UEMOA : la troisième session ordinaire du Conseil des ministres se tient à Dakar sous le signe de la stabilité et de l’intégration économique

La troisième session ordinaire du Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a débutée ce lundi 6 octobre 2025, au siège de la BCEAO à Dakar. Cette rencontre de haut niveau, présidée par Dr Aboubakar Nacanabo, ministre de l’économie et des finances du Burkina Faso a réuni les huit pays membres de l’Union au tour des grands enjeux macroéconomiques, financiers et institutionnels qui conditionnent la stabilité de la région.
Ce rendez-vous, tenu dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques et des défis économiques persistants, avait pour objectif d’évaluer la mise en œuvre des réformes économiques régionales, d’examiner la situation budgétaire des États membres et de renforcer la coordination des politiques publiques dans l’espace communautaire.
Une conjoncture marquée par la résilience malgré les incertitudes
Selon les échanges à l’issue de la session, le Conseil des ministres a salué la résilience des économies de l’UEMOA, dont la croissance reste projetée à 5,8 % pour l’année 2025, portée par la vigueur du secteur agricole, la reprise des services et la poursuite des investissements publics dans les infrastructures et l’énergie.
La stabilité des prix demeure une priorité, alors que la BCEAO projette une inflation moyenne autour de 2,3 %, bien en dessous du seuil communautaire de 3 %. Cette tendance traduit la maîtrise progressive des tensions inflationnistes observées en 2023 et 2024, sous l’effet conjugué de la baisse des prix internationaux de l’énergie et du renforcement des capacités locales de production vivrière.
Des priorités financières et institutionnelles au cœur des discussions
Les ministres de l’Économie et des Finances ont examiné plusieurs dossiers clés, notamment la consolidation budgétaire et la soutenabilité de la dette publique. Le Conseil a encouragé les États à maintenir leurs efforts de discipline budgétaire tout en soutenant la relance de l’investissement productif.
La réunion a également abordé la question de la mobilisation des ressources internes et du financement des économies dans un contexte de ralentissement des flux extérieurs. Le développement du marché financier régional, notamment à travers les émissions d’obligations souveraines sur le marché de l’UMOA-Titres, a été salué comme un levier majeur de souveraineté économique.
Sur le plan institutionnel, le Conseil a réaffirmé son engagement à renforcer la gouvernance économique et à accélérer la mise en œuvre du Programme de convergence entre les États membres, condition indispensable à la stabilité monétaire et à la future intégration monétaire approfondie de la région.
Vers une intégration économique plus inclusive
La session de Dakar a été l’occasion de rappeler la nécessité d’une croissance inclusive, tirée par l’investissement privé, l’innovation et le numérique. Les ministres ont notamment insisté sur la consolidation du Programme régional d’inclusion financière 2025-2030, déjà validé lors de la première session de l’année, et sur le déploiement du nouveau système de paiements instantanés PI-SPI, récemment autorisé par la BCEAO.
Cette dynamique traduit une ambition claire : faire de l’UEMOA un espace économique plus intégré, plus compétitif et capable d’absorber les chocs extérieurs. À cet égard, le rôle de la BCEAO est apparu central, tant dans la régulation du système financier que dans la promotion de l’innovation monétaire.
Un message de confiance dans la stabilité régionale
En clôturant les travaux, le président en exercice du Conseil des ministres, représentant le Burkina Faso, a souligné la nécessité de préserver la stabilité macroéconomique et d’intensifier la coopération entre les pays membres. Il a insisté sur l’importance de renforcer la résilience des économies face aux chocs exogènes, notamment les fluctuations des matières premières et les tensions sécuritaires dans certaines zones de l’Union.
La troisième session ordinaire du Conseil des ministres de l’UEMOA aura donc confirmé la solidité du cadre institutionnel régional et la volonté partagée des États membres de poursuivre leur intégration.
Dakar, siège symbolique de la BCEAO, s’impose une fois de plus comme le cœur décisionnel de la stabilité monétaire ouest-africaine et le lieu où s’écrit, année après année, l’avenir économique d’une union résolument tournée vers la convergence et la modernisation.
Patrick Tchounjo



