Marchés & Financements

Cameroun : la BEAC prête à soutenir la réhabilitation de la SONARA via son guichet B

La réhabilitation de la Société nationale de raffinage (SONARA) reste un dossier hautement stratégique pour le Cameroun et pour l’ensemble de la CEMAC. Selon des informations relayées par Investir au Cameroun, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) serait disposée à activer son guichet B pour financer jusqu’à 60 % du coût des travaux de réhabilitation de l’unique raffinerie du pays. Aucune confirmation officielle ne précise le montant exact, et la référence à 150 milliards de FCFA évoquée dans certains milieux ne figure dans aucun document institutionnel.

La SONARA, à l’arrêt depuis l’incendie de 2019, est au cœur des débats économiques et financiers. Sa remise en état, estimée à près de 250 milliards de FCFA, est jugée prioritaire par les autorités camerounaises et par la BEAC elle-même. Le gouverneur de l’institution, Yvon Sana Bangui, a récemment souligné que l’absence d’une raffinerie opérationnelle alourdit la facture des importations de produits pétroliers, pesant ainsi sur les réserves de change de la sous-région.

L’activation du guichet B constituerait un signal fort. Ce mécanisme, prévu par la BEAC, permet d’accompagner des projets stratégiques jugés déterminants pour la stabilité économique régionale. En couvrant une part significative des travaux de réhabilitation, la banque centrale viendrait conforter le rôle de la SONARA comme acteur clé de la souveraineté énergétique.

Pour autant, plusieurs zones d’ombre subsistent. Ni la BEAC, ni le gouvernement camerounais, ni la SONARA n’ont publié de communiqué officiel confirmant un engagement ferme à hauteur de 150 milliards de FCFA. Les annonces disponibles évoquent des intentions de financement, mais la structuration exacte du plan, les conditions d’accès et la part des partenaires privés ou multilatéraux restent à préciser.

Les observateurs estiment que le montage financier devra s’appuyer sur une combinaison de ressources publiques, d’investissements privés et de soutiens institutionnels. Le lancement du plan PARRAS24, qui ambitionne de relancer la production de la raffinerie d’ici 2027, s’inscrit dans cette logique de cofinancement.

En s’impliquant directement dans la réhabilitation de la SONARA, la BEAC cherche à protéger la soutenabilité externe de la zone CEMAC et à réduire une dépendance coûteuse aux importations. Mais la réussite du projet dépendra de la transparence du financement, de la gouvernance de l’entreprise et de la capacité des autorités à sécuriser les partenariats nécessaires.

L’activation du guichet B, si elle se concrétise, marquerait une étape décisive dans la volonté de la BEAC de dépasser son rôle monétaire strict pour devenir un acteur de stabilisation et de soutien au développement. Elle placerait également la SONARA au cœur des débats sur la souveraineté énergétique et la gouvernance financière au Cameroun et en Afrique centrale.

Patrick Tchounjo

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