UMOA-Titres / Mali : Les investisseurs confirment leur confiance malgré la crise du carburant

Malgré un contexte économique tendu marqué par une pénurie persistante de carburant, le Mali continue d’inspirer confiance aux investisseurs régionaux. Le 29 octobre 2025, le Trésor public malien a en effet réussi à mobiliser 30,05 milliards FCFA (environ 46,5 millions d’euros) sur le marché régional des titres publics, à travers une émission simultanée de Bons et d’Obligations Assimilables du Trésor (BAT/OAT) organisée par UMOA-Titres.
Cette opération, inscrite dans le calendrier annuel d’émissions du Trésor malien, intervient dans un contexte où la vie économique nationale subit les répercussions d’une crise du carburant qui dure depuis plusieurs semaines. Entre files interminables aux stations, ralentissement de la logistique et tension sur les prix des denrées, la situation pèse sur l’activité économique et sur les recettes publiques. Pourtant, la réussite de cette émission démontre la résilience budgétaire du pays et la confiance persistante des investisseurs institutionnels.
Une demande soutenue malgré les tensions économiques
Selon les données provisoires publiées par UMOA-Titres, les souscriptions ont largement couvert le montant recherché, confirmant l’appétit des investisseurs régionaux pour la dette souveraine malienne. Ces bons résultats traduisent l’ancrage du Mali dans une stratégie de financement domestique maîtrisée, privilégiant le marché régional pour soutenir la relance économique et le financement des projets structurants.
« Cette performance témoigne d’une crédibilité intacte du Mali sur le marché financier régional », estime un analyste d’Abidjan. « Les investisseurs font la différence entre les défis conjoncturels internes, comme la crise énergétique, et la solidité des fondamentaux macroéconomiques du pays. »
Une stabilité financière renforcée par la discipline budgétaire
Depuis 2023, les autorités maliennes ont engagé un rééquilibrage progressif des finances publiques, marqué par un meilleur pilotage de la dette et une rationalisation des dépenses courantes. Le recours aux émissions de titres publics à court et moyen terme (BAT et OAT) s’inscrit dans une logique de diversification des instruments de financement et de maîtrise du coût de la dette.
Les Bons du Trésor, généralement à maturité courte, permettent de répondre à des besoins temporaires de trésorerie, tandis que les Obligations Assimilables du Trésor visent à financer des projets à plus long terme, notamment dans les infrastructures et les services publics. Cette combinaison permet au Trésor malien d’ajuster sa stratégie d’endettement selon l’évolution du marché et des conditions économiques.
Un signal positif pour le marché régional UMOA
La réussite du Mali s’inscrit dans un contexte de redynamisation du marché régional UMOA-Titres, marqué par un retour de confiance des investisseurs au second semestre 2025. Après une première moitié d’année marquée par des tensions sur les liquidités bancaires et la hausse des taux, plusieurs pays — notamment le Togo, le Bénin et la Côte d’Ivoire — ont enregistré des levées excédant leurs objectifs, signe d’un rebond de la demande institutionnelle.
Le Mali rejoint ainsi cette tendance, confirmant que la crise énergétique locale n’a pas entamé sa signature souveraine. Pour les acteurs financiers, cette opération traduit aussi la capacité du pays à garder le cap sur ses engagements budgétaires et à maintenir la confiance du marché régional, même dans une période d’incertitude.
Une perspective de consolidation
Avec un encours de dette intérieure maîtrisé et des ratios de soutenabilité encore en dessous des seuils d’alerte, le Mali dispose d’une marge de manœuvre pour poursuivre sa stratégie d’émissions régulières. Le défi principal reste désormais de préserver la stabilité macroéconomique dans un environnement marqué par la hausse des prix de l’énergie et les tensions géopolitiques régionales.
Cette levée réussie de 30,05 milliards FCFA constitue donc un signal fort adressé au marché régional : le Mali reste une signature fiable, capable d’attirer la confiance malgré les turbulences internes. Dans une UEMOA en quête de stabilité et d’harmonisation budgétaire, Bamako rappelle qu’une gestion rigoureuse et une communication claire avec les marchés demeurent les meilleurs atouts d’un État emprunteur.
Patrick Tchounjo



