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BAD : Moody’s confirme la note Aaa et salue la résilience financière de la Banque africaine de développement

L’agence de notation Moody’s Investors Service a confirmé la note de crédit Aaa de la Banque africaine de développement (BAD), avec une perspective stable, réaffirmant ainsi la solidité structurelle et la gouvernance exemplaire de l’institution panafricaine. Cette évaluation place la BAD parmi les institutions multilatérales les plus sûres au monde, au même rang que la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement.

Selon Moody’s, cette décision reflète « la qualité exceptionnelle du capital de la BAD, la solidité du soutien de ses actionnaires et la rigueur de sa gestion du risque ». L’agence note que la Banque conserve un profil de liquidité élevé, une base de capital robuste et un portefeuille d’actifs diversifié, en dépit d’un environnement macroéconomique africain marqué par les tensions budgétaires, les chocs climatiques et les incertitudes géopolitiques mondiales.

Une gestion du risque jugée exemplaire

Moody’s salue la prudence de la BAD dans sa gestion du risque, en particulier dans la sélection et le suivi de ses prêts souverains et non souverains. L’institution a maintenu un ratio de capitalisation supérieur à la moyenne du secteur, tout en limitant son exposition à la dette à risque.

L’agence souligne également le rôle des garanties souveraines et le soutien constant des pays membres, notamment des actionnaires non régionaux tels que le Japon, les États-Unis, le Canada, la France et l’Allemagne, qui renforcent la confiance du marché dans la stabilité de la banque.

Cette solidité structurelle permet à la BAD de lever des fonds à des conditions particulièrement avantageuses sur les marchés internationaux, contribuant à financer ses projets de développement à long terme dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, des infrastructures et de la finance durable.

Une institution stratégique pour le continent africain

Créée en 1964, la Banque africaine de développement est aujourd’hui l’un des piliers du financement du développement en Afrique. Basée à Abidjan, elle regroupe 81 pays membres, dont 54 africains. Sous la présidence du Dr Akinwumi Adesina, la BAD a renforcé son positionnement stratégique autour de cinq priorités clés : électrifier l’Afrique, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains.

En 2024, la BAD a approuvé pour plus de 10 milliards de dollars d’engagements, répartis entre investissements publics et partenariats privés. Sa gestion prudente et sa capacité d’innovation financière — notamment à travers les obligations vertes et les mécanismes de garantie mixte — ont permis d’attirer de nouveaux investisseurs institutionnels et d’accroître son influence dans la gouvernance financière mondiale.

Une crédibilité renforcée sur les marchés de capitaux

La confirmation du triple A intervient dans un contexte mondial marqué par une forte volatilité des marchés et un durcissement des conditions d’emprunt. Pour la BAD, conserver la note maximale est un atout majeur. Elle lui permet d’émettre des obligations à faible coût, d’accéder à une base d’investisseurs élargie et de maintenir un effet de levier optimal pour financer les économies africaines.

Cette crédibilité se traduit par un volume record d’émissions obligataires. En 2024, la BAD a levé plus de 7 milliards de dollars sur les marchés internationaux, notamment à travers ses programmes d’obligations durables et sociales. Ces ressources servent à soutenir des projets d’impact mesurable : électrification rurale, sécurité alimentaire, autonomisation des femmes et adaptation au changement climatique.

Un signal fort pour les partenaires africains et internationaux

La décision de Moody’s intervient à un moment crucial où la BAD joue un rôle croissant dans la mobilisation de financements innovants pour l’Afrique. En obtenant le maintien de sa note Aaa, la Banque confirme sa position de partenaire de confiance pour les États africains et les institutions financières mondiales.

Pour le président Akinwumi Adesina, cette reconnaissance est « un vote de confiance dans la gouvernance, la transparence et la solidité financière de la BAD, mais surtout dans la trajectoire économique de l’Afrique ». Il a ajouté que cette notation permettra à la Banque de poursuivre ses efforts pour « transformer les économies africaines de manière durable, inclusive et résiliente ».

Une institution modèle dans un environnement incertain

À l’heure où plusieurs pays africains sont confrontés à une montée des risques de surendettement, la BAD apparaît comme un acteur stabilisateur et crédible. Son modèle prudent de financement, combiné à son expertise sectorielle et à sa discipline budgétaire, lui confère une place unique dans l’écosystème du développement.

La confirmation de la note Aaa par Moody’s réaffirme cette confiance. Elle envoie un message clair aux investisseurs : la Banque africaine de développement reste une institution financière solide, rigoureusement gérée et essentielle à la croissance durable du continent.

Patrick Tchounjo

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