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BIDC : l’intelligence artificielle et l’innovation, nouveaux leviers d’une croissance inclusive en Afrique

Le président de la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC), Dr George Agyekum Donkor, a livré un plaidoyer visionnaire lors du Rebranding Africa Forum 2025 autour d’un thème au cœur de l’actualité mondiale : « L’intelligence artificielle, moteur du développement durable et inclusif en Afrique ». Son message était clair : pour accélérer la transformation économique du continent, l’Afrique doit s’approprier l’intelligence artificielle et l’innovation, non comme des concepts importés, mais comme des instruments stratégiques adaptés à ses réalités.

Dans un contexte mondial où la technologie redessine les modèles de production, de finance et de gouvernance, le dirigeant de la BIDC a appelé à une mobilisation collective pour faire de l’IA un catalyseur de croissance inclusive. Selon lui, « l’Afrique ne doit pas être un simple utilisateur de technologies étrangères, mais un acteur créatif de sa propre révolution numérique ». Cette déclaration, saluée par un auditoire de décideurs politiques, de banquiers, d’entrepreneurs et de chercheurs réunis à Bruxelles, traduit la volonté d’une institution régionale de repositionner la finance du développement au service de l’innovation.

Dr Donkor a rappelé que la BIDC, bras financier de la CEDEAO, soutient déjà des projets technologiques à fort impact dans les domaines de l’énergie propre, de la santé numérique, de l’agriculture intelligente et de la finance inclusive. L’objectif est de bâtir un écosystème où la technologie devient un levier d’équité, de productivité et de création d’emplois qualifiés. Il a insisté sur la nécessité d’investir dans la formation en intelligence artificielle, la création de centres d’innovation régionaux et la mise en réseau des start-ups africaines, afin de combler le déficit de compétences et de renforcer la souveraineté technologique du continent.

Cette vision intervient à un moment crucial pour l’Afrique de l’Ouest, confrontée à des défis multiples : une croissance démographique rapide, un chômage des jeunes endémique et une dépendance persistante vis-à-vis des matières premières. Pour Dr Donkor, la technologie et l’innovation représentent une voie concrète vers une croissance plus résiliente et inclusive. En intégrant l’intelligence artificielle dans les secteurs stratégiques comme l’agriculture, la logistique, la santé et l’éducation, l’Afrique pourrait transformer son modèle économique et renforcer sa compétitivité mondiale.

Le président de la BIDC a également mis en garde contre les risques associés à cette transition technologique. Il a souligné l’importance d’une gouvernance éthique de l’IA, d’une réglementation adaptée et de la protection des données africaines. Sans un cadre solide, l’Afrique risquerait de reproduire les inégalités technologiques observées ailleurs, avec des marchés dominés par des acteurs étrangers. « La souveraineté numérique n’est pas une option, c’est une condition de la liberté économique », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité pour les États de mettre en place des politiques publiques cohérentes pour soutenir l’innovation locale.

Au-delà du discours, l’intervention de la BIDC au Rebranding Africa Forum 2025 s’inscrit dans une dynamique de repositionnement stratégique. L’institution veut devenir un catalyseur du financement de l’innovation dans la sous-région. Elle entend mobiliser des fonds auprès de partenaires multilatéraux pour créer des instruments de financement dédiés aux start-ups, aux fintechs et aux jeunes entrepreneurs. En soutenant la montée en puissance d’une économie numérique inclusive, la BIDC espère contribuer à réduire la pauvreté et à favoriser une meilleure intégration régionale.

L’édition 2025 du Rebranding Africa Forum a réuni plusieurs leaders économiques et institutionnels africains autour d’un consensus : l’intelligence artificielle doit être pensée comme un bien commun. Elle peut stimuler la croissance, optimiser la gouvernance et renforcer la transparence, mais elle exige des investissements massifs en éducation, en infrastructures numériques et en régulation. Le débat a souligné que l’Afrique ne part pas de zéro : des hubs technologiques émergent déjà à Lagos, Accra, Nairobi et Dakar, et des initiatives publiques comme celles de la BIDC contribuent à structurer un écosystème de confiance.

En plaçant l’intelligence artificielle au cœur de sa stratégie, la BIDC envoie un signal fort : la finance du développement ne doit plus se limiter aux infrastructures traditionnelles. Elle doit désormais investir dans les infrastructures cognitives, celles qui bâtissent la connaissance, l’innovation et la compétitivité. Cette vision marque une évolution profonde dans le discours économique ouest-africain : la croissance de demain ne se mesurera plus seulement en points de PIB, mais en capacité à maîtriser la technologie.

Patrick Tchounjo

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