Montée en puissance du groupe AFG dans le secteur bancaire africain

Depuis 2020, Atlantic Financial Group (AFG) – holding financier fondé par l’Ivoirien Koné Dossongui – s’est imposé comme un acteur bancaire panafricain de premier plan. À travers une série d’acquisitions stratégiques et une expansion géographique accélérée, AFG a considérablement renforcé sa présence en Afrique de l’Ouest et centrale, tout en misant sur l’innovation digitale et des partenariats ciblés. Nous vous proposons une analyse clé sur les ressorts de cette ascension : les rachats de banques à travers le continent, l’évolution des parts de marché régionales, la modernisation technologique, les alliances stratégiques et la portée géographique du groupe.
Des acquisitions stratégiques à travers l’Afrique
La croissance d’AFG s’est d’abord opérée par acquisitions successives de banques dans plusieurs pays africains depuis 2020. Ces rachats lui ont permis de reprendre des actifs cédés par des groupes internationaux ou par des États, consolidant ainsi son assise continentale. Les principales opérations incluent :
• Décembre 2020 – Reprise de trois filiales africaines de BNP Paribas. AFG rachète les parts du géant français BNP Paribas dans ses banques au Mali, au Gabon et aux Comores, respectivement la BICIM (Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Mali), la BICIG (Gabon) et la BIC (Comores). Ces établissements figuraient parmi les acteurs bien établis de leurs marchés – par exemple, BICIM était l’une des premières banques maliennes. Cet investissement marque le retour de Koné Dossongui dans le secteur bancaire, quelques années après la vente de Banque Atlantique à un partenaire marocain. AFG avait d’ailleurs fait de la croissance externe un pilier de son modèle dès les années 1990, ayant déjà repris Barclays en Côte d’Ivoire (1997) et Amity Bank au Cameroun (2010).
• Septembre 2023 – Accord pour l’acquisition de la Banque Populaire de Côte d’Ivoire (BPCI). Après de longues négociations, AFG obtient l’agrément des autorités ivoiriennes pour racheter la BPCI, banque publique née de la scission de la caisse d’épargne postale. Un accord formel est signé avec l’État ivoirien fin septembre 2023 pour intégrer la BPCI au sein d’AFG Bank Côte d’Ivoire. L’opération s’inscrit dans le plan de restructuration du secteur bancaire ivoirien engagé en 2017, permettant à AFG de revenir sur le marché ivoirien, le plus important d’Afrique de l’Ouest francophone.
• Septembre 2024 – Acquisition d’Access Microfinance Holding AG. AFG conclut le rachat du groupe Access Holding, un holding basé en Allemagne spécialisé dans la microfinance, et de ses cinq filiales africaines. Cet « Access Network » comprend notamment Access Bank Liberia, AccèsBanque Madagascar, AB Microfinance Nigeria, AB Bank Rwanda et AB Bank Zambia. Au total, ces entités représentent plus de 150 millions € d’actifs pour un portefeuille de prêts de 135 millions € (fin 2023). AFG a obtenu toutes les autorisations réglementaires (banques centrales, autorité de concurrence COMESA) pour cette opération d’envergure, témoignant de la confiance des régulateurs à son égard. Le groupe voit dans ce rachat l’opportunité d’élargir son offre vers la microfinance et l’inclusion financière sur plusieurs régions du continent.
• Septembre 2024 – Rachat de Société Générale Guinée. Dans la foulée (trois jours à peine après l’accord Access), AFG annonce la reprise de Société Générale Guinée, filiale du groupe français Société Générale à Conakry. Un accord est signé pour acquérir la participation de 57,93 % détenue par Société Générale dans sa filiale guinéenne. AFG s’engage à reprendre l’intégralité des activités, portefeuilles clients et employés de la banque. La finalisation de la transaction, soumise aux approbations usuelles, est prévue d’ici le 1er trimestre 2025. Cette acquisition renforce la présence d’AFG en Afrique de l’Ouest, dans un marché (la Guinée) encore dominé par quelques banques internationales et locales émergentes.
