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Dépôts et consignations : le Cameroun s’allie au Maroc pour sécuriser et valoriser les fonds publics

Le Cameroun franchit une nouvelle étape dans la modernisation de sa gouvernance financière. Le 3 novembre 2025, à Casablanca, la Caisse des dépôts et consignations du Cameroun (CDEC) et la Caisse de dépôt et de gestion du Maroc (CDG) ont signé une convention de coopération institutionnelle visant à renforcer la sécurité, la performance et la valorisation des fonds publics confiés à la CDEC.

Cet accord, paraphé par Richard Evina Obam, directeur général de la CDEC, et Khalid Safir, directeur général de la CDG, marque le début d’un partenariat stratégique entre deux institutions souveraines au service du développement économique. Il s’inscrit dans une logique d’échange d’expertise, de transfert de compétences et de modernisation des pratiques de gestion des dépôts et consignations.

Un partenariat à forte portée institutionnelle

Pour la CDEC, encore jeune dans son processus d’opérationnalisation, cette coopération constitue un levier essentiel de crédibilité et de montée en puissance institutionnelle.
Elle intervient dans un contexte où la Caisse camerounaise ambitionne de jouer un rôle clé dans le financement des projets structurants du pays, conformément à la Stratégie nationale de développement 2030 (SND30).

La CDG du Maroc, forte de plus de 66 ans d’expérience, s’impose comme un modèle en Afrique en matière de gestion des ressources publiques, de financement des infrastructures, et de gouvernance d’investissement.
Sa collaboration avec la CDEC vise à accélérer la professionnalisation de cette dernière dans des domaines critiques tels que la gestion des risques, l’ingénierie financière, la transformation digitale et la gouvernance institutionnelle.

Selon Richard Evina Obam, « cette convention illustre la volonté du Cameroun de s’inspirer des meilleures pratiques régionales pour asseoir une Caisse solide, transparente et capable d’impacter durablement le développement national ».

Un transfert de savoir-faire stratégique

Le partenariat couvre plusieurs axes de coopération, notamment la formation du personnel, le déploiement d’outils modernes de suivi et d’évaluation des dépôts, et l’appui technique dans la structuration de produits d’investissement à long terme.
Il vise également à améliorer la gestion des fonds séquestrés, consignations et garanties publiques, en renforçant les mécanismes de contrôle et de traçabilité financière.

La CDG mettra à disposition son expertise technique en matière de pilotage d’actifs, de financement des infrastructures publiques et de mobilisation de l’épargne institutionnelle.
L’objectif est de permettre à la CDEC d’adopter un modèle économique viable, capable de concilier rentabilité, sécurité et impact économique, dans un environnement marqué par des exigences accrues de transparence.

Un ancrage africain dans la coopération Sud-Sud

Au-delà du transfert de compétences, cette alliance illustre la montée en puissance de la coopération financière Sud-Sud entre le Cameroun et le Maroc, deux pays qui partagent une vision commune du développement axée sur la maîtrise des ressources nationales et la valorisation de l’épargne publique.

Pour Rabat, ce partenariat s’inscrit dans la continuité de la stratégie africaine du Royaume, qui positionne le Maroc comme un acteur pivot du partage d’expertise continentale.
Pour Yaoundé, il s’agit d’un signal de confiance adressé aux partenaires régionaux et internationaux, à un moment où la CDEC multiplie les initiatives pour asseoir son rôle dans l’écosystème financier camerounais.

La convention ouvre également la voie à la création de véhicules communs d’investissement, susceptibles de financer des projets à fort impact dans les domaines du logement, des infrastructures publiques, des énergies renouvelables et de l’économie numérique.

La CDEC, un instrument stratégique pour la finance publique camerounaise

Créée par la loi de 2008 mais opérationnalisée récemment, la Caisse des dépôts et consignations du Cameroun a pour mission de sécuriser, gérer et valoriser les fonds publics et parapublics, notamment les dépôts à terme, les consignations judiciaires et administratives, ainsi que les fonds non réclamés.

Dans un environnement financier en mutation, marqué par la volonté du gouvernement de renforcer la discipline budgétaire et d’accroître la mobilisation interne des ressources, la CDEC s’impose progressivement comme un acteur clé du financement public.
L’accord signé avec la CDG du Maroc renforce cette ambition et positionne la Caisse comme un outil stratégique de stabilité et de modernisation financière.

Une dynamique régionale de modernisation institutionnelle

Ce partenariat intervient dans un contexte plus large de mutation des institutions financières publiques africaines, souvent confrontées à des défis de gouvernance et d’efficacité opérationnelle.
En s’adossant à un modèle éprouvé comme celui de la CDG, la CDEC espère accélérer sa maturation institutionnelle et devenir, à moyen terme, une référence régionale dans la gestion des dépôts souverains.

Selon des observateurs du secteur, cet accord pourrait également inspirer d’autres pays de la CEMAC à renforcer leurs dispositifs de dépôts et consignations, dans une logique de coopération régionale intégrée.

Un partenariat symbole de confiance et de modernité

La signature de cette convention à Casablanca symbolise l’entrée du Cameroun dans une nouvelle ère de gestion financière responsable, marquée par la transparence, la coopération et l’innovation institutionnelle.
Pour la CDEC, il s’agit d’un tournant stratégique qui consolide sa légitimité et sa capacité à mobiliser des financements durables au service de l’économie nationale.

À travers cette alliance, le Cameroun et le Maroc illustrent la pertinence d’une coopération africaine fondée sur le transfert d’expertise, la solidarité institutionnelle et la confiance mutuelle — des leviers essentiels pour bâtir des économies résilientes et souveraines.

Patrick Tchounjo

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