Ecobank Trade Expo 2025 : libérer le potentiel commercial africain par la finance et la connectivité

Dans un contexte où le commerce intra-africain ne représente encore qu’environ 15 % des échanges totaux du continent, la question du financement demeure un verrou majeur pour les petites et moyennes entreprises. C’est dans cette perspective qu’Ecobank Cameroun a lancé, à Douala, la première édition de son Trade Expo 2025, sous le thème évocateur : « Libérer le potentiel commercial : des solutions de financement pour la croissance ». L’événement a réuni décideurs publics, dirigeants de PME, bailleurs de fonds et acteurs du commerce international pour repenser les leviers financiers capables de stimuler la croissance africaine.
Pour Mrs. Gwendoline Abunaw, Directrice Générale d’Ecobank Cameroun, cette initiative s’inscrit dans une vision claire : faire d’Ecobank le partenaire privilégié du commerce africain. « L’Afrique a le potentiel, les marchés et les talents. Ce qu’il faut désormais, c’est fluidifier le financement du commerce et connecter les entreprises entre elles », a-t-elle déclaré en ouverture du forum. Ce message fait écho à la stratégie panafricaine du groupe Ecobank Transnational Incorporated, présent dans 33 pays, qui veut transformer les barrières bancaires, douanières et réglementaires en corridors de croissance. L’Expo intervient à un moment où la Zone de libre-échange continentale africaine commence à produire ses premiers effets sur les échanges régionaux, rendant cruciale la question du financement du commerce et des paiements transfrontaliers.
Ecobank Trade Expo 2025 a permis de présenter une série de solutions concrètes pour soutenir les entreprises africaines. Parmi elles figurent les lettres de crédit et garanties documentaires pour sécuriser les transactions, les mécanismes de financement de la chaîne d’approvisionnement, les solutions de pré-exportation pour les producteurs agricoles et industriels, ainsi qu’une plateforme numérique baptisée Single Market Trade Up, déjà utilisée par plus de 12 000 entreprises à travers le continent. L’intégration du système de paiement panafricain PAPSS a également été saluée comme une étape clé vers l’autonomie financière du commerce intra-africain. Ensemble, ces outils visent à créer un écosystème financier intégré capable d’accompagner les entreprises à chaque étape de leur cycle commercial.
Lors de cette rencontre, la voix du secteur privé s’est fait entendre avec force.Mme Kate Kanyi-Tometi Fotso, Directrice Générale de Telcar Cocoa Ltd, a rappelé l’importance de la transparence et de la discipline dans la relation entre les entreprises et les institutions financières. « Aucun financement ne peut se construire sur l’opacité. La crédibilité et la rigueur doivent être les fondements de toute relation bancaire », a-t-elle souligné. Son intervention met en lumière un constat largement partagé : le défi du financement du commerce ne repose pas uniquement sur les banques, mais aussi sur la qualité de la gouvernance et la solidité managériale des entreprises.
Les PME africaines, qui constituent près de 90 % du tissu économique, restent au cœur des préoccupations. À peine 20 % d’entre elles disposent d’une relation bancaire stable ou d’un historique de crédit. C’est pourquoi Ecobank Trade Expo a été conçu comme un espace de dialogue et d’apprentissage. Des ateliers ont été consacrés à la structuration des dossiers bancaires, à la gestion du risque et à la conformité. Des rencontres entre entrepreneurs et responsables du financement du commerce ont permis de renforcer la compréhension mutuelle. L’objectif est clair : rendre les entreprises africaines plus bancables et plus compétitives sur les marchés régionaux et internationaux.
L’innovation numérique a occupé une place centrale dans les débats. La digitalisation des paiements, des garanties et du suivi logistique est désormais perçue comme un levier de performance. Ecobank mise sur la puissance de ses plateformes numériques, telles qu’Ecobank Omni Lite et EcobankPay, pour offrir des services uniformes et interconnectés dans les principales capitales économiques du continent. Cette orientation technologique illustre la volonté du groupe de bâtir une banque ouverte et agile, capable de soutenir l’intégration financière africaine.
Malgré cet élan, des défis persistent. Les cadres réglementaires diffèrent encore d’un pays à l’autre, compliquant la fluidité des transactions. Le risque de crédit demeure élevé, notamment pour les PME informelles. La pénétration financière reste faible dans plusieurs zones rurales, et le manque de synergie entre les politiques publiques et les initiatives privées limite la portée de ces réformes. Pour Ecobank, la solution passe par une coopération renforcée entre les banques, les États et les institutions régionales telles que la BEAC, la BAD ou le GIMAC. L’objectif est de créer un environnement où la finance devient moteur du commerce, plutôt qu’obstacle à celui-ci.
En lançant la Trade Expo 2025, Ecobank ne s’est pas contentée d’organiser un événement institutionnel. Elle a ouvert un véritable chantier stratégique pour repenser le financement du commerce africain. L’initiative se veut à la fois pragmatique et éducative, traduisant la conviction qu’une Afrique économiquement intégrée doit d’abord être financièrement connectée. Si la première édition se révèle concluante, Ecobank Trade Expo pourrait s’imposer comme une plateforme annuelle de référence, positionnant le Cameroun et la zone CEMAC comme un pôle d’innovation financière au cœur du continent.
Dans un environnement mondial marqué par la rareté des financements extérieurs et la volatilité des devises, Ecobank réaffirme son credo : la croissance africaine doit se financer par l’Afrique elle-même. Le Trade Expo 2025 incarne cette ambition. Il trace une passerelle entre les entrepreneurs africains et les instruments de la finance moderne, rappelant une évidence : le commerce africain ne manque plus de potentiel, mais de capital. Ecobank entend en être le catalyseur.
Patrick Tchounjo



