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Cameroun : Afriland First Bank aligne 50 milliards FCFA sur la levée de fonds souveraine de 238 milliards

Dans un contexte de besoins croissants de financement pour les infrastructures et les politiques publiques, l’État du Cameroun continue de s’appuyer sur son marché bancaire domestique. Dernier signal fort en date : l’opération de levée de fonds de 238 milliards FCFA, structurée avec la garantie d’Afreximbank, à laquelle Afriland First Bank s’est distinguée par une contribution de premier plan.

Leader du marché bancaire camerounais, la banque a souscrit 50 milliards FCFA, soit 21 % du montant total, entièrement décaissés dès la première tranche. Une position qui confirme son rôle de pivot dans la mobilisation des ressources locales au service du budget de l’État.

Une contribution majeure dans un tour de table bancaire

L’opération, structurée autour d’un syndicat bancaire réunissant Afriland First Bank, Société Générale, BICEC, Ecobank, SCB, UBA et Access Bank, s’inscrit dans une stratégie de diversification des sources de financement de l’État camerounais.

Dans ce tour de table, Afriland First Bank occupe une place particulière. Avec 50 milliards FCFA engagés, la banque ne se contente pas d’être un participant parmi d’autres : elle apparaît comme l’un des principaux relais entre les besoins du Trésor public et les capacités du système bancaire local.

La présence de la garantie d’Afreximbank, institution panafricaine spécialisée dans le financement du commerce et des projets stratégiques, renforce l’attrait de l’opération auprès des prêteurs. Mais le poids spécifique d’Afriland First Bank dans la structuration et le financement envoie un signal supplémentaire : les grands établissements locaux sont prêts à assumer une part significative de l’effort de financement souverain, dans un cadre sécurisé.

Une ligne de crédit court terme pour sécuriser la trésorerie de l’État

En amont de la levée de fonds, Afriland First Bank avait déjà pris position en faveur de l’État camerounais en mettant en place une ligne de crédit court terme (revolving). Ce mécanisme a permis de fournir une avance de trésorerie indispensable, en attendant le déploiement complet de l’opération de 238 milliards FCFA.

Cette posture proactive illustre un type de partenariat qui dépasse la simple participation à un syndicat de financement. Il s’agit pour la banque d’accompagner l’État dans la gestion fine de ses flux de trésorerie, de lisser les décalages entre les recettes et les dépenses, et de réduire les tensions de liquidité qui peuvent impacter l’exécution budgétaire.

Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, ne s’y est pas trompé. Il a salué « l’engagement d’Afriland First Bank qui s’est distinguée par une contribution majeure à la mobilisation des financements publics, notamment à travers la souscription de 50 milliards FCFA et la mise en place d’une ligne de crédit court terme. Cette posture proactive illustre un partenariat solide et une volonté affirmée de soutenir l’intérêt général. »

Un positionnement assumé de catalyseur du développement

Pour Afriland First Bank, cette opération s’inscrit dans une stratégie assumée de banque de développement et de financement de l’économie réelle, articulée autour de trois axes : soutien aux États, accompagnement des entreprises et bancarisation des populations.

« Chez Afriland First Bank, nous croyons que le développement économique passe par des partenariats solides et durables. Notre contribution à cette opération démontre notre volonté d’accompagner l’État du Cameroun dans ses projets stratégiques et de soutenir les acteurs économiques pour bâtir une croissance inclusive et pérenne », souligne Célestin Guela Simo, Administrateur Directeur Général d’Afriland First Bank.

À travers cette levée de fonds, la banque réaffirme sa vocation de catalyseur du développement, en contribuant à la stabilité financière du pays, au financement des grands projets d’infrastructure et à la mise en œuvre des politiques publiques.

Un bilan qui confirme la capacité d’intervention

Les capacités affichées par Afriland First Bank dans ce type d’opérations sont portées par la solidité de ses fondamentaux. Au 31 octobre 2025, la banque présentait un total bilan de 2 489,5 milliards FCFA, avec :

un encours de crédits de 1 627 milliards FCFA,
un encours de dépôts de 1 840 milliards FCFA,
et plus de 488 milliards FCFA de financements aux États et institutions sous-régionales à travers des titres obligataires et bons du Trésor assimilables.

Ces chiffres illustrent une double réalité. D’une part, Afriland First Bank dispose d’une base de ressources suffisamment large et diversifiée pour participer activement aux opérations de financement souverain. D’autre part, elle a développé une expertise avérée dans le portage de titres publics, un segment devenu central dans les relations entre les banques commerciales et les États en Afrique centrale.

Entre soutien à l’État et gestion des risques

La forte exposition aux financements publics n’est pas sans poser des enjeux en termes de gestion des risques. Pour la banque comme pour les régulateurs, l’équilibre entre soutien à l’État et diversification du portefeuille reste un sujet stratégique.

En multipliant les interventions sur les bons et obligations du Trésor, les banques renforcent le financement domestique de la dette publique, réduisent la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs et contribuent à la construction d’un marché financier sous-régional plus profond. Mais elles font aussi face à un risque de concentration sur la signature souveraine, particulièrement sensible dans des économies confrontées à des défis budgétaires et à des chocs exogènes.

Pour Afriland First Bank, l’enjeu est donc de maintenir un équilibre entre :
son rôle de partenaire clé du gouvernement,
son soutien au secteur privé productif,
et ses exigences internes de prudence et de rentabilité.

Un signal au marché bancaire et aux investisseurs

En s’illustrant comme contributeur principal à l’opération de 238 milliards FCFA, Afriland First Bank adresse un signal au reste du système bancaire et aux investisseurs régionaux : les banques locales de taille significative sont en capacité de structurer et de porter des opérations de financement d’ampleur, en lien avec des institutions panafricaines comme Afreximbank.

Ce type d’opération peut contribuer à :

renforcer la confiance dans la capacité du Cameroun à mobiliser son épargne domestique,
crédibiliser la place bancaire camerounaise comme centre de structuration financière en Afrique centrale,
et encourager une plus grande implication des acteurs privés dans le financement des infrastructures et des politiques publiques.

À travers cette levée de fonds, Afriland First Bank ne se contente pas de jouer son rôle de banque commerciale : elle se positionne comme partenaire financier stratégique de l’État, au cœur des équilibres entre dette publique, investissement et croissance.

Reste, pour les prochaines années, à mesurer dans quelle mesure cette intensification du partenariat État–banques se traduira par des retombées visibles sur l’investissement productif, la qualité des infrastructures et la trajectoire de croissance du Cameroun.

Patrick Tchounjo

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