Marchés & Financements

Le Sénégal séduit à nouveau les marchés régionaux en levant 33 milliards FCFA sur le marché financier de l’UMOA

Le Trésor public sénégalais a démontré une fois de plus la solidité de sa signature sur le marché financier régional. À l’issue de son opération du 11 octobre 2025, le pays a levé 33 milliards de FCFA, soit un montant supérieur à son objectif initial de 30 milliards, confirmant la confiance persistante des investisseurs dans l’économie sénégalaise.

Une opération sursouscrite, signe d’un marché confiant

Selon les résultats publiés par l’Agence UMOA-Titres, la demande globale a atteint près de 53,8 milliards FCFA, soit un taux de couverture de 179 %. Cette forte mobilisation des investisseurs institutionnels – essentiellement des banques et sociétés de gestion régionales – illustre l’appétit des marchés pour la dette souveraine sénégalaise, souvent perçue comme l’une des plus sûres et les mieux notées de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Cette opération mixte portait sur des bons assimilables du Trésor (BAT) de 364 jours et des obligations assimilables du Trésor (OAT) de 3 et 5 ans. Les rendements moyens pondérés se sont établis à 7,21 % pour les BAT, 7,71 % pour les OAT à 3 ans et 7,49 % pour celles à 5 ans, des niveaux en ligne avec la tendance régionale marquée par un resserrement progressif des conditions monétaires.

Un refinancement stratégique dans un contexte régional exigeant

Dans un environnement régional caractérisé par des tensions sur la liquidité bancaire et une politique monétaire prudente, la performance du Sénégal confirme sa capacité à mobiliser des ressources domestiques à des conditions maîtrisées.
Alors que plusieurs États de la zone UEMOA peinent à atteindre leurs objectifs d’émission, le Trésor sénégalais bénéficie d’un historique de régularité et de transparence dans la gestion de sa dette publique, renforçant la confiance des investisseurs.

Cette réussite traduit également une stratégie de gestion active de la dette, orientée vers le refinancement des maturités courtes et la diversification des sources de financement, tout en limitant le recours aux marchés extérieurs plus coûteux.
Dakar cherche à maintenir une trajectoire d’endettement soutenable, dans un contexte où la dette publique tourne autour de 68 % du PIB, un niveau que les autorités jugent encore gérable au regard des perspectives de croissance et des investissements structurants en cours.

Le marché régional, pilier de la souveraineté financière

Depuis plusieurs années, le Sénégal s’impose comme l’un des émetteurs les plus dynamiques du marché financier régional. En 2024, le pays avait levé plus de 900 milliards FCFA via des émissions régulières, contribuant à financer des projets d’infrastructures, d’énergie et de protection sociale.
L’intégration financière croissante au sein de l’UEMOA permet désormais aux États membres de mobiliser une épargne régionale en pleine expansion, tout en réduisant leur dépendance vis-à-vis des bailleurs internationaux.

Pour les investisseurs, les titres sénégalais offrent un couple rendement/risque attractif. Le pays bénéficie d’un cadre macroéconomique relativement stable, d’une inflation maîtrisée et d’une politique budgétaire orientée vers la consolidation, sous la supervision du FMI. La récente émission confirme ainsi la profondeur du marché et la crédibilité de la signature sénégalaise.

Une confiance renforcée malgré les incertitudes globales

Alors que la conjoncture mondiale reste marquée par la volatilité des taux d’intérêt et les tensions géopolitiques, le Sénégal affiche une résilience notable. La demande soutenue pour ses titres traduit non seulement la solidité de ses fondamentaux économiques, mais aussi la confiance dans ses perspectives de croissance, portées par le développement du secteur énergétique, des infrastructures et du numérique.

Cette performance renforce la position du Sénégal comme acteur de référence sur le marché financier de l’UEMOA, où la discipline budgétaire et la qualité de la gouvernance économique deviennent des critères essentiels d’attractivité.

Patrick Tchounjo

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