RDC : le FMI prêt à débloquer 456 millions de dollars pour consolider la stabilité macroéconomique

La République démocratique du Congo (RDC) se rapproche d’un nouveau décaissement de 456 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre de son programme économique et financier triennal. Ce financement, attendu d’ici décembre 2025, témoigne de la confiance renouvelée du FMI dans la gestion macroéconomique du pays et de son engagement à accompagner la résilience budgétaire face à un contexte interne et externe toujours fragile.
Selon un communiqué du FMI, les services du Fonds et les autorités congolaises ont conclu, le 5 novembre 2025, un accord préliminaire à l’issue d’une mission conduite du 22 octobre au 5 novembre à Kinshasa. Cet accord porte sur la deuxième revue du programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et sur la première revue du programme soutenu par la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD).
Le décaissement global se décompose en 268 millions de dollars au titre de la FEC et 188 millions de dollars au titre de la FRD, un mécanisme destiné à renforcer la capacité des pays à faire face aux chocs climatiques et structurels. La validation du dossier par la direction générale et le conseil d’administration du FMI, prévue pour décembre 2025, constituera la dernière étape avant le versement effectif des fonds.
Un appui budgétaire majoritaire pour soutenir la politique économique
Contrairement aux précédents financements, cette nouvelle enveloppe sera orientée principalement vers le budget de l’État. Sur les 456 millions de dollars, 377 millions seront transférés directement au Trésor public, tandis que 79 millions seront affectés à la Banque centrale du Congo (BCC) pour renforcer les réserves internationales.
Cette configuration répond à un double objectif : soutenir la politique budgétaire du gouvernement tout en consolidant la stabilité extérieure du pays. D’après le FMI, la position extérieure de la RDC s’est améliorée, grâce à une accumulation progressive des réserves internationales et à une réduction du déficit du compte courant, bien que le niveau des réserves demeure en deçà des seuils d’adéquation recommandés.
Cet appui budgétaire massif traduit la volonté du Fonds d’appuyer les efforts du gouvernement congolais pour financer les dépenses prioritaires, maîtriser l’inflation, et accroître la marge de manœuvre budgétaire face à la volatilité des recettes minières.
Des progrès salués mais des défis persistants
Le FMI salue la gestion prudente des finances publiques et la bonne performance des réformes structurelles menées par Kinshasa depuis le lancement du programme triennal. Cependant, le pays continue de faire face à des défis majeurs.
Le conflit armé dans l’est du pays, les chocs humanitaires et les épidémies récurrentes comme celles de la maladie à virus Ebola continuent de peser sur les finances publiques et sur la stabilité sociale. Ces pressions structurelles appellent à une gestion plus rigoureuse de la dépense publique et à une mobilisation accrue des ressources internes.
Le FMI encourage également les autorités congolaises à renforcer la transparence budgétaire, à améliorer la gouvernance dans le secteur minier, et à accélérer la digitalisation du système fiscal afin de sécuriser les recettes non pétrolières.
La RDC sur la voie de la consolidation macroéconomique
Malgré un environnement complexe, la RDC affiche une trajectoire de croissance robuste, soutenue par la production minière, la consommation intérieure et les investissements publics. Le programme en cours avec le FMI, appuyé par la FEC et la FRD, vise à consolider cette dynamique en assurant une meilleure gestion des revenus miniers, une stabilité des prix et une diversification progressive de l’économie.
Pour la Banque centrale du Congo, le renforcement des réserves via les 79 millions de dollars transférés à son compte à la Banque des règlements internationaux (BRI) est crucial pour maintenir la stabilité du franc congolais et préserver la confiance des marchés.
La mise en œuvre efficace de ce programme reste essentielle pour attirer davantage d’investissements, renforcer la crédibilité du cadre macroéconomique et soutenir la transition vers une croissance inclusive et résiliente.
Un partenariat stratégique renouvelé entre Kinshasa et le FMI
Ce nouvel appui du FMI confirme la relance du partenariat stratégique entre Kinshasa et les institutions financières internationales. Depuis 2021, la RDC bénéficie d’un programme triennal d’un montant global de 1,52 milliard de dollars, articulé autour de la stabilité macroéconomique, de la transparence dans la gestion des ressources publiques et du développement durable.
Avec ce nouveau décaissement attendu, le pays consolide sa crédibilité auprès de ses partenaires, tout en obtenant les moyens nécessaires pour financer ses priorités sociales et économiques dans un contexte mondial incertain.
Pour les observateurs, cette décision du FMI illustre la progression de la RDC dans la gouvernance économique, mais aussi la reconnaissance de ses efforts pour stabiliser son cadre macroéconomique et moderniser ses institutions financières.
Patrick Tchounjo



