Infrastructures : la BAD injecte 100 millions USD pour attirer davantage de capitaux privés en Afrique

La Banque africaine de développement (BAD) renforce son rôle de catalyseur des investissements privés en annonçant une enveloppe de 100 millions de dollars destinée à l’Emerging Africa and Asia Infrastructure Fund (EAAIF). Ce financement constitue un appui stratégique pour attirer davantage de capitaux privés vers les projets structurants en Afrique, dans un contexte où le déficit d’infrastructures demeure l’un des principaux freins à la croissance durable sur le continent.
Un levier majeur pour accélérer les investissements privés
Le nouvel engagement de la BAD vise clairement à renforcer la capacité de l’EAAIF à mobiliser des financements privés pour des projets à fort impact économique et social. La banque panafricaine veut ainsi encourager un plus grand nombre d’investisseurs à s’engager dans des marchés perçus comme risqués, mais offrant un potentiel de rendement élevé et une demande croissante en infrastructures modernes.
L’EAAIF, géré par la société de gestion sud-africaine Ninety One et intégré au Private Infrastructure Development Group (PIDG), a démontré sa capacité à transformer les financements publics en leviers pour attirer les capitaux privés. Ce partenariat renouvelé atteste de la confiance continue de la BAD dans la gouvernance du fonds et son aptitude à structurer des projets porteurs d’opportunités dans les secteurs clés du développement.
Des investissements ciblés dans les secteurs stratégiques du continent
Cette nouvelle allocation permettra de soutenir davantage de projets dans des domaines essentiels. Les énergies renouvelables demeurent une priorité, en particulier les centrales solaires et les parcs éoliens, qui répondent simultanément aux besoins énergétiques et aux impératifs de transition climatique. Le numérique, secteur en pleine expansion, fait également partie des axes d’investissement, notamment pour le développement des data centers, des infrastructures cloud et de la connectivité haut débit.
Les infrastructures de transport, indispensables à la compétitivité régionale, bénéficieront également de cet appui. Des projets d’autoroutes, de ports, ou encore de logistique urbaine pourront être financés, contribuant directement à améliorer la fluidité des échanges commerciaux et l’intégration économique.
L’EAAIF se donne ainsi pour mission d’améliorer l’accès aux services essentiels (énergie, connectivité, mobilité) en ciblant les pays où l’impact sur la croissance inclusive peut être le plus significatif.
Une collaboration stratégique et durable
Pour les responsables de l’EAAIF, cette contribution renouvelée de la BAD constitue un soutien crucial au moment où le Fonds intensifie ses efforts pour attirer des financements privés vers les infrastructures africaines. La BAD, en jouant un rôle d’investisseur d’ancrage, réduit le niveau de risque perçu, ce qui encourage la participation d’acteurs institutionnels internationaux à des projets jusque-là considérés comme trop volatils.
Cette stratégie illustre l’évolution de l’approche adoptée par la BAD : au-delà du financement direct, l’objectif est désormais de structurer des outils permettant d’élargir considérablement la base d’investisseurs, tout en facilitant la mise en œuvre de projets de long terme.
Un objectif de 850 millions USD d’investissements d’ici 2027
Ce financement s’inscrit dans une campagne de levée de fonds plus large portée par l’EAAIF, avec pour ambition de mobiliser 300 millions de dollars en 2025. Le Fonds prévoit d’investir 850 millions de dollars d’ici 2027 dans des projets d’infrastructures en Afrique et en Asie. Cette trajectoire vise à répondre au déficit chronique de financement des infrastructures, estimé à plus de 100 milliards de dollars par an sur le seul continent africain.
Pour la BAD, ce partenariat avec l’EAAIF permet de maximiser l’impact de ses capitaux propres et d’attirer des ressources additionnelles qu’aucune institution publique ne pourrait mobiliser seule. La dynamique actuelle ouvre la voie à une multiplication des projets d’envergure dans les secteurs clés de la transformation économique.
Une dynamique porteuse pour l’avenir des infrastructures africaines
En renforçant l’EAAIF, la BAD amplifie son rôle de moteur du financement climatique, énergétique et numérique. Les deux institutions saluent une collaboration qui devrait permettre de stimuler l’innovation, d’accélérer la croissance inclusive et de renforcer la résilience des économies africaines face aux chocs externes.
Ce nouvel engagement de 100 millions de dollars n’est pas simplement une injection de liquidités ; il représente un signal stratégique envoyé au marché : les infrastructures africaines restent une opportunité majeure pour les investisseurs globaux, à condition d’être appuyées par des mécanismes de partage des risques et par des institutions capables de garantir la viabilité des projets.
Patrick Tchounjo



