Marchés & Financements

Gabon : la signature d’un protocole d’accord de 800 milliards FCFA avec l’italien Todini pour la construction de deux barrages hydroélectriques de 450 MW

Le Gabon franchit une nouvelle étape dans sa stratégie énergétique. Le Ministre de l’Accès Universel à l’Eau et à l’Énergie, M. Philippe Tonangoye, a présidé, le lundi 6 octobre 2025, la cérémonie de signature d’un protocole d’accord (MoU) entre le Gouvernement gabonais et la société italienne Todini Costruzioni Generali S.p.A., représentée par M. Maurizio Csantini, membre du Conseil d’administration en charge des relations extérieures.

Cet accord ouvre la voie à la construction de deux nouveaux barrages hydroélectriques pour un investissement global estimé à 800 milliards FCFA. Ces infrastructures devraient produire une capacité combinée de 450 MW, représentant un bond significatif dans la production nationale d’électricité. Ce projet marque une étape clé dans la politique du gouvernement visant à renforcer l’autonomie énergétique du pays et à soutenir sa croissance industrielle.

Les deux barrages s’inscrivent dans le programme national d’expansion des capacités hydroélectriques, coordonné par le ministère de l’Énergie et de l’Eau, avec le concours d’investisseurs étrangers et d’institutions financières de développement. Le financement sera structuré sous forme de partenariat public-privé (PPP), appuyé par des bailleurs tels que la Banque Africaine de Développement et l’Exim Bank of China.

L’entreprise italienne Todini, reconnue pour son expertise dans les grands travaux hydrauliques, s’est engagée à mobiliser des partenaires financiers et techniques européens pour garantir la viabilité du projet. Elle collaborera également avec des ingénieurs et entreprises locales afin d’assurer le transfert de compétences et de favoriser l’emploi gabonais tout au long du chantier.

Ce partenariat illustre la volonté du gouvernement de diversifier ses alliances stratégiques et de s’appuyer sur des partenaires internationaux capables d’apporter des solutions techniques durables. Selon le ministre Philippe Tonangoye, « la signature de cet accord traduit l’engagement du Gabon à développer une énergie propre, fiable et compétitive, au service de la croissance économique et du bien-être des populations ».

La construction de ces deux barrages s’inscrit dans un contexte régional où l’hydroélectricité est appelée à devenir le moteur principal de la transition énergétique. Le Gabon, qui dispose d’un potentiel hydraulique estimé à plus de 6 000 MW, n’en exploite actuellement qu’environ 10 %. L’objectif du gouvernement est d’atteindre 80 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique national d’ici 2030, contre environ 60 % aujourd’hui. Les deux futurs barrages devraient contribuer à stabiliser la fourniture d’électricité dans le Grand Libreville et à soutenir l’industrialisation croissante du Haut-Ogooué et du Moyen-Ogooué.

Sur le plan économique, ce projet générera des milliers d’emplois directs et indirects durant la phase de construction. Il stimulera les activités locales de génie civil, de transport et de maintenance, tout en renforçant la compétitivité du secteur privé grâce à une énergie plus stable et moins coûteuse. À long terme, ces infrastructures permettront de réduire les coupures récurrentes et d’améliorer la productivité des entreprises gabonaises.

Le pays dispose déjà d’une solide expérience dans le domaine hydroélectrique. Le barrage de Kinguélé Aval, d’une capacité de 35 MW, financé à hauteur de 118 milliards FCFA, est l’un des projets emblématiques récents. D’autres initiatives, comme le barrage de Booué, d’une puissance estimée à 600 MW pour un coût de 1 500 milliards FCFA, traduisent une vision claire de construction d’un réseau énergétique robuste, moderne et interconnecté à l’échelle nationale.

La mise en œuvre du programme à 800 milliards FCFA portera cependant plusieurs défis. La réussite dépendra de la capacité du gouvernement à mobiliser rapidement les financements, à sécuriser les garanties bancaires et à assurer la coordination entre les acteurs publics et privés. Les impacts environnementaux et sociaux seront aussi étroitement surveillés, notamment la préservation des écosystèmes fluviaux et la protection des populations riveraines.

Malgré ces défis, le projet incarne l’ambition du Gabon de devenir un modèle énergétique en Afrique centrale. En investissant dans l’hydroélectricité, le pays s’inscrit pleinement dans la transition énergétique mondiale et renforce sa souveraineté dans la production d’énergie propre. Les deux barrages représentent bien plus qu’une infrastructure : ils traduisent une stratégie nationale axée sur la durabilité, la compétitivité et la maîtrise des ressources naturelles.

Si les financements et la mise en œuvre respectent le calendrier annoncé, le Gabon pourrait, à l’horizon 2030, figurer parmi les rares pays africains à garantir à la fois une électricité abondante, verte et accessible à tous.

Patrick Tchounjo

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