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Inclusion financière : Le microcrédit au cœur des ambitions de l’UMOA et de la CEMAC en 2025

En ce début 2025, l’inclusion financière reste une priorité stratégique pour la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC), en collaboration avec la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). Dans l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) et la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), le microcrédit et les services financiers innovants s’imposent comme des leviers pour réduire l’exclusion bancaire et stimuler l’économie locale. Si l’UMOA affiche des avancées significatives, la CEMAC progresse plus lentement, freinée par des défis structurels.

L’UMOA : Une dynamique bien engagée

Dans les huit pays de l’UMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), la BCEAO a fait de l’inclusion financière un pilier de sa stratégie. Selon son rapport annuel 2022, environ 47 % des adultes disposaient d’un compte financier (bancaire ou mobile), un chiffre qui a grimpé à 55 % fin 2023 grâce à l’essor de l’argent mobile. Pour 2025, les projections internes de la BCEAO visent un taux de 65 %, porté par des partenariats avec des opérateurs comme Orange Money et MTN.

Le microcrédit joue un rôle clé dans cette progression. En 2022, les institutions de microfinance (IMF) de l’UMOA ont distribué 3 200 milliards de FCFA de crédits, selon les statistiques de la BCEAO, un volume qui a likely augmenté en 2024 avec l’expansion des réseaux d’IMF. Ces prêts, souvent inférieurs à 500 000 FCFA, ciblent les petits commerçants, agriculteurs et femmes entrepreneures, des segments historiquement exclus des circuits bancaires traditionnels. Par exemple, au Burkina Faso, le Programme d’Appui au Développement des Économies Locales (PADEL), soutenu par la BCEAO, a permis de financer plus de 50 000 microprojets entre 2020 et 2023.

La BCEAO encadre ces efforts via la Commission Bancaire de l’UMOA, qui supervise les IMF pour garantir leur viabilité. Depuis 2019, un règlement régional harmonisé exige des IMF un capital minimum de 50 millions de FCFA, renforçant leur solidité tout en élargissant leur portée. En 2025, l’objectif est clair : atteindre 70 % de la population bancarisée d’ici 2030, comme stipulé dans la Stratégie Régionale d’Inclusion Financière de l’UEMOA adoptée en 2016.

La CEMAC : Des progrès timides mais réels

Dans la CEMAC (Cameroun, Centrafrique, Tchad, Guinée Équatoriale, Gabon, Congo), l’inclusion financière avance à un rythme plus mesuré. Selon le rapport 2023 de la BEAC, seuls 30 % des adultes avaient accès à un compte financier fin 2022, un taux qui a probablement atteint 35 % en 2024 avec la montée des services numériques. La COBAC, chargée de la supervision bancaire, encourage les banques commerciales à développer des offres de microcrédit, mais les résultats restent limités.

En 2022, les IMF de la CEMAC ont accordé environ 800 milliards de FCFA de microcrédits, un montant bien inférieur à celui de l’UMOA, reflétant une moindre densité d’institutions et une couverture géographique restreinte. Le Cameroun, moteur économique de la région, concentre 40 % de ce volume, selon les données de la BEAC. Des initiatives comme le Projet d’Appui à la Microfinance (PAMIF), financé par la Banque Africaine de Développement jusqu’en 2023, ont permis de former 200 IMF et de financer 30 000 bénéficiaires, mais les zones rurales restent largement sous-desservies.

La COBAC a introduit en 2020 un cadre réglementaire pour les IMF, fixant un capital minimum de 100 millions de FCFA, dans le but de renforcer leur résilience. Cependant, les infrastructures limitées – routes, électricité, réseaux télécoms – freinent l’expansion de ces services dans des pays comme la Centrafrique ou le Tchad, où moins de 20 % de la population est bancarisée.

Un levier pour l’économie informelle

Dans les deux zones, le microcrédit cible l’économie informelle, qui représente 80 % des emplois selon la Banque mondiale (2023). En UMOA, les femmes, qui constituent 60 % des clients des IMF d’après la BCEAO, utilisent ces fonds pour des activités comme le commerce de détail ou l’agriculture. Dans la CEMAC, des programmes pilotes au Gabon et au Cameroun, soutenus par la BEAC, ont financé des coopératives agricoles avec des prêts allant jusqu’à 1 million de FCFA par groupe.

La digitalisation amplifie cet impact. En 2023, les transactions via argent mobile dans l’UMOA ont atteint 15 000 milliards de FCFA (BCEAO), facilitant les remboursements et les demandes de microcrédit en ligne. Dans la CEMAC, ce volume était de 2 500 milliards de FCFA, un écart qui reflète la différence de pénétration technologique entre les deux régions.

Défis persistants

Malgré ces avancées, des obstacles subsistent. En UMOA, le taux d’endettement des clients des IMF a grimpé à 15 % en 2022, signalant un risque de surendettement. La BCEAO a renforcé les contrôles pour éviter les dérives, mais l’éducation financière reste insuffisante. Dans la CEMAC, la faiblesse des infrastructures et l’instabilité politique dans certains pays limitent l’accès aux services, tandis que le coût élevé des crédits (taux d’intérêt souvent supérieurs à 20 %) décourage les emprunteurs.

Une ambition à long terme

En 2025, l’UMOA et la CEMAC poursuivent leurs efforts pour rapprocher la banque des citoyens. La BCEAO vise à doubler le volume de microcrédits d’ici 2030, tandis que la COBAC et la BEAC travaillent à un plan régional pour porter le taux de bancarisation à 50 % d’ici 2027. Ces ambitions, ancrées dans des cadres réglementaires solides et des partenariats avec le secteur privé, pourraient transformer les économies locales, à condition de surmonter les barrières structurelles.

Mérimé Wilson

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