Afrique–Chine : Ecobank et Bank of China veulent fluidifier un corridor commercial devenu stratégique

Le groupe Ecobank et Bank of China (Mauritius) Limited ont franchi une nouvelle étape dans leur coopération en signant, le lundi 12 décembre 2025, un mémorandum d’entente destiné à renforcer les échanges commerciaux et financiers entre l’Afrique et la Chine. L’accord vise à approfondir la collaboration entre les deux institutions dans le financement du commerce, les paiements transfrontaliers et les services financiers, avec une attention particulière portée aux transactions en yuan renminbi.
Ce protocole s’inscrit dans la continuité d’un partenariat initié dès 2010 entre Ecobank et la Banque de Chine. Il intervient après un dialogue renouvelé au cours de l’année, marqué notamment par une récente visite de dirigeants du groupe panafricain au siège de Bank of China. Plus qu’un simple rappel d’intentions, l’accord traduit une volonté commune d’adapter les outils bancaires à la réalité d’un commerce sino-africain en forte expansion.
Le renminbi au cœur de la nouvelle dynamique
L’un des axes majeurs du mémorandum porte sur le développement de solutions de paiements et de financement libellées en renminbi, la monnaie officielle chinoise. Pour les entreprises africaines et chinoises, l’objectif est clair : disposer de mécanismes de règlement plus rapides, plus sécurisés et mieux adaptés aux flux commerciaux réels, dans un contexte où les contraintes de change et les coûts de transaction demeurent élevés.
Pour Ecobank, présent dans plus de 30 pays africains, l’enjeu est de capter une part croissante des flux liés au commerce avec la Chine, tout en accompagnant ses clients dans la diversification de leurs instruments de paiement. Pour Bank of China, il s’agit de consolider la place du renminbi dans les échanges internationaux, en s’appuyant sur un réseau bancaire africain solidement implanté.
Au-delà des paiements, des investissements structurants
L’accord prévoit également un partage d’expertises techniques et opérationnelles entre les deux institutions. Des projets communs sont envisagés, notamment dans la structuration de prêts syndiqués et d’instruments financiers destinés à soutenir des investissements impliquant des entreprises chinoises en Afrique. Ces dispositifs pourraient concerner des secteurs clés tels que les infrastructures, l’énergie, la logistique ou l’industrie.
« Ce partenariat renouvelé avec Bank of China contribuera à générer des résultats concrets en matière de financement du commerce, de paiements et de solutions en renminbi. Nous nous réjouissons d’intégrer cette coopération à l’ensemble de notre réseau afin de mieux servir nos clients et de renforcer le corridor économique Chine–Afrique », a déclaré Jeremy Awori, directeur général du groupe Ecobank.
Un commerce sino-africain en pleine accélération
La signature de ce mémorandum intervient dans un contexte de forte intensification des relations économiques entre l’Afrique et la Chine. Selon les données de l’Administration générale des douanes de Chine, le commerce bilatéral a dépassé pour la première fois les 300 milliards de dollars, atteignant environ 314,4 milliards de dollars sur les onze premiers mois de l’année, en hausse de 17,8 % en glissement annuel.
Les exportations chinoises vers l’Afrique ont progressé de plus de 26 %, tandis que les importations en provenance du continent ont augmenté d’environ 5 %. Un déséquilibre qui renforce le besoin de solutions bancaires capables de sécuriser, financer et fluidifier les échanges.
Dans ce contexte, le rapprochement entre Ecobank et Bank of China illustre une tendance de fond : les banques deviennent des acteurs clés de la structuration des grands corridors économiques, bien au-delà de leur rôle traditionnel d’intermédiation. Reste désormais à transformer cette coopération en solutions concrètes pour les entreprises africaines, notamment les PME, qui constituent le cœur du tissu économique du continent.
Patrick Tchounjo