Enko Capital boucle 100 millions de dollars pour son fonds de crédit privé : un catalyseur de financement pour les entreprises africaines

Enko Capital, fondé en 2008 par les frères Alain et Cyrille Nkontchou, est une société de gestion d’actifs axée sur l’Afrique, spécialisée dans les investissements en dette, en capital et en capital-investissement à travers le continent, avec un Capital de plus de 760 millions de dollars.
Enko Capital a réalisé la première clôture à 100 millions de dollars de son fonds de crédit privé dédié à l’Afrique, avec un objectif porté à 150 millions de dollars pour la clôture finale. Cette étape confirme l’appétit des investisseurs institutionnels pour la dette privée sur le continent et ouvre une nouvelle capacité d’octroi de financements en dollars à des entreprises de taille intermédiaire, un segment souvent pénalisé par la rareté et le coût du capital.
Le tour de table de cette première clôture réunit des investisseurs de développement et des institutionnels internationaux aux côtés d’épargnants africains, signe d’un alignement croissant entre capitaux locaux et capitaux à impact pour soutenir la croissance. La diversité de la base d’engagements renforce la résilience des décaissements, sécurise la durée des financements et réduit la cyclicité des levées futures.
La stratégie d’investissement cible des prêts en dollars, seniors sécurisés ou non sécurisés, orientés vers des entreprises établies et en expansion en Afrique subsaharienne. Le positionnement privilégie des structures financières capables d’accélérer des plans de croissance, de financer des besoins de fonds de roulement et des projets d’investissement tout en imposant des standards élevés de conformité, de gouvernance des risques et de reporting d’impact. Ce choix répond à une contrainte récurrente du marché où les banques commerciales restent prudentes sur les maturités longues, tandis que les marchés obligataires domestiques manquent encore de profondeur pour servir rapidement les besoins des ETI.
L’ancrage opérationnel s’appuie sur une plateforme disposant d’une expérience multi-stratégies en dette et en capital sur le continent. La masse critique acquise facilite la syndication, la sélection de dossiers transfrontaliers et la standardisation des documents de crédit, ce qui réduit les frictions de transaction et accélère le time-to-cash pour les emprunteurs. Les processus de due diligence intègrent des volets ESG, des analyses de chaîne d’approvisionnement et des stress tests de liquidité afin de calibrer des covenants adaptés aux cycles sectoriels.
Au plan macrofinancier, l’essor du crédit privé africain porte trois effets attendus. Le premier est un effet de substitution à des financements court terme plus coûteux, qui améliore la structure bilancielle des entreprises et leur capacité à investir contre cycle. Le deuxième est un effet de signal au marché bancaire et aux investisseurs locaux susceptibles de se positionner en cofinancement, augmentant la taille moyenne des tickets et la diversification sectorielle. Le troisième est un effet de gouvernance, l’exigence de transparence et d’audits contribuant à élever les standards de gestion et à faciliter l’accès futur à la notation et aux marchés de capitaux régionaux.
La capacité d’exécution sera déterminante pour convertir cette première clôture en impact réel. La robustesse du sourcing, la qualité des due diligences opérationnelles, la gestion active des risques de change et la structuration de maturités compatibles avec les profils de trésorerie sectoriels seront les leviers critiques. La mise en place de mécanismes de couverture, de réserves de service de la dette et de clauses de remédiation renforcera la résilience des portefeuilles face aux chocs externes.
L’annonce intervient dans un cycle où la demande de financement en dollars demeure élevée pour les investissements productifs et la croissance régionale. La convergence entre investisseurs d’impact, fonds de pension africains, family offices et institutionnels internationaux accroît la prévisibilité des appels de fonds et solidifie les perspectives de la clôture finale à 150 millions de dollars. Si cette trajectoire se confirme, le véhicule d’Enko Capital pourrait devenir une référence pour l’intermédiation de dettes privées transfrontalières en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, avec un effet d’entraînement sur l’industrialisation des chaînes de valeur et l’emploi.
Patrick Tchounjo



