des comptes de la famille Bongo), la banque a encore du chemin pour convaincre pleinement de l’étanchéité de sa gouvernance locale. Sur le plan de la réputation, BGFIBank Cameroun est perçue de manière contrastée : elle jouit d’une confiance auprès de sa clientèle d’affaires, mais souffre de l’image globale du groupe BGFI auprès du grand public informé. Aucun scandale propre au Cameroun n’a éclaté, mais le passif du groupe incite à la vigilance. En communication, elle demeure relativement discrète (peu présente sur les réseaux sociaux grand public, communication surtout corporative). Néanmoins, les réformes en cours au sein du groupe (charte d’éthique renforcée, changement de direction générale groupe en 2022) profitent à la filiale camerounaise. Celle-ci conserve une place dans le top 10 grâce à son respect des règles et aux améliorations notables de sa gouvernance, tout en devant poursuivre ses efforts de transparence pour rivaliser avec les meilleures.
10. Access Bank Cameroun

Access Bank Cameroun, filiale du grand groupe nigérian Access Bank depuis le rachat de Diamond Bank en 2019, clôt ce top 10. Encore de taille moyenne sur le marché camerounais, elle bénéficie néanmoins des standards de gouvernance d’un groupe international coté. Depuis son entrée, Access Bank a injecté des capitaux frais et mis en place une nouvelle équipe de direction. Le conseil d’administration local inclut des membres nommés par le siège nigérian et des administrateurs camerounais, assurant une supervision rapprochée. En conformité réglementaire, Access Bank Cameroun a immédiatement adopté les règles IFRS/Bâle via son groupe et respecté les exigences COBAC (le relèvement de capital requis a été effectué lors de la fusion). Aucune sanction ou blâme ne lui a été infligé par le régulateur depuis son arrivée, montrant une gestion prudente.
Côté transparence, comme la banque est en phase de croissance, sa communication financière publique reste limitée pour l’instant. Elle communique ses résultats majeurs via le groupe (Access Bank Plc publie ses comptes consolidés avec mention de ses filiales). Localement, elle s’efforce de soigner son image : le changement d’enseigne s’est fait de manière transparente pour les clients, avec une campagne d’information. La banque publie également la grille tarifaire réglementaire et a un site web local présentant ses offres. En RSE, Access Bank Plc est réputé pour des initiatives de développement durable (soutien aux femmes entrepreneures, microcrédit, écologie) et la filiale camerounaise commence à déployer ce genre de programmes à son échelle, par exemple des séminaires de formation de PME et du sponsoring d’activités communautaires.
La réputation d’Access Bank Cameroun est encore en construction : elle a hérité des clients de l’ex-Diamond Bank, banque qui avait une image correcte mais sans plus. En apportant la solidité d’un groupe plus grand, Access Bank a rassuré sur la pérennité de l’institution. Il n’y a pas eu de polémique la concernant au Cameroun. Sa taille relativement modeste l’expose moins aux critiques, et elle semble apprendre des leaders du marché pour améliorer ses propres pratiques. En communication, Access Bank est présente lors d’événements sectoriels (forums, etc.) et active sur des canaux modernes (applications mobile, services en ligne) qui démontrent son ambition de transparence vis-à-vis des clients. Pour atteindre les premiers rangs dans le futur, la banque devra toutefois accroître sa visibilité publique sur ses performances et consolider sa gouvernance locale (notamment en élargissant éventuellement son conseil à plus d’indépendants une fois qu’elle aura grandi). En 2024, elle mérite sa place dans le top 10 en tant qu’acteur émergent bien gouverné et prometteur du paysage bancaire camerounais.
Le secteur bancaire camerounais en 2024 présente un paysage contrasté. D’un côté, des banques leaders adoptent des pratiques de gouvernance proches des standards internationaux, avec transparence financière, contrôle interne strict et responsabilité sociale, ce qui rehausse l’ensemble du secteur. De l’autre, des établissements plus petits ou publics peinent à atteindre le même niveau, nécessitant poursuite des réformes et parfois un soutien des autorités (recapitalisations, refonte de la gouvernance). La COBAC et la BEAC jouent un rôle crucial en fixant le cadre (nouvelles réglementations de change, exigences de publication, agrément unique CEMAC en 2024, etc.) et en sanctionnant les écarts pour encourager une amélioration continue.
Ce classement 2024 met en évidence les leaders en matière de bonne gouvernance bancaire au Cameroun – à savoir les filiales de grands groupes internationaux (français, marocains, nigérians) et quelques institutions locales ayant opéré leur mue vers plus de transparence. Leur exemple illustre qu’une banque plus transparente et bien gouvernée inspire confiance aux clients, aux investisseurs et aux régulateurs, et qu’elle est mieux armée pour soutenir l’économie de manière durable. À l’avenir, l’espoir est de voir l’ensemble des banques camerounaises converger vers ces meilleures pratiques, consolidant ainsi la stabilité et la crédibilité du système financier national.