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Mobilisation fiscale : le Cameroun gagne 22,9 milliards FCFA au premier trimestre 2025

Les recettes fiscales du Cameroun ont affiché une légère progression au premier trimestre 2025, selon la note de conjoncture économique publiée par le ministère des Finances (Minfi). Elles se sont établies à 997,7 milliards FCFA, contre 974,8 milliards FCFA à la même période en 2024, soit une hausse de 2,3 %, correspondant à un gain de 22,9 milliards FCFA pour le Trésor public.

Cette évolution modérée mais positive traduit la résilience du système fiscal camerounais dans un contexte économique complexe, marqué par la baisse des recettes pétrolières, la hausse des dépenses publiques et la poursuite des efforts de mobilisation des ressources internes.

Une performance fragile mais encourageante

L’augmentation enregistrée confirme la capacité de l’administration fiscale à maintenir un rythme de recouvrement stable, malgré un environnement macroéconomique moins favorable. Le Cameroun a notamment renforcé sa lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, tout en poursuivant la digitalisation du paiement des impôts via les plateformes en ligne du Minfi et de la Direction générale des impôts (DGI).

Cependant, cette amélioration globale reste fragile et inégalement répartie selon les catégories de recettes.

Des disparités marquées entre les segments fiscaux

La note de conjoncture révèle que les impôts et taxes ont enregistré un recul de 4,8 %, passant de 769,1 à 732,4 milliards FCFA, soit une perte de 36,7 milliards FCFA. Selon plusieurs économistes, cette contre-performance s’explique par un ralentissement de certaines activités économiques, en particulier dans les secteurs du commerce, du transport et de la construction, mais aussi par les difficultés persistantes de recouvrement auprès de certaines grandes entreprises.

À l’inverse, les recettes douanières ont progressé, soutenues par la hausse du volume des importations et par une meilleure sécurisation des flux commerciaux dans les principaux ports du pays, notamment à Douala et Kribi. Cette performance douanière a contribué à compenser partiellement le recul des impôts intérieurs, confirmant le rôle stratégique de la Douane camerounaise dans la stabilisation des recettes publiques.

Le contexte économique en toile de fond

La hausse des recettes fiscales intervient alors que le Cameroun poursuit ses efforts pour renforcer la discipline budgétaire et réduire sa dépendance aux revenus pétroliers. Le gouvernement mise sur une mobilisation accrue des ressources non pétrolières, dans la perspective de consolider les finances publiques et de financer les priorités du Plan national de développement 2030 (SND30).

Malgré un environnement marqué par l’inflation, la hausse du coût des importations et la pression sur le pouvoir d’achat, l’État parvient à maintenir une trajectoire de recettes en progression, preuve d’une certaine efficacité administrative et d’une meilleure gouvernance fiscale.

Une dynamique à consolider

Pour le ministère des Finances, ces résultats soulignent la nécessité de poursuivre les réformes structurelles engagées dans la gestion des recettes. L’élargissement de l’assiette fiscale, la digitalisation des procédures, la simplification des déclarations et le renforcement de la transparence constituent les prochains leviers d’action.

Les experts estiment toutefois que le véritable défi reste celui de la mobilisation durable des ressources internes, dans un contexte où la croissance économique, estimée à environ 3,8 % en 2025, demeure insuffisante pour soutenir une augmentation significative des recettes fiscales.

L’administration fiscale camerounaise devra donc concilier exigence de performance et pression sociale croissante, tout en maintenant un climat propice à l’investissement et à la formalisation du tissu économique.

Patrick Tchounjo

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