Access Bank : une expansion rapide dans l’UEMOA et la CEMAC

Le paysage bancaire africain est en pleine recomposition, marqué par une consolidation des acteurs régionaux et une montée en puissance des groupes nigérians. Parmi eux, Access Bank s’impose comme l’un des protagonistes les plus dynamiques, multipliant les implantations dans l’espace francophone. Son offensive dans l’UEMOA et la CEMAC illustre une stratégie pensée pour capter des marchés encore en forte croissance, tout en consolidant son statut de groupe panafricain majeur.
Depuis quelques années, Access Bank s’appuie sur une logique de croissance externe. Le groupe a racheté plusieurs filiales de banques internationales, profitant du désengagement d’acteurs comme Standard Chartered dans certains pays africains. Cette stratégie lui a permis de pénétrer des marchés clés tels que la Guinée, le Cameroun et la Sierra Leone, tout en se positionnant en Côte d’Ivoire, hub économique incontournable de l’UEMOA.
La trajectoire d’Access Bank repose sur deux piliers : la taille critique et la digitalisation des services. En misant sur la fusion et l’acquisition, la banque bénéficie rapidement d’une base de clientèle élargie et d’une expertise locale. Mais c’est surtout son orientation vers la finance digitale – mobile banking, paiements électroniques, solutions pour les PME – qui constitue un facteur différenciant. Dans des régions où les taux de bancarisation restent inférieurs à 25 %, la promesse de l’innovation numérique lui permet de combler le fossé entre les services bancaires traditionnels et les besoins des populations.
Dans l’UEMOA, l’enjeu est clair : accompagner la croissance économique de marchés en expansion, à l’image de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. En Afrique centrale, l’ambition est plus stratégique : s’implanter dans des économies à fort potentiel mais encore dominées par un nombre restreint d’acteurs, comme le Cameroun et le Gabon. Cette double dynamique offre à Access Bank l’opportunité de diversifier ses revenus et de renforcer sa résilience face aux aléas conjoncturels.
Toutefois, cette expansion n’est pas exempte de défis. L’intégration culturelle et opérationnelle des nouvelles filiales, la concurrence des groupes marocains (Attijariwafa Bank, BCP) et l’exigence réglementaire des banques centrales régionales (BCEAO, BEAC) constituent des points de vigilance. La réussite d’Access Bank dépendra de sa capacité à conjuguer croissance rapide et gouvernance solide, tout en maintenant une qualité de service compétitive.
En s’imposant progressivement dans l’espace francophone, Access Bank traduit une réalité : le centre de gravité de la finance africaine se déplace vers des groupes panafricains capables d’articuler stratégie régionale et innovation. Pour les économies de l’UEMOA et de la CEMAC, l’arrivée de ces nouveaux acteurs pourrait accélérer l’inclusion financière et renforcer la concurrence, au bénéfice des entreprises et des ménages.
Patrick Tchounjo



