Marchés & Financements

Niger : un financement de 144 millions de dollars de la BAD pour dynamiser l’énergie et l’économie

Le Niger vient d’obtenir un appui décisif de la Banque africaine de développement avec l’approbation d’un financement de 144,27 millions de dollars, soit près de 82 milliards de FCFA. Cette enveloppe est destinée à soutenir la première phase du Programme d’appui à la gouvernance du secteur de l’énergie et à la compétitivité. L’annonce intervient dans un contexte où l’accès à l’électricité reste l’un des principaux défis du pays, avec un taux de couverture limité à 22,5 % et à peine 4,5 % en zones rurales.

L’objectif de ce programme est ambitieux. Il s’agit de porter l’accès à l’électricité à 30 % d’ici 2026 tout en stimulant la contribution du secteur manufacturier à l’économie nationale, avec une progression attendue de 2,5 % à 3,8 % du PIB. Le plan met l’accent sur le développement des énergies renouvelables avec un objectif immédiat de 50 MW d’énergie solaire installés d’ici fin 2026, dans une trajectoire globale de 240 MW à moyen terme. Cette orientation illustre la volonté du Niger de diversifier son mix énergétique et de réduire sa dépendance aux importations et aux sources traditionnelles.

Au-delà de l’énergie, la BAD conditionne ce financement à des réformes structurelles. Le programme intègre la mobilisation accrue des recettes fiscales, la gestion rigoureuse des arriérés intérieurs et le renforcement du dialogue public-privé. L’idée est de consolider la gouvernance et de créer un climat plus propice aux investissements privés, essentiels pour relancer l’économie nationale.

Le pays affiche déjà des signaux de résilience avec une croissance de 8,8 % en 2024, principalement portée par l’essor de la production pétrolière, qui devrait passer de 20 000 à 90 000 barils par jour. Le financement de la BAD vient donc s’ajouter comme un catalyseur supplémentaire pour transformer cette croissance en développement durable et inclusif.

Les défis demeurent néanmoins considérables. Le déploiement des projets devra composer avec un environnement institutionnel fragile, des capacités techniques limitées et des tensions sécuritaires persistantes dans certaines régions. L’efficacité de ce programme dépendra de la transparence dans la gestion des fonds, de la bonne coordination des acteurs et de l’appropriation locale des réformes.

Ce prêt de 144 millions de dollars représente ainsi bien plus qu’un appui financier. Il constitue un test grandeur nature pour le Niger dans sa quête de transformation structurelle. Si les objectifs fixés sont atteints, le pays pourrait réduire sa fracture énergétique, renforcer sa compétitivité industrielle et poser les bases d’une croissance plus équilibrée. Mais si les obstacles persistent, l’écart entre ambitions et résultats pourrait encore s’élargir.

Patrick Tchounjo

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