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Cameroun : la BAD engage 136 millions d’euros pour stimuler l’employabilité et l’entrepreneuriat dans l’Extrême-Nord

La Banque africaine de développement (BAD) a validé un financement de 136 millions d’euros, soit près de 89 milliards de FCFA, en faveur du Cameroun. Cette enveloppe est destinée à soutenir le projet CAP2E (Capacités, compétences pour l’employabilité et l’entrepreneuriat), conçu pour transformer la dynamique socio-économique de l’Extrême-Nord, l’une des régions les plus vulnérables du pays.

L’accord, approuvé le 20 mai 2025, s’inscrit dans une logique nouvelle : un financement axé sur les résultats. Concrètement, les décaissements de la BAD dépendront de l’atteinte d’objectifs prédéfinis, allant du renforcement des infrastructures de formation à l’appui direct aux jeunes entrepreneurs. Cette approche vise à garantir une meilleure efficacité des fonds et à renforcer la gouvernance des projets financés.

L’Extrême-Nord, marquée par un taux de pauvreté estimé à plus de 70 %, cumule les fragilités. La pression démographique, les déplacements liés à l’insécurité et le manque d’opportunités économiques limitent la capacité des populations à sortir du cercle de la précarité. Le projet CAP2E entend répondre à cette urgence en améliorant l’employabilité de milliers de jeunes, en soutenant l’initiative privée et en promouvant l’entrepreneuriat féminin.

Selon les projections, l’investissement permettra de moderniser les infrastructures éducatives et sociales, de renforcer les filières de formation professionnelle et de développer un accompagnement technique et financier aux porteurs de projets locaux. L’objectif affiché est de créer un cercle vertueux combinant compétences accrues, emploi et stabilité sociale.

Le financement, composé de 130,2 millions d’euros du guichet ordinaire de la BAD et de 5,8 millions d’euros issus du Fonds africain de développement, s’étendra sur une période de cinq ans. Les autorités camerounaises, de leur côté, se sont engagées à assurer un suivi rapproché afin de sécuriser l’impact attendu et de maximiser les retombées pour les populations ciblées.

Les défis restent néanmoins considérables. La réussite du projet dépendra de la capacité à déployer les fonds de manière transparente, à renforcer les capacités institutionnelles locales et à surmonter les contraintes sécuritaires qui persistent dans la région. L’expérience des projets passés montre que l’exécution sur le terrain reste souvent le maillon faible, mais la BAD mise sur son approche par résultats pour éviter ces écueils.

Avec cet accord, la BAD confirme son rôle central dans le financement du développement humain au Cameroun. Si les ambitions du projet CAP2E se concrétisent, l’Extrême-Nord pourrait devenir un laboratoire d’innovation en matière de financement axé sur la performance, offrant au pays un modèle reproductible dans d’autres régions en difficulté.

Patrick Tchounjo

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