BOAD : un nouveau front contre la faim et la pauvreté

La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) renforce son ancrage dans la diplomatie mondiale du développement. L’institution basée à Lomé est désormais membre officiel de l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, une initiative internationale lancée sous la présidence brésilienne du G20 pour unir les forces publiques et privées face aux inégalités structurelles et à l’insécurité alimentaire.
Cette adhésion, actée en septembre 2025, traduit la volonté de la BOAD d’élargir son rôle au-delà du financement classique des infrastructures et des politiques économiques pour se positionner comme un acteur global de la lutte contre la vulnérabilité sociale. Elle intervient dans un contexte où l’Afrique de l’Ouest, frappée par la volatilité des prix alimentaires et la progression de la pauvreté rurale, cherche des leviers nouveaux pour concilier croissance et inclusion.
En intégrant cette coalition qui rassemble plus de 190 institutions publiques et privées, la BOAD se donne accès à un vaste réseau de coopération technique et financière. L’objectif est clair : contribuer à bâtir des systèmes alimentaires résilients, renforcer les chaînes de valeur agricoles et mobiliser des ressources additionnelles pour les programmes sociaux à fort impact. L’institution entend ainsi aligner son portefeuille d’investissements sur les priorités mondiales en matière de sécurité alimentaire, d’inclusion financière et de réduction de la pauvreté.
Selon ses dirigeants, cette alliance représente une opportunité stratégique pour accroître la visibilité internationale de la BOAD et consolider son influence sur les débats relatifs à la gouvernance alimentaire. Elle permettra également d’accélérer la diffusion des innovations et des bonnes pratiques issues du continent, dans un dialogue plus équilibré entre partenaires du Nord et du Sud.
Pour la région UEMOA, l’enjeu dépasse le symbole. L’Afrique de l’Ouest concentre une part importante des populations sous-alimentées du continent, malgré son potentiel agricole considérable. Le réchauffement climatique, la dégradation des sols et les tensions géopolitiques perturbent les filières de production et aggravent la précarité. Dans ce contexte, la participation de la BOAD à l’Alliance mondiale traduit la reconnaissance du rôle central que peuvent jouer les institutions financières régionales dans la stabilisation économique et la cohésion sociale.
Mais la mission ne sera pas simple. Le défi pour la banque dirigée par Serge Ekue consiste à conjuguer sa rigueur financière avec une approche plus sociale, sans compromettre son équilibre institutionnel. L’Alliance mondiale n’est pas un guichet de financement traditionnel : elle fonctionne comme un cadre de coordination où chaque membre est appelé à apporter non seulement des fonds, mais aussi des connaissances, des méthodes et une capacité d’action locale.
À travers cette démarche, la BOAD confirme sa transformation en une banque de développement plus inclusive, capable de répondre aux aspirations des populations et aux attentes des États. Son intégration à l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté réaffirme son rôle de levier stratégique pour la sécurité alimentaire et le développement humain en Afrique de l’Ouest.
Ce tournant marque un signal fort : la lutte contre la faim ne se gagne pas uniquement dans les champs ou les marchés, mais aussi dans les institutions financières capables de réinventer les priorités du financement du développement.
Patrick Tchounjo



