Cameroun : près de 300 millions USD de nouveaux emprunts pour accélérer routes, agro-industrie et énergie

Le Cameroun vient de franchir un nouveau cap dans sa politique d’endettement extérieur. Fin septembre 2025, le gouvernement a validé des accords de financement d’un montant global de 297,9 millions USD (environ 165,5 milliards FCFA) auprès de plusieurs partenaires internationaux, destinés à soutenir les infrastructures routières, l’agriculture et le secteur énergétique.
Selon des documents officiels relayés par la presse financière, la Banque islamique de développement (BID) apportera la part la plus importante, soit 193 millions USD, pour financer la seconde phase du corridor routier Batchenga–Ngaoundéré, un axe stratégique reliant le Centre et le Nord du pays. Ce projet vise à fluidifier le transport des marchandises, réduire les coûts logistiques et renforcer l’intégration économique nationale.
Parallèlement, un crédit de 78,9 millions USD via Standard Chartered Bank sera injecté dans la Cameroon Development Corporation (CDC), conglomérat agro-industriel fragilisé ces dernières années par les tensions dans le Sud-Ouest. L’objectif affiché est de relancer la production de banane et d’hévéa, secteurs exportateurs clés pour le pays. Enfin, un prêt de 11,1 millions USD auprès de Deutsche Bank Espagne doit financer la modernisation du réseau électrique de Yaoundé dans le cadre du PLANUT, afin de réduire les pertes techniques et améliorer la distribution.
Ces nouveaux financements arrivent dans un contexte de dette déjà élevée. Au 30 juin 2025, l’encours de la dette publique du Cameroun atteignait 14 105 milliards FCFA, soit environ 43 % du PIB. Le gouvernement justifie ces emprunts par la nécessité de soutenir la croissance et de financer des projets à forte valeur ajoutée, mais la soutenabilité de la dette reste un sujet sensible pour les analystes et les bailleurs internationaux.
L’enjeu réside désormais dans l’exécution. Si les fonds sont efficacement utilisés, ils pourraient stimuler l’activité agricole, réduire le déficit énergétique et désenclaver des régions entières, contribuant ainsi à la compétitivité du pays. Mais les retards chroniques, la gouvernance fragile et les risques sécuritaires dans certaines zones pourraient limiter l’impact attendu.
Dans une sous-région CEMAC en quête de diversification économique, le cas camerounais illustre un dilemme majeur : comment financer des infrastructures essentielles sans alourdir excessivement le fardeau de la dette ? Pour l’instant, Yaoundé mise sur la confiance de ses partenaires financiers internationaux. L’avenir dira si ces emprunts se traduiront par une croissance durable ou par une nouvelle pression sur ses équilibres macroéconomiques.
Patrick Tchounjo