Ces opérations de croissance externe illustrent la stratégie agressive d’AFG pour bâtir un réseau panafricain. Profitant du désengagement de certaines banques européennes des marchés africains jugés non stratégiques, le groupe a saisi des opportunités de rachat d’actifs de choix. BNP Paribas, notamment, avait décidé dès 2019 de céder plusieurs de ses filiales africaines (Mali, Gabon, Comores, etc.) , tandis que Société Générale a récemment opté pour une sortie de Guinée au profit d’un acteur régional. AFG s’est positionné comme acquéreur privilégié dans ces transactions. La rapidité de son expansion est notable : en septembre 2024, le groupe a bouclé coup sur coup l’achat d’Access Holding et de SG Guinée en moins d’une semaine. Cette dynamique témoigne de l’ambition du groupe et de son fondateur. « Ces rachats successifs confirment la stratégie d’AFG, pour qui la croissance externe est inscrite dans son ADN » analyse un observateur du secteur. Chaque acquisition a aussitôt été suivie d’un processus d’intégration pour fusionner les entités rachetées sous la bannière AFG.
Évolution des parts de marché et positions régionales
En l’espace de quelques années, AFG est passé du statut d’acteur régional à celui de groupe bancaire panafricain d’envergure, avec des positions renforcées dans plusieurs zones. À la suite des acquisitions précitées, AFG détient désormais sept filiales bancaires réparties à travers l’Afrique, contre une seule ou deux auparavant. Cette montée en puissance se traduit par une progression notable de ses parts de marché dans les régions clés :
• Afrique de l’Ouest : AFG a réinvesti l’espace UEMOA. En Mali, la reprise de BICIM – historiquement l’une des trois plus grandes banques du pays – lui confère une base de clientèle et de dépôts significative. En Côte d’Ivoire, avec l’absorption de BPCI au 1er janvier 2024, AFG Bank CI ambitionne de conquérir une part du marché dominé par les filiales de groupes internationaux (Société Générale, BNP, Standard Bank, etc.) et quelques banques locales. En Guinée, l’intégration de l’ancienne Société Générale Guinée fera d’AFG un nouvel entrant de poids dans un secteur bancaire guinéen en croissance. Par ailleurs, via Access Holding, AFG s’implante également au Liberia et au Nigeria (à travers une institution de microfinance), élargissant sa portée ouest-africaine au-delà du seul espace francophone.
• Afrique centrale : Le groupe consolide sa présence en zone CEMAC. Déjà présent au Cameroun (Banque Atlantique Cameroun) depuis 2010, AFG y était un acteur de taille moyenne. Désormais, avec l’acquisition de la BICIG au Gabon, il récupère une banque historiquement de premier plan dans ce pays aux côtés de BGFI et Orabank. Au Cameroun même, la synergie avec les autres filiales d’AFG dans la région pourrait renforcer sa position face aux leaders du marché (Afriland First Bank, Société Générale, BICEC, etc.).
• Région Océan Indien et Afrique australe : Grâce au réseau Access, AFG s’implante dans des marchés de niche mais stratégiques. Madagascar voit ainsi l’ancienne AccèsBanque (microfinance) rejoindre le giron AFG – une première incursion de l’Ivoirien Dossongui hors du continent continental africain. De même, au Rwanda (Afrique de l’Est) et en Zambie (Afrique australe), les filiales microfinance reprises offrent à AFG un point d’appui pour développer à terme des activités bancaires plus larges dans ces économies en croissance. Sur l’archipel des Comores, AFG hérite de la principale banque commerciale (ex-BIC Comores), consolidant une part de marché dominante dans ce petit système bancaire insulaire. Ces présences, certes encore modestes en parts de marché locales, apportent au groupe une dimension véritablement panafricaine couvrant l’Afrique de l’Est et australe.
En 2024, AFG est ainsi présent (banques commerciales ou institutions financières) dans au moins 10 pays africains, répartis sur toutes les sous-régions (Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, Afrique de l’Est, Océan Indien, Afrique australe). Peu de groupes bancaires africains peuvent se targuer d’une telle empreinte géographique en si peu de temps. Cette diversification géographique fait d’AFG un intervenant majeur du secteur, aux côtés d’autres réseaux panafricains comme Ecobank, Bank of Africa, Oragroup ou les banques marocaines. D’un marché historiquement centré sur l’UEMOA dans les années 2000, AFG est passé à un périmètre multi-régional, ce qui atténue son exposition aux aléas d’un pays ou d’une zone unique.
