BIDC : 65 milliards FCFA pour stimuler les infrastructures et le commerce régional en Afrique de l’Ouest

La Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) a franchi un nouveau cap stratégique. Lors de sa 85ᵉ session ordinaire tenue à Lomé, le Conseil d’Administration a approuvé une enveloppe de 65 milliards FCFA pour financer des projets d’infrastructures et renforcer le commerce dans l’espace ouest-africain. Cette décision illustre l’ambition de la BIDC d’accroître son rôle dans l’intégration régionale, à travers des financements ciblés sur des secteurs à fort effet multiplicateur.
Une large part de ce financement est destinée au Sénégal, où deux projets structurants ont retenu l’attention des administrateurs. Le premier, évalué à 50 milliards FCFA, porte sur le développement des infrastructures dans le district IV de Diamniadio, une zone stratégique appelée à devenir un hub économique et logistique d’envergure régionale. Le second, doté de 15 milliards FCFA, concerne le tronçon Tivaouane-Mékhe de l’autoroute Dakar-Tivaouane-Saint-Louis, un axe routier de près de 200 kilomètres conçu pour désenclaver des zones à fort potentiel agricole et améliorer la fluidité des échanges commerciaux.
Cette allocation illustre une volonté claire : la BIDC entend s’affirmer comme un catalyseur de projets à forte valeur ajoutée, capables de transformer les économies locales et de stimuler l’intégration régionale. Le choix d’investir dans les infrastructures et le commerce est révélateur d’une stratégie où la connectivité, la logistique et la compétitivité industrielle apparaissent comme des leviers essentiels pour l’avenir économique de la CEDEAO.
L’impact attendu de ces projets dépasse la simple construction d’infrastructures. Les retombées portent sur l’amélioration de la mobilité des biens et des personnes, la réduction des coûts logistiques, la création d’emplois directs et indirects, ainsi que la stimulation des investissements privés. Dans un contexte où les besoins en financement des infrastructures sont estimés à plusieurs dizaines de milliards de dollars par an en Afrique de l’Ouest, les 65 milliards FCFA mobilisés représentent certes une goutte d’eau, mais une goutte stratégique capable de générer un effet d’entraînement.
Cependant, des défis demeurent. La réussite dépendra de la capacité des États bénéficiaires à assurer une gouvernance efficace, à maintenir la transparence dans l’exécution des projets et à créer un cadre propice aux cofinancements privés. La BIDC est attendue sur sa faculté à structurer des montages financiers innovants, notamment via les partenariats public-privé, afin de maximiser l’effet de levier de ses interventions.
Au niveau régional, cette décision confirme la montée en puissance de la BIDC dans le paysage financier ouest-africain. L’institution s’impose progressivement comme un acteur clé de la compétitivité régionale, aux côtés de la BOAD en UEMOA, mais avec une identité propre centrée sur l’accompagnement des projets d’intégration économique.
En validant cette enveloppe de 65 milliards FCFA, la BIDC envoie un signal fort. L’Afrique de l’Ouest, confrontée à des défis de croissance démographique et de transformation structurelle, mise désormais sur des infrastructures régionales et sur le commerce comme piliers de son développement. Derrière les chiffres se dessine une stratégie claire : bâtir une CEDEAO plus connectée, compétitive et résiliente, capable de s’imposer comme un espace économique intégré dans le paysage africain et mondial.
Patrick Tchounjo



