UEMOA. L’Institut d’émission ouvre son 42e appel d’offres hebdomadaire : 7 750 Mds FCFA à une semaine, taux plancher 3,25 %

L’Institut d’émission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine a lancé ce lundi 20 octobre 2025 son quarante-deuxième appel d’offres hebdomadaire d’injection de liquidité au guichet à une semaine. L’avis fixe la date limite de soumission à 10h00 GMT et reconduit un taux minimum de 3,25 %, niveau du principal taux directeur en vigueur. Le volume mis à disposition du système bancaire atteint 7 750 milliards de francs CFA, confirmant la présence d’un besoin structurel de refinancement dans la zone.
La mécanique de l’opération est bien rodée. Les établissements mobilisent du collatéral éligible pour obtenir des ressources au coût plancher, ce qui ancre les taux courts autour du niveau de politique monétaire. L’objectif est de lisser les tensions de fin de période liées aux règlements de titres publics, d’assurer une distribution ordonnée de la liquidité et de réduire la volatilité intra-semaine des taux interbancaires. Le calibrage hebdomadaire demeure l’instrument central de transmission, avec un effet direct sur la courbe des taux à très court terme et, par ricochet, sur les conditions de financement des Trésors et du secteur privé.
Le contexte monétaire reste inchangé depuis la réunion de septembre. Le principal taux directeur est maintenu à 3,25 % et le guichet de prêt marginal à 5,25 %, balisant un corridor opérationnel qui guide la formation des taux du marché monétaire. Ce statu quo traduit un arbitrage entre consolidation de la désinflation et soutien prévisible à l’activité. Une combinaison de volumes élevés à l’hebdomadaire et d’un plancher stable devrait maintenir les adjudications souveraines du marché régional dans une fourchette cohérente avec l’objectif de stabilité financière et limiter la dispersion des taux entre établissements.
Pour les banques, l’enjeu est d’optimiser le coût moyen de refinancement. Les bilans disposant d’un coussin de collatéral de qualité devraient soumissionner au plus près du plancher, tandis que les profils plus tendus arbitreront entre guichet principal, interbancaire et prêt marginal. Les opérations de la rentrée ont déjà montré que la fenêtre hebdomadaire absorbe l’essentiel de la demande systémique, ce qui prévient les épisodes de surchauffe sur l’overnight.
L’angle macrofinancier demeure déterminant. Des injections régulières soutiennent un atterrissage ordonné de l’inflation sous hypothèse de chocs externes contenus. En ancrant les anticipations autour du taux directeur, l’Institut d’émission consolide la crédibilité du cadre opérationnel tout en préservant l’accès au crédit pour ménages et entreprises. La coordination avec les politiques budgétaires nationales reste toutefois cruciale afin d’éviter l’éviction du crédit privé et de contenir les primes de risque sur les émissions primaires.
Trois indicateurs guideront la lecture de la séance. Le taux moyen pondéré d’allocation, baromètre de la pression de demande à court terme. Le taux de couverture, révélateur de l’appétit systémique et de la distribution inter-banques. La dynamique des réserves excédentaires après règlement, qui oriente le comportement des taux jusqu’à la prochaine adjudication. Leur combinaison dira si la liquidité circule efficacement vers le crédit productif, priorité affichée dans une phase où la zone cherche à concilier désinflation durable et croissance inclusive.
Patrick Tchounjo



