Afrique francophone : la transition verte ouvre la voie au financement durable

La transition énergétique et la lutte contre le changement climatique s’imposent comme des priorités pour les économies d’Afrique francophone. Face aux sécheresses, à la déforestation et aux besoins croissants en énergie, les États et les institutions financières se tournent de plus en plus vers des mécanismes de financement durable. Les banques locales, les marchés financiers régionaux et les bailleurs internationaux cherchent à mobiliser des capitaux pour accélérer la transition verte tout en soutenant la croissance.
En UEMOA, la BRVM a vu apparaître les premiers green bonds, notamment pour financer des projets d’énergies renouvelables et d’infrastructures durables. En CEMAC, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) a annoncé plusieurs initiatives en faveur de projets verts, dans les domaines de l’hydroélectricité et du transport propre. Ces instruments financiers, encore modestes, traduisent cependant un intérêt croissant pour des solutions alignées sur les normes ESG.
Les banques commerciales commencent elles aussi à s’adapter. Plusieurs établissements intègrent désormais des critères environnementaux et sociaux dans l’évaluation des projets, notamment dans l’agriculture durable et l’efficacité énergétique. Cette évolution répond à la fois aux exigences des régulateurs, aux attentes des investisseurs internationaux et à une demande sociétale plus forte de transparence et de responsabilité.
Toutefois, les défis restent considérables. Le marché du financement vert demeure encore peu profond, avec des émissions limitées et un manque de produits adaptés. La faiblesse des capacités techniques, le déficit de données fiables et la difficulté à structurer des projets bancables freinent l’essor de ce segment. De plus, la rentabilité à court terme reste un obstacle pour des banques qui doivent concilier prudence financière et innovation.
La transition verte en Afrique francophone ne se résume pas à un simple impératif environnemental. Elle constitue aussi une opportunité économique. Les experts estiment que la région pourrait mobiliser plusieurs milliards de dollars dans les dix prochaines années à travers des partenariats public-privé, des fonds climatiques internationaux et des innovations comme la finance carbone.
La réussite dépendra de la capacité des régulateurs à créer un cadre incitatif, des banques à développer des produits innovants et des entreprises à concevoir des projets crédibles. Si ces conditions sont réunies, la transition verte pourrait transformer le paysage financier de l’UEMOA et de la CEMAC, en faisant du financement durable un moteur central de croissance et d’intégration régionale.
Patrick Tchounjo



