Banque & Vous

Les banques face à la chute du cacao et du café : la Cemac sous pression agricole

Les prix des produits agricoles exportés par les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont reculé de 10,3 % entre le deuxième et le troisième trimestres de l’année 2025, selon les dernières données de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Cette contraction, plus marquée que la baisse de 7,9 % enregistrée entre les deux premiers trimestres, traduit un ralentissement notable sur les marchés internationaux du cacao, du café et du tabac.

D’après l’indice composite des cours des produits de base (ICCPB) publié par la banque centrale, cette évolution négative s’explique principalement par la chute des prix du cacao, qui pèse lourdement dans les exportations agricoles du Cameroun, du Gabon et de la Guinée équatoriale, ainsi que par la baisse continue des cours du café arabica et robusta, deux produits fortement dépendants de la demande européenne et asiatique.

La BEAC souligne que cette tendance résulte d’un ralentissement de la consommation mondiale, en lien avec les tensions géopolitiques persistantes, l’inflation dans les pays importateurs et la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs sur les marchés occidentaux. Le tabac n’échappe pas à cette conjoncture défavorable, ses cours enregistrant également un recul sensible au cours du trimestre.

En revanche, certains produits comme le caoutchouc, le bois et les huiles végétales ont mieux résisté, amortissant partiellement la chute globale de l’indice agricole. Toutefois, la contribution du secteur agricole à la performance extérieure de la Cemac s’en trouve affaiblie, dans un contexte où les pays membres cherchent à diversifier leurs exportations pour réduire leur dépendance aux produits de rente.

Pour les observateurs économiques, cette baisse des prix agricoles met en lumière la vulnérabilité structurelle des économies de la sous-région face à la volatilité des cours mondiaux. Elle rappelle l’urgence d’accélérer la transformation locale du cacao et du café, afin de capter davantage de valeur ajoutée et de stabiliser les revenus des producteurs.

Dans plusieurs capitales, notamment à Yaoundé et à Douala, des initiatives publiques et privées se multiplient pour moderniser la filière, renforcer les capacités industrielles et améliorer la compétitivité des exportations. Ces efforts pourraient, à moyen terme, réduire l’impact des fluctuations internationales sur les recettes agricoles et offrir un modèle plus résilient à la Cemac.

Patrick Tchounjo

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page