CEMAC : avec 557,3 milliards FCFA reçus en 2023, le Mobile Money dope les transferts d’argent de la diaspora

Le mobile money s’impose comme un levier incontournable du système financier africain et un moteur stratégique pour les transferts de fonds vers la CEMAC. En 2023, les envois de la diaspora vers les six pays de la zone ont atteint 557,3 milliards FCFA, selon les données publiées par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Ce montant record illustre la transformation numérique du marché des transferts et la montée en puissance des solutions mobiles dans l’économie régionale.
Une mutation structurelle portée par le numérique
Longtemps dominés par les circuits bancaires et les sociétés de transfert classiques, les flux financiers de la diaspora connaissent une révolution silencieuse. Les plateformes de mobile money telles que Gimacpay, MTN Mobile Money, Orange Money et Airtel Money ont simplifié et démocratisé l’envoi d’argent. Les transactions sont désormais instantanées, moins coûteuses et accessibles partout, même dans les zones rurales les plus reculées.
Cette digitalisation des transferts traduit une évolution profonde des comportements. La diaspora privilégie désormais des canaux plus souples, connectés à des portefeuilles électroniques locaux. Les bénéficiaires peuvent recevoir l’argent sur leur téléphone, régler leurs factures ou effectuer des achats sans passer par une agence bancaire.
Le mobile money, catalyseur de l’inclusion financière en Afrique centrale
Avec plus de 30 millions de comptes actifs, la CEMAC s’affirme comme l’un des pôles les plus dynamiques du mobile money en Afrique. L’interopérabilité régionale, soutenue par le Groupement interbancaire monétique d’Afrique centrale (GIMAC), favorise des transactions fluides entre pays membres et un accès élargi aux services financiers.
Ces transferts représentent un soutien vital pour les ménages, finançant l’éducation, la santé, le logement et les activités génératrices de revenus. En réduisant les coûts de transaction, le mobile money permet à davantage de familles d’accéder à ces ressources, renforçant ainsi la résilience économique et la bancarisation.
Un potentiel encore sous-exploité
Malgré sa croissance rapide, le marché des transferts numériques dans la CEMAC reste largement sous-exploité. La BEAC estime que 40 % des envois de fonds passent encore par des circuits informels, échappant au système financier officiel.
Pour capter ces flux, les autorités monétaires encouragent la coopération entre banques, fintechs et opérateurs mobiles, ainsi qu’une meilleure traçabilité et sécurisation des transactions. Cette stratégie pourrait permettre à la CEMAC de mobiliser des ressources supplémentaires, tout en réduisant les risques liés au blanchiment et à la fraude.
Vers une transformation durable du marché des transferts
Le boom du mobile money ouvre une nouvelle ère pour les transferts de la diaspora africaine. En connectant les familles et en fluidifiant les échanges, les technologies financières redéfinissent la manière dont l’Afrique centrale reçoit, dépense et investit l’argent venu de l’étranger.
Si la tendance se poursuit, les flux pourraient dépasser les 700 milliards FCFA d’ici 2025, consolidant le rôle du mobile money comme pilier de la croissance inclusive et de la souveraineté financière régionale.
Patrick Tchounjo