Il convient toutefois de noter que le renforcement des parts de marché d’AFG reste à consolider. Dans certains pays, le groupe est encore en phase d’intégration et de rebranding des entités acquises. Par exemple, en Côte d’Ivoire, la BPCI intégrée à AFG Bank CI devra gagner des parts de marché face à une concurrence aguerrie. De même, l’absorption des clientèles de SG Guinée ou de BICIG Gabon devra s’accompagner d’investissements pour maintenir la confiance et la satisfaction de la clientèle existante. AFG capitalise sur la notoriété locale des banques reprises, tout en apportant de nouveaux moyens. En témoigne l’optimisme affiché lors du rachat de SG Guinée, présenté comme un levier pour « devenir un acteur clé du paysage bancaire de la région ». Sur le moyen terme, si ces intégrations sont menées à bien, AFG pourrait voir sa part de marché grimper fortement dans chacun de ces pays, solidifiant ainsi sa position de nouveau poids lourd bancaire africain.
Innovations technologiques et virage digital
Parallèlement à son expansion géographique, AFG a mis l’accent sur l’innovation technologique pour accompagner sa croissance. Le groupe a engagé depuis 2018–2020 une transformation digitale visant à moderniser ses infrastructures bancaires et élargir l’accès de ses services financiers via les canaux numériques.
Un élément central de cette stratégie a été le déploiement d’un nouveau système bancaire cœur commun à l’ensemble des filiales. Atlantic Financial Group a sélectionné la plateforme Oracle Flexcube afin d’harmoniser et d’automatiser le traitement des opérations bancaires dans tous les pays où il est implanté. Ce choix technologique, fait début 2020, a vu Oracle l’emporter face au concurrent Temenos, déjà utilisé par la Banque Atlantique en Côte d’Ivoire. La mise en place de Flexcube s’étend sur plusieurs pays (Cameroun, Mali, Burkina Faso, Guinée, etc.)et accompagne le rebranding du réseau sous l’enseigne commune AFG Bank. En unifiant son système d’information, AFG cherche à améliorer l’efficacité opérationnelle, à proposer des services homogènes et à faciliter l’intégration des banques acquises.
En outre, AFG mise sur la bancarisation digitale et mobile pour stimuler sa croissance. Le groupe a créé en 2017 une filiale spécialisée, Digital Business Solution (DBS), chargée de développer des solutions financières innovantes favorisant l’inclusion financière. Avec l’appui de partenaires comme la Société Financière Internationale (IFC), DBS a déployé un réseau d’agent banking (points de service bancaires tenus par des agents) au Cameroun, permettant d’offrir des services financiers de proximité dans les zones mal desservies. Ce programme, soutenu par un financement de $1,6 million d’IFC en 2018, vise à lancer des produits d’épargne, de crédit et d’assurance entièrement digitaux pour les populations à revenus modestes. Selon Mehita Sylla, directrice d’IFC au Cameroun (entre 2015 et 2020), « les services financiers digitaux se développent dans le pays, mais il faut aller plus loin pour l’inclusion financière » – une vision partagée par AFG qui entend devenir un fournisseur intégré de services financiers digitaux en Afrique centrale.
Grâce à l’expertise diversifiée du groupe Atlantic (télécommunications, technologies de l’information, assurance), AFG développe des services bancaires mobiles et en ligne innovants. « Avec l’expérience d’Atlantic Group dans les télécoms et l’assurance, AFG ambitionne d’offrir à ses clients une expérience renouvelée, en tant qu’acteur intégré de bancassurance digitale promouvant l’inclusion financière » indique la holding. Concrètement, le groupe investit dans des applications de mobile banking et de wallets pour permettre à sa clientèle d’effectuer des transactions, paiements et souscriptions de produits financiers via smartphone. Dans les filiales issues de la microfinance, très axées clientèle de masse, la mise en place de canaux numériques adaptés est un axe fort – Access Holding avait d’ailleurs développé des solutions digitales pour ses micro-emprunteurs, savoir-faire qu’AFG compte bien exploiter.
Ce virage technologique s’illustre aussi par des partenariats avec des fournisseurs de solutions fintech et de paiements. AFG collabore par exemple avec les opérateurs de téléphonie mobile locaux pour intégrer le mobile money à ses offres, capitalisant sur la forte pénétration du téléphone portable en Afrique. De même, le groupe s’aligne sur les standards internationaux en matière de sécurité informatique et d’expérience client en ligne, afin de rivaliser avec les banques historiques. L’objectif affiché est de bâtir une banque panafricaine « de dernière génération », capable de fournir des services entièrement dématérialisés et conviviaux. AFG entend ainsi attirer une clientèle jeune et connectée, tout en réduisant ses coûts opérationnels grâce à la digitalisation.
