Système financier ivoirien : la BCEAO autorise quinze acteurs pour la PI-SPI
La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a annoncé, le 13 novembre 2025, avoir autorisé quinze établissements financiers opérant en Côte d’Ivoire à proposer au public les services de la Plateforme Interopérable du Système de Paiement Instantané (PI-SPI). Cette décision marque une étape décisive dans le passage à la commercialisation effective du paiement instantané dans l’UEMOA.
Une première cohorte de quinze acteurs autorisés
Cette première vague regroupe douze banques, deux systèmes financiers décentralisés (SFD) et un émetteur de monnaie électronique.
Les acteurs explicitement mentionnés dans le communiqué sont :
- Banques : Banque nationale d’investissement (BNI), Bank Of Africa (BOA) ,Société ivoirienne de banque (SIB), Ecobank , Coris Bank , Bridge Bank
- Systèmes financiers décentralisés : COFINA , Baobab
- Émetteur de monnaie électronique : Orange Money
La BCEAO ne fournit pas, pour l’instant, les noms des six autres banques autorisées dans cette première phase, qui seront communiquées lors des prochaines annonces.
Deux grands absents : Société Générale et Banque Atlantique
Fait notable, deux acteurs majeurs du secteur (Société Générale Côte d’Ivoire et Banque Atlantique) ne figurent pas dans cette première vague d’autorisations.
Cette absence interroge, d’autant que ces deux institutions avaient activement participé à la mise en service technique de la PI-SPI le 30 septembre 2025.
Leur retrait temporaire pourrait s’expliquer par des ajustements internes, des tests complémentaires ou une stratégie de déploiement progressive, alors que la BCEAO accélère clairement la bascule vers l’usage massif du paiement instantané.
PI-SPI : l’infrastructure qui réinvente les paiements dans l’UEMOA
Développée et opérée par la BCEAO, la PI-SPI s’impose comme l’un des projets les plus ambitieux du système financier ouest-africain.
Elle permet d’effectuer des transferts instantanés, en quelques secondes, 24h/24 et 7j/7, quelle que soit la banque ou le réseau mobile de l’expéditeur et du bénéficiaire.
Son architecture garantit une interopérabilité totale entre banques, fintechs, opérateurs de mobile money et institutions de microfinance.
Pour l’utilisateur final, l’objectif est simple : faire circuler l’argent aussi facilement qu’un message téléphonique, sans contrainte d’horaires, de guichets ou de réseaux.
Un levier majeur pour l’inclusion financière et la transformation numérique
L’autorisation accordée à cette première cohorte marque l’entrée du système financier ivoirien dans une nouvelle ère. En intégrant simultanément des banques, des SFD et un acteur de mobile money, la BCEAO pose les bases d’une véritable démocratisation du paiement instantané dans l’UEMOA.
Cette étape devrait accélérer :
la bancarisation et l’inclusion financière ; l’essor du commerce électronique ; la compétitivité des banques face aux fintechs ; la modernisation des services publics et des paiements marchands ; la fluidité des transactions entre particuliers, entreprises et administrations.
Vers un nouvel écosystème des paiements en Côte d’Ivoire
En Côte d’Ivoire, marché pilote et laboratoire régional du numérique financier, l’ouverture au public de la PI-SPI devrait transformer profondément les usages.
La convergence entre banques, mobile money et microfinances ouvre la voie à une interopérabilité attendue depuis plus de dix ans.
Avec cette décision, la BCEAO confirme sa volonté de bâtir un écosystème de paiements plus rapide, plus accessible et véritablement régional, positionnant l’UEMOA au niveau des standards internationaux du paiement instantané.
Patrick Tchounjo
