Financement structuré : Ecobank pilote une des plus grandes acquisitions agro-industrielles en CEMAC

Ecobank Cameroun, filiale du groupe bancaire panafricain Ecobank Group, a annoncé son rôle déterminant dans une acquisition transfrontalière majeure menée par le groupe industriel camerounais CADYST. La banque a structuré et financé l’opération permettant à CADYST de racheter deux acteurs clés du marché de la minoterie : la Société des Grands Moulins du Cameroun (SGMC) et la Société Les Grands Moulins du Phare (SGMP) au Congo. Cette transaction renforce la position de CADYST dans la chaîne de valeur du blé et marque une étape décisive dans la consolidation de l’agro-industrie en Afrique centrale.
Une acquisition stratégique qui repositionne CADYST dans la minoterie régionale
Déjà présent dans la transformation du blé à travers Cadyst Grain (ex–La Pasta SA), le groupe camerounais franchit un cap stratégique. L’intégration simultanée des filiales camerounaise et congolaise de SOMDIA accroît instantanément sa capacité de production, élargit son empreinte régionale et renforce sa résilience face aux fluctuations du marché des matières premières. Cette opération constitue également une opportunité de rationalisation industrielle et logistique, dans un contexte où la sécurité alimentaire est devenue un enjeu prioritaire en Afrique centrale.
Ecobank, architecte financier d’une opération à forte portée régionale
La participation d’Ecobank à cette transaction illustre la montée en puissance des banques africaines dans les financements structurés complexes. L’établissement a mobilisé son réseau panafricain, ses équipes corporate et son expertise sectorielle pour concevoir des solutions de crédit adaptées à une opération transformatrice impliquant plusieurs juridictions.

Ce rôle de partenaire financier clé démontre la capacité d’Ecobank à accompagner des champions nationaux dans leurs ambitions d’expansion régionale, en cohérence avec les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). L’acquisition des SGMC et SGMP symbolise l’émergence de groupes industriels capables de dépasser les frontières nationales pour constituer des pôles intégrés opérant à l’échelle sous-régionale.
Sécurité alimentaire et intégration industrielle : un impact direct sur la région CEMAC
La consolidation opérée par CADYST crée un acteur agro-industriel de premier plan susceptible de stabiliser l’approvisionnement en blé et en farine dans plusieurs marchés de la CEMAC. L’expansion de la capacité de production devrait favoriser la réduction des coûts logistiques, améliorer la qualité de l’offre et renforcer la compétitivité régionale face aux importations.
Sur le plan macroéconomique, cette opération ouvre la voie à de nouveaux investissements industriels au Cameroun et au Congo, tout en stimulant l’emploi direct et indirect dans les chaînes de valeur agricoles, logistiques et commerciales. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large visant à renforcer la souveraineté alimentaire dans une région fortement dépendante des importations de céréales.

Un engagement clair d’Ecobank en faveur des champions nationaux
Pour Ecobank, cette transaction s’inscrit dans une stratégie assumée d’accompagnement des entreprises africaines dans leur montée en puissance. La directrice générale d’Ecobank Cameroun et du cluster CEMAC, Gwendoline Abunaw, souligne que le rôle de la banque dépasse la simple prestation de services financiers : il consiste à structurer des financements adaptés aux ambitions industrielles de long terme, en mobilisant les ressources et l’expertise de son réseau continental.
Cette approche vise à soutenir la diversification économique des pays de la région et à promouvoir l’émergence d’acteurs capables de rivaliser sur les marchés africains et internationaux.
Une opération emblématique de la nouvelle dynamique panafricaine
L’acquisition des actifs de SOMDIA par CADYST, soutenue par Ecobank, met en lumière un modèle d’intégration régionale piloté par des groupes africains et financé par des institutions panafricaines. Elle confirme la transition progressive vers des structures industrielles plus fortes, plus capitalisées et mieux intégrées verticalement.
Dans un environnement marqué par la volatilité des cours du blé, les tensions logistiques mondiales et la nécessité de renforcer les chaînes d’approvisionnement locales, cette transaction apparaît comme un catalyseur majeur pour la résilience agro-industrielle en Afrique centrale.

Patrick Tchounjo



