BIDC–BEAC : la finance régionale au service de l’éducation agricole et de l’électrification rurale en Guinée

La Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) et le Gouvernement de la République de Guinée ont franchi un nouveau cap dans leur coopération pour le développement durable. Ce 10 novembre 2025, à Conakry, les deux parties ont signé deux accords de prêt d’un montant global de 123,5 millions d’euros, destinés à moderniser l’enseignement agricole et à accélérer l’électrification rurale à travers le pays.
Cet engagement, salué par les autorités guinéennes, illustre la volonté de la BIDC de transformer les économies ouest-africaines par le financement de projets à fort impact social, tout en s’appuyant sur la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) et les institutions régionales pour assurer la stabilité monétaire et la bonne gouvernance financière du secteur.

Un financement stratégique pour l’éducation agricole et l’autonomie énergétique
Le premier prêt, d’un montant de 28,28 millions d’euros, est destiné à la modernisation de quatre lycées agricoles répartis dans les quatre régions naturelles de la Guinée. Ce projet vise à doter les jeunes d’outils techniques et entrepreneuriaux adaptés aux nouveaux défis de l’agro-industrie, tout en soutenant la sécurité alimentaire et la croissance du secteur agricole, pilier essentiel du PIB guinéen.
Le second volet, évalué à 95,16 millions d’euros, porte sur la construction de trois microcentrales hydroélectriques totalisant 27,6 MW dans le bassin du fleuve Sénégal, précisément dans les préfectures de Mamou et Dalaba. Ces infrastructures permettront d’étendre le réseau électrique national, de dynamiser les activités économiques rurales et d’améliorer les conditions de vie des populations isolées.
Ce double projet s’intègre dans la Vision Simandou 2040, plan national de développement de la Guinée, et dans les objectifs régionaux de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), en conjuguant croissance économique, durabilité environnementale et inclusion sociale.
La BEAC, garante de la stabilité financière et partenaire de confiance
Si la BIDC porte la dynamique d’investissement, la BEAC demeure l’un des pivots de la régulation monétaire et financière de la sous-région. À travers ses mécanismes de surveillance prudentielle, la Banque centrale veille à ce que les flux financiers issus de projets multilatéraux comme ceux de la BIDC s’intègrent dans un cadre macroéconomique stable et transparent.
Le rôle de la BEAC dans la coordination monétaire régionale est d’autant plus crucial que la mobilisation des capitaux pour les infrastructures vertes repose sur un équilibre entre liquidité, solvabilité et soutenabilité de la dette. En accompagnant la BIDC dans la structuration de ces opérations, la BEAC renforce la crédibilité du système financier ouest-africain et contribue à la consolidation d’une finance régionale responsable, capable de financer à la fois l’éducation, l’énergie et le développement local.
Ainsi, la convergence entre la BEAC et la BIDC illustre une coopération institutionnelle efficace, où la stabilité monétaire sert de socle à la croissance inclusive.

Un signal fort pour la gouvernance et la confiance des investisseurs
Lors de la cérémonie de signature, Dr George Agyekum Donkor, président de la BIDC, a déclaré :
« En investissant dans l’enseignement agricole, la Banque donne les moyens d’agir à la prochaine génération de dirigeants et d’entrepreneurs guinéens. Parallèlement, cet investissement dans les infrastructures d’énergie propre améliore la qualité de vie des communautés isolées. »
Pour sa part, Mourana Soumah, ministre guinéen de l’Économie et des Finances, a salué un signal fort de confiance envers la gouvernance économique du pays. Selon lui, l’énergie et l’agriculture sont « deux secteurs stratégiques pour notre développement », capables de générer un impact durable sur la productivité et l’emploi.
Ismael Nabé, ministre du Plan et de la Coopération internationale, et gouverneur de la BIDC pour la Guinée, a ajouté que ce financement « traduit la profonde confiance des partenaires régionaux et internationaux dans la stabilité macroéconomique du pays et son engagement envers la transparence budgétaire ».
Un levier régional pour une transformation durable
Ces accords interviennent dans un contexte de regain de confiance des bailleurs de fonds envers la Guinée. Ils s’ajoutent à un protocole d’accord global de 665 millions USD signé entre la BIDC et le gouvernement guinéen pour soutenir cinq projets structurants dans les secteurs de l’énergie, des transports, des infrastructures et de la santé.
Ce nouvel engagement traduit la vision de la BIDC d’une Afrique de l’Ouest autonome, intégrée et résiliente, capable de mobiliser ses propres ressources au service du développement humain. Dans ce cadre, la BEAC apparaît non seulement comme un acteur de la discipline macroéconomique, mais aussi comme un partenaire stratégique de la finance régionale durable, garantissant que chaque euro investi contribue à un développement équilibré et responsable.

Vers une économie guinéenne durable et inclusive
En liant éducation, agriculture et énergie propre, la BIDC et la BEAC participent à poser les fondations d’une économie guinéenne moderne, où la jeunesse formée, l’accès à l’électricité et la productivité agricole deviennent les nouveaux leviers de croissance.
L’Afrique de l’Ouest démontre une fois de plus que le développement durable n’est pas qu’une ambition, mais une stratégie régionale concertée, soutenue par des institutions crédibles et ancrées dans la réalité du continent.
Patrick Tchounjo