Partenariats stratégiques et soutien institutionnel
Pour soutenir sa croissance, AFG a noué divers partenariats stratégiques avec des acteurs publics et privés. Ces alliances lui apportent soit un appui financier et technique, soit facilitent son entrée sur de nouveaux marchés.
D’abord, AFG a pu compter sur le soutien de gouvernements nationaux dans le cadre de reprises de banques publiques en difficulté. L’exemple de la Côte d’Ivoire est à cet égard emblématique : l’opération BPCI résulte d’un partenariat étroit avec l’État ivoirien, qui avait lancé un plan de sauvetage et de privatisation de cette banque publique dès 2017. En reprenant la BPCI, AFG s’est positionné en partenaire de long terme du gouvernement pour renforcer le secteur bancaire local. De même, dans les Comores, la Banque pour l’Industrie et le Commerce était partiellement à capitaux publics et sa cession à AFG a été validée en coopération avec les autorités comoriennes. À chaque fois, le groupe a démontré sa capacité à travailler avec les régulateurs et gouvernements pour assurer une transition en douceur des établissements rachetés (continuité du service aux clients, sauvegarde des emplois, etc.).
Ensuite, AFG bénéficie de l’appui d’organismes financiers internationaux. Le rachat du réseau Access Holding en 2024 en est une illustration notable : le consortium de vendeurs comprenait des institutions de développement de premier plan (British International Investment – ex-CDC, Banque Européenne d’Investissement, IFC, KfW, etc.). La conclusion de cet accord indique qu’AFG a su gagner la confiance de ces acteurs multilatéraux, ceux-ci acceptant de lui céder le contrôle d’institutions dédiées à la microfinance. Au-delà de la transaction, on peut y voir le signe d’un partenariat implicite : en transférant ces actifs à un groupe africain, les investisseurs au développement comptent sur AFG pour poursuivre la mission d’inclusion financière qu’ils avaient initiée. AFG travaille également ponctuellement avec la Banque africaine de développement (BAD), la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la BEAC en Afrique centrale, notamment dans le cadre des procédures d’agrément et de supervision de ses filiales. La facilité avec laquelle le groupe a obtenu les approbations réglementaires pour ses dernières acquisitions montre la qualité de son dialogue avec les autorités.
Par ailleurs, AFG s’est allié à des partenaires techniques et fintech pour accélérer sa transformation. L’accord avec Oracle pour l’implémentation de Flexcube peut être vu comme un partenariat technologique stratégique. De même, l’accompagnement de l’IFC via Digital Business Solution relève d’un partenariat public-privé pour développer l’agent banking en Afrique centrale. Le groupe explore aussi des collaborations avec des jeunes pousses (startups) fintech africaines pour enrichir son offre (solutions de paiement, scoring de crédit alternatif, etc.), conscient que l’innovation peut aussi venir de l’extérieur. En Afrique de l’Ouest, AFG Bank CI pourrait s’appuyer sur l’écosystème fintech ivoirien dynamique, tandis qu’en Afrique centrale, des partenariats avec des opérateurs télécom (par ex. MTN, Orange) sont envisageables pour distribuer des services financiers sur mobile.
Enfin, AFG s’inscrit dans des partenariats institutionnels régionaux. Le groupe est membre de l’Association des Professionnels des Banques et Établissements Financiers (APBEF) dans plusieurs pays et participe à des initiatives régionales sur la finance inclusive. Par exemple, AFG collabore avec des programmes soutenus par la BAD ou la Fondation Mastercard dans le domaine de la microfinance, afin d’étendre l’éducation financière et l’accès au crédit des PME. Ces partenariats renforcent la crédibilité d’AFG et lui donnent accès à des ressources additionnelles (expertise, financements concessionnels, partage de risques) pour accompagner son expansion.
