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Bourse de Casablanca : les bénéfices semestriels s’envolent à 2,53 milliards de dollars

Le premier semestre 2025 aura été historique pour la Bourse de Casablanca. Selon les derniers résultats publiés, les bénéfices consolidés des sociétés cotées se sont envolés de 48,2 %, atteignant 2,53 milliards de dollars. Ce bond remarquable témoigne d’une reprise vigoureuse de l’économie marocaine et du dynamisme retrouvé des grandes entreprises, dans un contexte régional encore marqué par la prudence monétaire et la volatilité mondiale.

Une performance portée par les piliers de la cote marocaine

La progression des bénéfices repose sur plusieurs facteurs convergents. Le secteur bancaire, véritable colonne vertébrale de la Bourse de Casablanca, a enregistré des résultats solides, soutenus par une amélioration du coût du risque et une progression maîtrisée du crédit. Les principales banques cotées, dont Attijariwafa Bank, Bank of Africa et Banque Centrale Populaire, ont affiché une croissance à deux chiffres de leurs revenus nets, profitant d’une hausse des marges d’intérêt dans un environnement de taux plus élevés.

Le secteur télécoms a également joué un rôle moteur. Le groupe Maroc Telecom a bénéficié d’un effet exceptionnel de 134 millions de dollars, lié à la restitution partielle d’un litige avec Wana Corporate, ce qui a dopé son résultat net et contribué significativement à la performance globale du marché. Ce gain non récurrent n’enlève rien à la solidité du modèle économique du groupe, qui continue de dominer le paysage télécom africain avec des filiales performantes dans plusieurs pays du continent.

Le secteur énergétique n’est pas en reste. Les sociétés pétrolières et minières, à l’image de TotalEnergies Marketing Maroc et de Managem, ont profité d’une conjoncture favorable et d’une hausse maîtrisée des volumes. L’intégration progressive des critères ESG dans la gouvernance des grandes entreprises marocaines contribue également à attirer des capitaux institutionnels plus stables, consolidant la crédibilité de la place casablancaise.

Une lecture macroéconomique favorable

Ce redressement spectaculaire s’explique aussi par la résilience de l’économie marocaine face aux chocs exogènes. La maîtrise de l’inflation, la stabilité du dirham et la politique prudente de Bank Al-Maghrib ont contribué à maintenir un cadre macroéconomique propice à la croissance des entreprises. Le Maroc continue d’attirer les investisseurs grâce à sa stabilité politique, sa gouvernance économique et la profondeur de ses réformes structurelles.

L’effet combiné de la reprise post-pandémie, de la hausse de la demande intérieure et de la bonne tenue du commerce extérieur a permis aux entreprises marocaines de retrouver des marges bénéficiaires solides. Cette performance boursière reflète aussi la confiance croissante des investisseurs locaux et internationaux dans les perspectives du marché financier marocain, considéré comme l’un des plus matures du continent africain.

Un marché boursier en quête de profondeur

Si la Bourse de Casablanca signe un semestre record, elle fait toujours face à un défi de taille : celui de la profondeur et de la liquidité. Malgré la solidité de ses fondamentaux, le marché reste concentré sur une poignée de grandes capitalisations, notamment dans la finance, les télécoms et l’énergie. Les PME, pourtant essentielles à la diversification économique, demeurent sous-représentées.

Pour les autorités financières, le chantier de la dynamisation du marché des capitaux reste prioritaire. Le plan « Casablanca Finance City » et les réformes du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) visent à attirer davantage d’entreprises à la cote et à renforcer la transparence. L’objectif est clair : transformer la Bourse de Casablanca en un véritable hub régional capable de rivaliser avec Johannesburg ou Lagos.

Des perspectives prudentes pour le second semestre

Malgré cette performance éclatante, les analystes demeurent prudents pour le second semestre. Les incertitudes liées à l’économie mondiale, à la trajectoire des taux d’intérêt et à la volatilité des marchés émergents pourraient peser sur les bénéfices futurs. Le maintien de la rentabilité dépendra aussi de la capacité des entreprises marocaines à maîtriser leurs coûts et à poursuivre leur diversification géographique et sectorielle.

Les perspectives restent néanmoins encourageantes. Le Maroc bénéficie d’une stabilité macroéconomique rare dans la région, d’une ouverture maîtrisée aux marchés internationaux et d’un secteur privé en pleine mutation numérique. Le dynamisme des fintechs, la transition énergétique et l’essor des infrastructures offrent un socle de croissance durable à moyen terme.

Casablanca consolide son statut de place financière régionale

Avec une capitalisation boursière avoisinant les 70 milliards de dollars, la Bourse de Casablanca demeure la première place financière du Maghreb et l’une des plus structurées du continent. Son intégration progressive dans les indices africains et émergents lui permet d’attirer une base d’investisseurs de plus en plus diversifiée.

Cette hausse spectaculaire des bénéfices semestriels à 2,53 milliards de dollars confirme le rôle stratégique de Casablanca comme hub financier africain et vitrine de la solidité économique marocaine. Elle symbolise aussi la montée en puissance d’un modèle économique combinant stabilité, réforme et ouverture.

Si le défi de la liquidité et de la diversification demeure, la tendance est claire : Casablanca s’impose comme un pilier du financement des économies africaines, un laboratoire de la modernisation financière et un point d’ancrage pour les investisseurs cherchant à conjuguer rendement et stabilité.

Patrick Tchounjo

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