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CEMAC : la BEAC anticipe un ralentissement de la croissance à 2,6 % en 2025

La Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) table sur un ralentissement de la croissance économique en zone CEMAC. Réuni le 29 septembre dernier à Yaoundé pour sa troisième session ordinaire de l’année, le Comité de Politique Monétaire (CPM) a livré des prévisions prudentes, dans un contexte marqué par la normalisation des marchés énergétiques mondiaux et les tensions budgétaires persistantes dans plusieurs États membres.

Selon le communiqué final, la BEAC prévoit une croissance du PIB réel de 2,6 % en 2025, contre 2,7 % en 2024. Cette décélération, légère mais significative, traduit l’essoufflement du secteur pétrolier et gazier, dont la contraction devrait atteindre –1,5 %, après –0,4 % un an plus tôt. En revanche, l’économie non pétrolière reste le principal moteur de la sous-région, avec une progression attendue de 3,2 %, soutenue par la reprise des services, la construction, l’agriculture et la transformation locale.

Cette dynamique différenciée illustre le double visage de l’économie de la CEMAC : d’un côté, la dépendance persistante aux revenus pétroliers, de l’autre, la résilience du secteur privé et des politiques d’investissement public qui tentent de diversifier la base productive. Pour la BEAC, le défi est désormais d’assurer une stabilité macroéconomique tout en accompagnant la reprise structurelle.

L’inflation, après avoir atteint 4,1 % en 2024, devrait reculer à 2,6 % en 2025, grâce à la normalisation des prix alimentaires et à une politique monétaire toujours prudente. Les autorités monétaires ont en effet choisi de maintenir inchangés les taux directeurs, tout en surveillant étroitement l’évolution des réserves de change et du taux de couverture extérieure, estimé à environ 73 %.

Mais la Banque centrale prévient : le contexte mondial reste incertain. La baisse attendue des prix du pétrole, les tensions géopolitiques et la lenteur des réformes structurelles dans certains États pourraient peser sur les perspectives de croissance à moyen terme. Pour consolider les acquis, la BEAC plaide pour une meilleure coordination des politiques budgétaires nationales et une accélération des projets régionaux, notamment dans les infrastructures et les marchés financiers intégrés.

Ainsi, la CEMAC s’engage sur une trajectoire de stabilité, mais sans véritable rebond. La résilience du secteur non pétrolier ne suffira à elle seule à compenser la vulnérabilité du modèle extractif. Seule une diversification effective et un financement accru de l’économie réelle permettront de transformer la légère décélération actuelle en une croissance inclusive et durable.

Patrick Tchounjo

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