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UEMOA–CEMAC : la pression réglementaire s’intensifie sur les banques face aux exigences de conformité internationale

Dans les zones UEMOA et CEMAC, la régulation bancaire franchit un cap décisif. La BCEAO et la COBAC durcissent depuis deux ans les règles de conformité afin de consolider la stabilité du système financier et d’aligner les établissements sur les standards internationaux. Les banques locales et régionales doivent désormais composer avec des exigences plus strictes en matière de fonds propres, de gouvernance et de contrôle des risques. Cette évolution pose un défi majeur : absorber des coûts réglementaires croissants tout en maintenant une rentabilité déjà mise sous pression.

Sous l’impulsion du GAFI et des partenaires internationaux, les régulateurs africains exigent des dispositifs renforcés de KYC (Know Your Customer), de lutte contre le blanchiment des capitaux (LCB/FT) et de traçabilité des transactions. En Afrique centrale, la COBAC a introduit des ratios de solvabilité plus élevés et un suivi accru des créances en souffrance. En Afrique de l’Ouest, la BCEAO impose un reporting plus détaillé et des systèmes de contrôle interne modernisés.

Cette montée en rigueur se traduit par des investissements massifs dans la cybersécurité, l’automatisation des processus et la formation des équipes. Les grandes banques régionales, mieux capitalisées, considèrent la conformité comme un axe stratégique pour attirer des financements internationaux. Mais pour les banques de taille moyenne, la pression réglementaire pèse fortement sur les marges et menace leur compétitivité.

Au-delà de la contrainte, cette évolution constitue aussi une opportunité. Les établissements qui se conforment aux standards internationaux renforcent leur crédibilité bancaire, sécurisent leurs relations de correspondance et améliorent leur attractivité auprès des investisseurs étrangers. Dans un contexte marqué par la montée des cyberattaques et le durcissement de la surveillance mondiale des flux financiers, la rigueur réglementaire devient un gage de stabilité et de confiance.

La question clé demeure celle de l’équilibre. Trop de contraintes prudentielles risquent de limiter la capacité des banques à financer les PME et l’agriculture, piliers de la croissance inclusive. Trop peu de surveillance, à l’inverse, exposerait le secteur aux sanctions internationales et à une perte de crédibilité sur les marchés.

En UEMOA comme en CEMAC, la conformité n’est plus une option mais une obligation vitale. Le véritable défi pour les banques francophones réside dans leur capacité à transformer cette pression réglementaire en levier stratégique, afin de bâtir un système bancaire solide, compétitif et crédible sur la scène internationale.

Patrick Tchounjo

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