UMOA : Dakar franchit le cap des 2 000 milliards FCFA et séduit encore les investisseurs

Le Sénégal a de nouveau sollicité le marché financier régional de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) en mobilisant 98,99 milliards FCFA lors d’une émission simultanée de Bons et Obligations assimilables du Trésor (BAT et OAT). Cette opération, réalisée le 14 novembre 2025, porte à 2 043 milliards FCFA le montant total levé par Dakar depuis le début de l’année, faisant tomber le seuil symbolique des 2 000 milliards FCFA de ressources mobilisées en dix mois seulement.
Une opération largement sursouscrite dans un contexte exigeant
Avec un taux de couverture de 111,35 %, l’émission illustre l’intérêt soutenu des investisseurs régionaux pour la signature souveraine sénégalaise. Les soumissions globales ont atteint 100,215 milliards FCFA pour un objectif de 99 milliards, démontrant une demande solide malgré un environnement économique marqué par des tensions budgétaires dans l’ensemble de l’Union. Le Trésor public a retenu 98,99 milliards FCFA, soit près de la totalité des offres reçues, en ligne avec sa stratégie de financement.
La structure de l’opération met en évidence la forte prédominance de l’échéance à trois ans, qui concentre une grande partie des ressources mobilisées. Les BAT à 364 jours et l’OAT à 5 ans complètent la levée de fonds, illustrant le choix du Trésor d’équilibrer gestion du risque de refinancement et maîtrise du coût de la dette.
Ajustements de taux et arbitrages stratégiques
Afin d’assurer l’attractivité de l’opération, les rendements proposés ont été ajustés. Le taux moyen du BAT 364 jours a été relevé, passant de 6,75 % à 7,32 %, signalant une rémunération plus élevée pour les investisseurs à court terme. À l’inverse, le rendement de l’OAT 3 ans a été réduit, passant de 7,61 % à 6,89 %, offrant au Sénégal l’opportunité d’abaisser le coût de sa dette à moyen terme. L’OAT 5 ans a connu un ajustement plus léger, reflétant un arbitrage visant à maintenir la confiance tout en limitant l’alourdissement de la charge d’intérêts.
Ces ajustements montrent que le Trésor sénégalais pilote activement sa courbe de taux et adapte ses décisions aux conditions du marché.
Les investisseurs régionaux en première ligne
La performance de cette émission s’appuie fortement sur la participation des investisseurs ouest-africains. Les acteurs sénégalais ont été les premiers contributeurs, avec près de la moitié des montants retenus. Les investisseurs ivoiriens ont suivi, confirmant leur rôle croissant sur le marché de la dette régionale. Les souscriptions provenant du Togo, du Burkina Faso et du Bénin complètent l’opération, réaffirmant l’importance du marché UMOA en tant que source de financement intra-régionale.
Cette dynamique confirme que le Sénégal conserve une réputation solide auprès des intervenants financiers, en dépit de ses besoins de financement élevés.
Un signal fort sur la capacité du Sénégal à honorer sa dette
Cette opération intervient dans un contexte où les autorités sénégalaises réaffirment régulièrement leur engagement à honorer le service de la dette et à assurer la stabilité de leur trajectoire financière. Le niveau de sursouscription témoigne de la crédibilité maintenue par le pays auprès des investisseurs, malgré les pressions macroéconomiques et un recours intensif au marché régional depuis le début de l’année.
En franchissant le cap des 2 043 milliards FCFA levés en 2025, Dakar confirme sa stratégie consistant à utiliser pleinement les marchés UMOA pour sécuriser ses équilibres budgétaires et refinancer ses engagements.
Une illustration de l’évolution du financement public dans l’UMOA
Cette levée démontre l’importance croissante du marché régional comme plateforme de financement des États membres. Le cas du Sénégal illustre l’agilité nécessaire pour maintenir l’accès au financement dans un environnement de taux plus volatile, tout en préservant la confiance du marché. Dans une UEMOA où les besoins publics augmentent, la capacité du Sénégal à mobiliser plus de 2 000 milliards FCFA en une seule année renforce son statut d’émetteur majeur et de référence dans la zone.
Patrick Tchounjo



