Le marché des valeurs du Trésor gagne en transparence et en professionnalisation en zone CEMAC

Le marché des valeurs du Trésor en zone CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) poursuit sa mutation vers plus de transparence, d’efficacité et de professionnalisation. Sous l’impulsion conjointe de la BEAC et du CREPMF, la région franchit une nouvelle étape dans la modernisation de ses mécanismes de financement public.
Un marché en pleine expansion et mieux organisé
Le marché des valeurs du Trésor en zone CEMAC continue de prendre de l’ampleur et de gagner en transparence.
Au 30 juin 2025, 66,3 % des titres publics étaient détenus par les Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT), selon la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). Les investisseurs institutionnels, tels que les compagnies d’assurances et les fonds de pension, en détenaient 17,1 %, tandis que les banques non spécialisées et les particuliers complétaient le reste.
Cette répartition témoigne d’une professionnalisation croissante et d’une meilleure organisation du marché, où les acteurs spécialisés jouent désormais un rôle central dans la structuration et la liquidité des émissions publiques.
Un marché plus structuré et régulé
Depuis la mise en œuvre des réformes initiées en 2021, les émissions de titres publics — bons et obligations du Trésor — s’effectuent désormais selon des procédures harmonisées et des calendriers publiés à l’avance. Les États membres (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA, Guinée équatoriale) bénéficient d’une meilleure visibilité sur leurs conditions d’accès au marché, tandis que les investisseurs institutionnels disposent de données fiables pour orienter leurs stratégies.
La BEAC, en sa qualité d’autorité monétaire, renforce les exigences en matière de reporting et de transparence afin d’améliorer la confiance et la liquidité sur le marché secondaire. Les acteurs bancaires se professionnalisent dans la gestion des portefeuilles de titres souverains, désormais considérés comme un instrument stratégique de gestion de trésorerie et de placement à faible risque.
Un levier d’intégration financière régionale
Cette dynamique de modernisation vise aussi à accroître l’intégration financière au sein de la CEMAC, en créant un écosystème commun de financement des États. L’objectif : attirer de nouveaux investisseurs, renforcer la crédibilité budgétaire et favoriser une allocation plus efficiente de l’épargne régionale.
L’amélioration de la notation des émissions, la digitalisation des adjudications et l’introduction progressive des teneurs de marché primaires illustrent cette montée en gamme. Ces innovations rapprochent la CEMAC des standards observés sur le marché UMOA-Titres, souvent cité en référence sur le continent.
Une étape clé pour la crédibilité financière régionale
En professionnalisant son marché des titres publics, la CEMAC cherche à consolider la discipline budgétaire de ses États membres et à réduire leur dépendance aux financements extérieurs. À terme, ce renforcement institutionnel devrait contribuer à accroître la stabilité financière, soutenir la croissance et rendre la région plus attractive pour les investisseurs.
Cette transformation, discrète mais profonde, positionne le marché des valeurs du Trésor comme un pilier de la souveraineté financière en Afrique centrale.
Patrick Tchounjo



