Cameroun : l’UE débloque 38,7 milliards FCFA pour électrifier les zones rurales et combler le déficit énergétique
Le Cameroun vient de bénéficier d’un engagement financier majeur de la part de l’Union européenne. Annoncé le 27 septembre 2025 lors du Global Citizen Festival à New York, ce financement de 38,7 milliards FCFA (≈ 59 millions d’euros) vise à accélérer l’électrification des zones rurales, où moins de 25 % des ménages ont aujourd’hui accès à l’électricité.
Une injection ciblée sur le projet Perace
Ces fonds s’inscrivent dans la continuité du Projet d’électrification rurale et d’accès à l’énergie dans les zones sous-desservies (Perace), déjà soutenu par la Banque européenne d’investissement (BEI) à hauteur de 28 milliards FCFA début 2025. Avec cette nouvelle enveloppe, le Cameroun pourrait mobiliser près de 67 milliards FCFA (≈ 103 millions d’euros) pour financer extensions de réseau, mini-réseaux et solutions solaires décentralisées.
Selon les projections du ministère de l’Énergie, ce soutien permettrait de connecter 80 000 nouveaux ménages et de créer plus de 5 000 emplois directs et indirects liés aux travaux d’installation, de maintenance et aux activités économiques locales alimentées par l’électricité.
Un besoin encore colossal
Le déficit reste cependant considérable. Environ 7 millions de Camerounais, principalement dans le Nord et l’Est du pays, vivent encore sans électricité fiable. Le gouvernement estime à plus de 1 000 milliards FCFA (≈ 1,5 milliard d’euros) les besoins financiers nécessaires pour atteindre un taux d’électrification de 75 % d’ici 2030, contre environ 65 % aujourd’hui.
Un enjeu stratégique pour la compétitivité
L’accès à l’énergie est considéré comme un levier clé pour moderniser l’agriculture, stimuler l’agro-industrie, développer les services numériques et améliorer l’éducation ainsi que la santé dans les zones rurales. La disponibilité de l’électricité est également un facteur d’attractivité pour les investisseurs privés.
Des risques de mise en œuvre
Reste à voir si le financement européen sera rapidement décaissé et efficacement utilisé. Le Cameroun fait face à des défis récurrents : lenteur dans les appels d’offres, retards de chantiers et problèmes de gouvernance. Pour les bailleurs, l’enjeu est autant de financer que d’assurer un suivi strict de l’exécution.
Une étape, pas une solution définitive
Avec 38,7 milliards FCFA supplémentaires, l’UE envoie un signal fort de confiance envers l’économie camerounaise et son potentiel rural. Mais cette enveloppe ne couvre qu’une fraction des besoins. Le succès du programme dépendra de la capacité de Yaoundé à mobiliser davantage de partenaires et à structurer des modèles de financement viables, combinant subventions, prêts concessionnels et participation du secteur privé.
Patrick Tchounjo
