Marchés & Financements

Burkina Faso : 32,99 milliards FCFA levés sur le marché régional, un signal de confiance et de crédibilité

le Trésor public burkinabè a réalisé une performance notable en levant 32,99 milliards FCFA sur le marché régional des titres publics de l’UMOA, avec un taux de couverture de 141 %. Cette opération, qui a suscité un fort engouement des investisseurs, illustre la résilience financière du Burkina Faso dans un environnement marqué par des défis économiques et sécuritaires persistants.

Un marché régional de plus en plus stratégique

Au sein de l’Union Monétaire Ouest Africaine, le marché des titres publics est devenu en quelques années un levier majeur de financement pour les États. Face à la contraction de l’aide extérieure et à la volatilité des recettes fiscales, ces émissions permettent aux Trésors nationaux de mobiliser des ressources à coût compétitif tout en approfondissant la finance régionale.

Le Burkina Faso n’échappe pas à cette logique. En recourant régulièrement au marché régional, le pays consolide son image de signature fiable, malgré un contexte budgétaire tendu. Ce succès traduit une confiance renouvelée des investisseurs institutionnels – notamment les banques commerciales, compagnies d’assurance et fonds de pension – dans la capacité du pays à honorer ses engagements.

Une stratégie de financement diversifiée et prudente

Pour cette levée, le Trésor a opté pour une palette d’échéances équilibrée : des Bons Assimilables du Trésor (BAT) à un an, et des Obligations Assimilables du Trésor (OAT) à trois, cinq et sept ans. Les taux moyens de rendement varient entre 6,76 % et 7,48 %, un niveau considéré comme attractif mais maîtrisé, traduisant une politique d’endettement raisonnée.

Cette stratégie vise à lisser le profil de remboursement de la dette publique et à réduire les risques de refinancement à court terme. Elle s’inscrit dans la continuité de la stratégie nationale de gestion de la dette, orientée vers une plus grande prévisibilité et une optimisation du coût moyen du service de la dette.

Des signaux encourageants sur la confiance des investisseurs

Selon les données les plus récentes de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), 66,3 % de l’encours des titres publics dans l’espace UEMOA sont aujourd’hui détenus par les Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT), contre 17,1 % pour les investisseurs institutionnels non bancaires. Les particuliers et les banques non spécialisées se partagent le reste.
Cette répartition démontre la maturité croissante du marché régional et la professionnalisation des acteurs. Les SVT jouent désormais un rôle structurant dans la distribution, l’animation et la liquidité du marché secondaire, contribuant à renforcer la transparence et la profondeur financière de l’UEMOA.

Pour le Burkina Faso, cette montée en puissance du marché régional représente une opportunité majeure. La confiance affichée par les investisseurs traduit leur perception d’un risque souverain contenu, soutenu par la stabilité du cadre monétaire garanti par la BCEAO et par une discipline budgétaire progressivement restaurée.

Des défis persistants mais une trajectoire maîtrisée

Certes, le pays demeure confronté à plusieurs défis : une pression sécuritaire élevée dans certaines régions, une dépendance encore marquée à l’aide extérieure, et des besoins d’infrastructures colossaux pour soutenir la croissance et la cohésion territoriale.
Mais sur le plan macroéconomique, les signaux restent encourageants. Les prévisions tablent sur une croissance du PIB autour de 5 % en 2025, tirée par la reprise du secteur minier, la vigueur de l’agriculture et la poursuite des grands chantiers publics.

La gestion prudente de la dette et la mobilisation efficace de ressources internes et régionales demeurent au cœur de la stratégie de financement du gouvernement. En consolidant son accès au marché régional, le Burkina Faso démontre sa volonté de s’approprier ses leviers de souveraineté financière et de réduire sa vulnérabilité aux chocs extérieurs.

Un modèle de résilience pour l’UEMOA

Cette opération réussie confirme la dynamique de résilience financière observée au sein de l’UEMOA. À l’heure où les États cherchent à concilier croissance, discipline budgétaire et inclusion financière, la montée en puissance du marché régional des titres publics illustre la pertinence d’une intégration financière maîtrisée.

Le Burkina Faso, à travers la rigueur de son Trésor et la confiance qu’il inspire, s’impose ainsi comme l’un des exemples les plus éloquents de gestion souveraine pragmatique en Afrique de l’Ouest.

Patrick Tchounjo

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