BVMAC : 80 milliards FCFA de dividendes et intérêts versés en 2024, un signal fort pour le marché financier de la CEMAC

La Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) a confirmé en 2024 son rôle croissant dans la mobilisation de capitaux régionaux. Les investisseurs ont perçu près de 80 milliards FCFA au titre des dividendes et des intérêts, marquant une performance notable du marché obligataire et une consolidation de la confiance envers les instruments financiers régionaux.
Un marché obligataire en pleine expansion
La majorité des 80 milliards FCFA perçus provient du compartiment obligataire, qui a connu une progression constante ces dernières années. Ce dynamisme s’explique par la multiplication des émissions publiques et privées, la diversification des maturités et la montée en puissance d’investisseurs institutionnels à la recherche de placements stables et rémunérateurs.
La BVMAC confirme ainsi sa position de plateforme stratégique pour le financement des économies de la zone CEMAC, notamment à travers les obligations émises par les États, les institutions régionales et certaines entreprises. L’appétit des investisseurs pour ces titres reflète une recherche de sécurité et de rendement dans un environnement marqué par la prudence et la nécessité de financements longs pour les infrastructures.
Un compartiment actions encore en retrait
Si les obligations tirent la croissance du marché, le segment actions demeure en retrait. Le faible nombre de sociétés cotées, la rareté des introductions en bourse et la liquidité limitée freinent encore son développement. Les dividendes versés restent concentrés sur quelques entreprises, ce qui réduit l’impact global de ce segment sur les revenus totaux des investisseurs.
La BVMAC s’efforce néanmoins de renforcer ce compartiment à travers des initiatives visant à améliorer la transparence des sociétés cotées, la diffusion de l’information financière et la sensibilisation des entreprises à l’intérêt d’une cotation régionale. À long terme, la diversification du marché passera par une meilleure animation du compartiment actions et par l’émergence de champions locaux.
Des signaux encourageants pour les investisseurs
Le versement de 80 milliards FCFA en 2024 traduit la maturité croissante du marché financier régional. Pour les investisseurs, il confirme la viabilité du marché de la dette comme instrument de rendement régulier et sécurisé. Pour les émetteurs, il démontre la capacité de la BVMAC à mobiliser des capitaux dans un environnement régional encore marqué par des contraintes budgétaires.
Cette dynamique renforce également la crédibilité de la place financière de Douala, qui s’impose peu à peu comme le cœur du financement des économies de la CEMAC. Elle montre que la finance régionale n’est plus cantonnée à un rôle symbolique, mais qu’elle devient un levier réel de développement et d’intégration économique.
Une nouvelle phase à consolider
Malgré ces avancées, plusieurs défis demeurent : la nécessité d’élargir la base des investisseurs individuels, de renforcer la liquidité du marché, et d’accélérer la digitalisation des opérations pour en faciliter l’accès. L’enjeu est désormais de transformer la BVMAC en un véritable marché de croissance régionale, capable d’attirer davantage d’entreprises et d’épargnants.
L’année 2024 aura ainsi été celle de la consolidation et du rendement pour les investisseurs, mais aussi celle des perspectives pour les régulateurs et les émetteurs. Si la tendance se confirme, la BVMAC pourrait devenir un modèle d’intégration financière réussie en Afrique centrale, alliant stabilité, rendement et confiance.
Patrick Tchounjo