Couverture géographique et stratégie d’expansion
En 2025, AFG apparaît comme un groupe bancaire multirégional couvrant une large partie du continent africain. Né dans l’espace UEMOA il y a plus de 40 ans, le groupe a su s’étendre bien au-delà de son berceau d’origine. Voici un aperçu de son empreinte géographique et de sa stratégie d’expansion :
• Pays couverts : AFG est présent (via des filiales bancaires, de microfinance ou d’assurance) dans une douzaine de pays africains. Ses banques commerciales opèrent en Côte d’Ivoire, au Mali, en Guinée (en cours d’intégration), au Cameroun, au Gabon, aux Comores et à Madagascar. Ses institutions de microfinance sont actives au Nigeria, au Liberia, au Rwanda et en Zambie. Cette couverture lui permet de toucher une population africaine très diverse, du Sahel à l’océan Indien. AFG est ainsi l’un des rares groupes à relier l’Afrique de l’Ouest francophone, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe au sein d’une même organisation financière.
• Sièges régionaux : Le siège social du groupe est établi à Abidjan, en Côte d’Ivoire, au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Ce choix reflète l’importance de la place financière abidjanaise et la volonté d’AFG d’y ancrer sa direction panafricaine. Historiquement, le groupe disposait aussi d’un hub à Douala (Cameroun) via sa filiale Atlantique Cameroun, pour piloter ses activités d’Afrique centrale. Aujourd’hui, avec l’intégration des nouvelles entités, AFG tend à centraliser ses fonctions stratégiques à Abidjan tout en maintenant des directions régionales de proximité. Par exemple, une direction Afrique centrale pourrait rester basée à Douala ou à Libreville pour superviser Cameroun, Gabon, tandis qu’une direction Afrique de l’Est et Océan Indien pourrait émerger pour Madagascar, Comores, Rwanda, Zambie. Cette organisation matricielle vise à concilier pilotage centralisé et ancrage local, chaque filiale conservant une certaine autonomie de gestion opérationnelle.
• Stratégie d’expansion : La croissance future d’AFG devrait continuer de combiner acquisitions ciblées et développement organique. Le groupe a montré qu’il savait se positionner sur des opportunités de rachat lorsque de grands groupes se désengagent. Des rumeurs l’avaient ainsi un temps associé à la reprise d’autres ex-filiales de BNP Paribas, notamment au Burkina Faso ou en Guinée (avant que la Guinée ne se concrétise via Société Générale). AFG reste à l’affût d’éventuelles cessions par des banques européennes ou panafricaines dans les zones où il n’est pas encore présent. En parallèle, le groupe entend consolider ses acquis dans chaque pays. Cela passe par l’extension du réseau d’agences (ou de points de service), la diversification de l’offre de produits, et la conquête de nouvelles clientèles (PME, banque de détail, clientèle haut de gamme via la bancassurance). Par exemple, en Côte d’Ivoire, AFG Bank CI prévoit d’étendre son réseau d’agences au-delà d’Abidjan pour rivaliser avec les banques établies. De même, au Mali, la filiale issue de BICIM pourrait chercher à financer davantage de PME locales pour accroître sa part de marché.
Le défi pour AFG sera d’intégrer pleinement ce patchwork d’entités hétérogènes en un ensemble cohérent. L’harmonisation des cultures d’entreprise, la formation du personnel aux nouveaux systèmes, et la consolidation financière du groupe sont autant de chantiers en cours. Koné Dossongui a déjà procédé à des réorganisations managériales pour accompagner ce changement d’échelle, en s’entourant de dirigeants expérimentés pour piloter les différentes filiales. Le groupe mise sur une identité unifiée – la marque “AFG Bank” – pour fédérer employés et clients autour d’un même standard de qualité de service.
Perspectives : La montée en puissance d’AFG s’inscrit dans une tendance de fond du secteur financier africain, marquée par la « relocalisation » des actifs bancaires. En rachetant des banques cédées par des groupes étrangers, des investisseurs africains comme AFG, le marocain BCP ou le Nigérian Access Bank, renforcent le contrôle local du capital bancaire. Cela pourrait à terme transformer le paysage bancaire du continent en y faisant émerger des champions régionaux autonomes. AFG, fort de son expertise multi-sectorielle (banque, assurance, télécoms, industrie) et de son réseau couvrant plusieurs économies stratégiques, semble bien placé pour faire partie de ces nouveaux champions. Son succès dépendra de sa capacité à tenir ses promesses d’innovation et d’efficacité, et à créer de la valeur tant pour les clients (via de meilleurs services) que pour les économies locales (via le financement accru des activités). Quoi qu’il en soit, AFG est désormais un nom incontournable de la banque en Afrique, symbolisant la confiance dans le potentiel du continent et la reprise en main de son destin financier par des acteurs africains.
Mérimé Wilson