RDC : 50 millions USD injectés, les banques appelées à stabiliser la monnaie nationale

Les autorités monétaires congolaises ont procédé à une injection de 50 millions de dollars américains sur le marché interbancaire afin de stabiliser le franc congolais et freiner sa dépréciation. Cette mesure vise à soutenir la liquidité en devises et à préserver l’équilibre financier dans un contexte marqué par la hausse des importations et une demande accrue en dollars.
Selon plusieurs sources économiques, cette décision s’inscrit dans le cadre d’une stratégie visant à maintenir la stabilité des prix et à rassurer les marchés. Elle intervient alors que le taux de change a atteint de nouveaux sommets sur le marché parallèle, conséquence directe d’une forte demande en devises et d’un ralentissement des recettes d’exportation.
Une réponse à la volatilité du marché des changes
Depuis le début de l’année, le franc congolais subit une pression continue liée à l’augmentation des importations de produits essentiels, à la demande élevée de devises étrangères et au recul des exportations minières. L’injection de liquidités vise à rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande de dollars, à réduire la spéculation et à stabiliser les prix.
Cette action s’accompagne d’un suivi renforcé du secteur financier, notamment dans la gestion des réserves et la régulation du taux de change appliqué aux opérations interbancaires.
Une politique monétaire prudente mais déterminée
Cette intervention traduit une politique monétaire défensive, mais maîtrisée. Malgré un environnement économique instable, marqué par la volatilité du cuivre et du cobalt, le pays dispose encore d’une marge de manœuvre grâce à ses réserves de change estimées à 6,1 milliards de dollars, soit l’équivalent de trois mois d’importations.
Ce niveau de réserves confère une certaine capacité d’action pour atténuer les chocs extérieurs et stabiliser le marché des changes. Selon des économistes à Kinshasa, cette opération de 50 millions USD reflète la volonté des autorités de freiner les anticipations inflationnistes et de protéger le pouvoir d’achat des ménages.
Le franc congolais sous tension, mais une stabilité progressive
Malgré la mise en œuvre de ces mesures, le franc congolais reste sous pression. Depuis le début de l’année, la monnaie nationale a perdu près de 12 % de sa valeur sur le marché parallèle. Cette dépréciation traduit la forte dépendance de l’économie congolaise à ses exportations minières et le manque de diversification de ses recettes en devises.
Les autorités affirment cependant que la situation demeure sous contrôle. La coordination entre la politique monétaire et la politique budgétaire, combinée à un renforcement des réserves et à une surveillance accrue du marché interbancaire, devrait permettre de limiter la volatilité du taux de change au cours des prochains mois.
Une stratégie tournée vers la confiance et la stabilité
À moyen terme, le pays mise sur une restauration durable de la confiance dans sa monnaie à travers la maîtrise de l’inflation, la diversification de ses revenus extérieurs et la modernisation de ses outils monétaires. Des réformes structurelles sont également en cours pour améliorer la circulation interbancaire, favoriser la digitalisation financière et renforcer la transparence des opérations de change.
Les autorités économiques prévoient de stimuler les exportations non minières et de promouvoir le rapatriement des devises issues du commerce extérieur afin de réduire la dépendance au dollar et d’accroître la résilience du franc congolais.
Cette injection de 50 millions USD apparaît ainsi comme un signal fort de stabilité et de fermeté. Elle traduit la volonté de maintenir un équilibre entre rigueur monétaire et soutien à l’économie réelle, dans un contexte où la confiance des investisseurs et la stabilité du marché restent essentielles à la croissance.
Patrick Tchounjo



