Tchad : la SFI double ses engagements financiers à 200 millions USD dans le cadre du plan “Tchad Connexion 2030”

La Société financière internationale (SFI), branche du Groupe de la Banque mondiale dédiée au financement du secteur privé, a confirmé le doublement de ses engagements au Tchad, qui passeront de 100 à 200 millions de dollars d’ici 2026.
L’annonce a été officialisée à l’issue d’une rencontre stratégique tenue le 15 Octobre dernier à Washington entre la délégation tchadienne conduite par Tahir Hamid Nguilin, ministre d’État chargé de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale, et les dirigeants de la SFI. Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre du renforcement du partenariat entre le Tchad et les institutions financières internationales, en amont du Forum Commercial et d’Investissement Émirats Arabes Unis – Tchad, prévu les 10 et 11 novembre 2025 à Abou Dhabi.
Ce doublement des engagements financiers s’aligne sur le plan national “Tchad Connexion 2030”, une initiative phare du gouvernement tchadien visant à repositionner le pays comme un hub d’investissement, d’innovation et de développement durable en Afrique centrale. Avec ce plan, le Tchad affiche des ambitions inédites : doubler son PIB d’ici 2030, en s’appuyant sur une trajectoire de croissance annuelle proche de 8 % et sur un financement global estimé à 30 milliards de dollars. Ce niveau d’investissement place le pays parmi les plans de développement les plus ambitieux du continent africain.
Selon la SFI, cette décision traduit la confiance renouvelée dans le potentiel économique du Tchad et la volonté d’accompagner le pays dans sa transition vers un modèle de croissance inclusive et résiliente. Les nouveaux financements viseront des secteurs prioritaires à fort effet multiplicateur tels que l’énergie, l’agro-industrie, les services financiers, le numérique et les infrastructures. L’objectif est de stimuler la productivité, de moderniser les chaînes de valeur et de favoriser la création d’emplois durables, notamment pour les jeunes et les femmes.
La SFI a précisé que cette enveloppe permettra également d’appuyer la mise en œuvre de projets structurants dans le domaine des énergies renouvelables et de l’accès à l’électricité, un levier essentiel pour la compétitivité des entreprises locales. L’institution compte aussi renforcer la digitalisation du secteur bancaire tchadien, afin de faciliter le financement des PME et des startups, en particulier celles dirigées par des entrepreneurs jeunes et innovants.
Pour le gouvernement tchadien, cette décision représente un tournant stratégique dans la mise en œuvre du plan “Tchad Connexion 2030”. Depuis plusieurs mois, N’Djamena mène une diplomatie économique offensive, multipliant les partenariats bilatéraux et multilatéraux afin d’attirer des capitaux étrangers et d’instaurer un climat d’affaires plus compétitif.
Le ministre Tahir Hamid Nguilin a salué ce nouveau partenariat, le qualifiant de “reconnaissance tangible des efforts du Tchad pour stabiliser le cadre macroéconomique, améliorer la gouvernance économique et renforcer la transparence des investissements publics et privés”.
Le plan “Tchad Connexion 2030”, qui sera présenté officiellement à Abou Dhabi les 10 et 11 novembre, constitue le socle de la nouvelle vision de développement du pays. L’événement, organisé conjointement par le gouvernement tchadien et des partenaires du Golfe, réunira des investisseurs internationaux, des institutions financières régionales, des fonds souverains et des entreprises multinationales.
L’objectif de ce forum est d’attirer des investissements directs dans les secteurs jugés stratégiques, de signer de nouveaux partenariats économiques et de renforcer les liens entre le Tchad et les pays du Moyen-Orient, en particulier les Émirats arabes unis, devenus des partenaires privilégiés de la transformation économique tchadienne.
Selon les experts économiques présents à Washington, la décision de la SFI d’accroître ses engagements pourrait jouer un rôle catalyseur pour d’autres institutions multilatérales et investisseurs privés. Elle démontre que le Tchad est perçu comme un marché émergent à fort potentiel, grâce à ses ressources naturelles, à la stabilité politique retrouvée et aux réformes macroéconomiques engagées ces dernières années.
La SFI a rappelé que son soutien s’inscrit dans sa stratégie régionale visant à mobiliser plus de capitaux privés dans les économies africaines dites “frontières”, où le déficit d’investissement reste un frein majeur à la croissance. En Afrique centrale, le Tchad est désormais considéré comme un maillon essentiel de l’intégration économique régionale, notamment au sein de la CEMAC, grâce à ses réformes de libéralisation économique et à sa politique d’ouverture.
Le doublement des engagements de la SFI à 200 millions USD marque donc un tournant symbolique et structurel. Au-delà du simple apport financier, cette annonce confirme la montée en puissance du plan “Tchad Connexion 2030” comme pilier central de la transformation économique du pays. Si ces fonds sont pleinement mobilisés, ils devraient contribuer à redéfinir le paysage du secteur privé tchadien, à améliorer l’inclusion financière et à stimuler la compétitivité nationale.
Le Tchad entre ainsi dans une nouvelle phase de son développement, où la coopération internationale, l’investissement privé et l’innovation technologique deviennent les moteurs d’une croissance durable et inclusive.
Patrick Tchounjo



